De l’usage politique des médias publics

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Le propre du média n’est pas la neutralité, soit, mais un média public devrait au moins chercher à faire semblant en période de votations.

 

Simple, claire, l'initiative pour une déduction fiscale aux familles semblait aller de soi et avoir, il y a peu encore, toutes ses chances dans l'opinion publique.

Mais c'était sans compter l'appui logistique de la SSR aux politiques de gauche et du PLR. Chronique d'une instrumentalisation.

Le 18 octobre, premier sondage SSR en guise de signal d'alarme:

"L'initiative populaire de l'UDC "pour les familles" démarre fort avec 64% d'opinions favorables, contre seulement 25% d'avis défavorables et 11% d'indécis",

accompagné d'une stricte remise à l'ordre:

"Le sondage montre que ce sont surtout les sympathisants des partis bourgeois qui soutiennent le projet, l'UDC (83%) et le PDC (59%) en tête, mais il séduit aussi la gauche, encore très indécise*. Contrairement au Parlement, l'initiative reçoit un appui dans les rangs des Verts (43% pour et 41% contre) et du PS (44/45)."

Rappel à l'ordre repris, quatre jours plus tard, par Claudine Esseiva, secrétaire générale des femmes PLR:

"Le parti socialiste doit s'engager d'avantage contre l'initiative de l'UDC sur les familles."

Le message est clair, le PLR ne veut pas être seul à casquer les frais de campagne. Bougez-vous camarades !

La RTS insiste sur l'urgence de la situation:

"La gauche, le PLR, les Verts-libéraux et le PBD ont un mois pour renverser la tendance";

objectif !

Le Temps parlera à raison d' "onde de choc" dans un article intutilé fort judicieusement: "Comment un sondage mobilise les partis contre l’initiative sur la famille."

C'est peu dire que les médias d'Etat organiseront la lutte avec, au beau milieu, la victoire d'étape du superbe retournement de veste du PDC.

En termes d'occurrence, les diffusions de la RTS tendront à la parité, avec un léger avantage pour le camp du non à l'initiative et une réelle insistance analytique sur les désavantages de l'initiative ressentie par les uns et les autres; la crise du PDC en toile de fond pour illustrer le cheminement de la pensée.

Dans les émissions de débat (Forum, Infrarouge) ou les reportages de présentation (Mise au point), tout est une question de pilotage, d'accents portés sur les questions, d'affirmations assénées, de mots de la fin ponctués au montage. Dans l'Infrarouge du 15 octobre, Esther Mamarbachi aura bien du mal à dissimuler sa tendance, qui répétera un nombre incalculable de fois le mantra "femmes au fourneau"... Il faut que les gens comprennent.

Les émissions à caractère satirique sont aussi mises à contribution: dernier exemple en date, hier, C'est la jungle, un gorille fait pleurer une poupée, Martina Chyba:

"Hé ho, non mais ça va pas plaire à l'UDC comme tu t'occupes de ce petit." (source)

L'UDC en Betty Bossi de l'ordre ménager, garante d'une pédagogie stricte, sévère, d'un autre temps... Le message doit passer.

Aujourd'hui même, moins d'un mois après le premier exercice, le média public procède à l'inspection des troupes avec un nouveau sondage, et des remarques intuitives telles que:

"Pour les électeurs de toutes les autres formations [que l'UDC, ndlr], des arguments comme le coût pour les collectivités publiques qu'entraînerait l'acceptation de l'initiative semblent avoir porté."

En soutien stratégique, Forum "L'initiative UDC "pour les familles" est en perte de vitesse" et des tirades du genre:

"C'est assez spectaculaire ce retournement.

[...] C'est perdu pour vous ce soir ?

[...] C'est vous qui dites ça ? [Claude-Alain Voiblet vient de prononcer le terme démagogie]

[...] On entendait Christian Levrat, ce n'est pas avec la fiscalité qu'on aide les plus pauvres."

Or il s'agit clairement ici de dégager la classe moyenne.

Il y a quelques jours, excédée, l'UDC émettait un communiqué pour dénoncer ce genre de méthodes, dont notamment la censure directe de certains médias privés, tenus à moins de réserve encore. Communiqué reçu dans un silence de mort par une presse unanime.

Notre propos n'est certainement pas de priver la SSR de la libre expression de sa propre opinion. On l'aura compris, il ne s'est trouvé personne, dans aucune des rédactions Web, TV ou Radio pour n'exciper ne serait-ce que d'un seul argument en faveur d'une déduction fiscale à l'endroit des familles. C'est leur droit le plus strict. Mais alors, n'est-ce pas aussi le droit le plus strict de l'UDC, et de tous les citoyens qui ne partageraient pas une semblable vision, de refuser de participer financièrement à la diffusion d'opinions qui sont directement contraires aux leurs ?

Dans un monde libéral, soumis à juste concurrence, tout le monde a le droit de donner son avis mais tout le monde a encore le droit de refuser son soutien à l'opinion qui lui est contraire. Je ne suis pas d'accord avec tel ou tel titre de presse, je ne l'achète plus, ledit titre devra trouver un autre soutien que le mien ou disparaître; ce qui a d'ailleurs tendance à arriver de plus en plus. Briser cette juste concurrence, c'est opérer un vol, une substitution de l'expression des opinions avec des fonds publics destinés à des choses si précieuses qu'on refuse d'en lâcher même une très maigre parcelle aux familles. Dans une société démocratique, fondée sur la liberté d'expression, cette distorsion des influences est très grave, elle confisque au peuple les résultats de ses efforts, elle le prive de l'un des fondements de la philosophie démocratique, la force de l'opinion. C'est d'ailleurs cette distorsion qui fausse, au final, les résultats dans l'urne et crée cette dichotomie délétère entre législatifs et exécutifs dont se surprend la presse aujourd'hui. Financer les idées d'un camp avec l'argent d'un autre, c'est injuste et confiscatoire, c'est surtout prendre le risque de décourager, de détourner, voire de dégoûter, les générations futures de la solution démocratique.

Si la neutralité n'est pas possible à la SSR, que l'on rembourse au moins à l'UDC, et à tous ceux qui en feront la demande, le montant de la redevance - c'est une question de cohérence, pour ne pas dire d'honneur -, ou bien que l'on élise ses membres, du premier au dernier, au suffrage universel. Après tout, la Suisse est une démocratie, non ?

 

*Le Temps sera plus précis: "Même les personnes de sensibilité socialiste[s] se montrent hésitantes: elles sont 45% à voter non mais 44% à soutenir l’initiative."

 

Voir encore

PLR: tout sauf la famille ?

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Familles : 24.11.2013. La campagne fait rage !

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