On ne peut pas être mère à 18 ans

Dans Le Temps du jour, Mélanie Chappuis s’est prise pour une jeune femme qui avait avorté; les votations en toile de fond.

Elle commence sur la fibre pathétique, on ne peut plus être aussi sauvage que dans les années 70 et revendiquer la reconnaissance du ventre comme ci celui-ci était vide:

"On a imaginé tout ça en riant, en ressentant la tendresse de futurs parents. J’ai caressé mon ventre souvent, j’ai pensé à la petite vie qui commençait là-dedans, je lui ai parlé, dit combien je l’aimais déjà. Et puis je me suis tue. Il ne fallait pas qu’on se fasse trop de films, mon fœtus et moi. Il ne fallait pas que je pense à lui comme à un futur enfant, mais comme à un simple amas de cellules."

Puis elle enquille sur les raisons objectives censées justifier l'injustifiable, au moins les féministes des premières heures avaient le mérite de réclamer le "droit" à l'éviction forcée de la vie en soi; aujourd'hui, on cherche à s'en excuser par mille détours:

"Je sais que j’ai bien fait, ce n’était pas le moment, je n’aurais pas pu être la mère que je voulais, à 18 ans."

Déterminisme fatal. Et pourquoi cela, pour quelle raison ? Depuis quand les circonstances n'induisent-elles pas ce que nous sommes et devenons. Au nom de quoi ne pourrait-on être une bonne mère à 18 ans ? Pour des raisons financières ? Et dire que ce sont ceux-là mêmes qui veulent nous convaincre que le financement de l'avortement est l'affaire de tous qui tentent de nous faire avaler que l'aide aux jeunes mères n'est l'affaire de personne. Le féminisme n'a fait passer les femmes que d'une servitude bourgeoise à l'autre: vissée au foyer on l'en arrache aujourd'hui pour la jeter dans l'arène de la compétitivité. Comme s'il n'y avait que ça, comme s'il fallait sacrifier dix ans de sa vie au service du travail avant d'avoir le droit de répondre à sa nature.

"Ni la femme que je veux devenir."

Ecrit Mélanie Chappuis en guise de raison, comme s'il suffisait de vouloir pour être, qu'en sait-elle si le boulet de son premier avortement ne sera pas l'entrave qui l'empêchera d'être pleinement elle-même, d'avancer ? Les actes ont des conséquences. Il faut impérativement se débarrasser de cette petite vision étriquée voulant que seul le haut de la classe moyenne dispose d'un droit moral, dès 35 ans, à se reproduire, que seul l'argent peut assurer l'éducation et le bonheur d'un enfant. Les jeunes femmes sont des centaines, des milliers à avoir sauté le glacis idéologique de la parentalité, et elles ne sont pas moins bonnes mères que d'autres. Présenter l'avortement comme fatalité obligatoire avant 20 ans c'est rejeter, ostraciser, ignorer ce courant qui monte et qui veut vivre, simplement, sans avoir à en réclamer l'autorisation. Les jeunes parents existent, sachons le voir; à 18 ans, on peut acheter, conduire, boire et faire de la prison mais l'on ne peut pas enfanter. On est responsable pour tout sauf pour ça.

 

Irresponsable

Cahier des charges oblige, Mélanie Chappuis doit battre en brèche l'initiative contre le financement de l'avortement. Réflexes idéologiques de sa classe exceptés, les arguments lui manquent:

"C’est une affaire de société. Je n’en reviens pas de devoir expliquer ça."

Responsable de rien, le personnage de Mélanie Chappuis dénonce la société; comme c'est original ! L'on voudrait tous charger la société du poids de ses échecs, du montant de ses amendes.

Si la société doit payer, alors la société est responsable, responsable de la rencontre de cette jeune  femme avec son ami, responsable de sa relation sexuelle, responsable de son avortement. Elle l'est, en partie, les éducations d'Etat portant d'abord l'accent sur l'accès au bar des jouissances de la société de consommation, la prudence, la "prévention" ne viennent qu'après, l'horizon d'attente actuel martèle - même sous la plume d'une femme -, qu'à 18 ans on est trop cloche, on est trop faible pour s'occuper d'un enfant, que l'on doit d'abord faire carrière, se cogner au plafond de verre sous la coupe d'un petit chef de service avant d'avoir le droit d'y prétendre. Voilà toute la perspective des femmes aujourd'hui, et il paraît qu'elles ont été libérées...

Si la société est responsable, elle doit être libre de choisir ce qu'elle veut payer et comment, et c'est précisément l'objet de cette initiative. Si elle ne l'est que des conséquences sans pouvoir l'être des causes, alors de quoi parlons-nous ?

 

La raison de l'émotion

En panne de raisons, la chroniqueuse appelle l'émotif à la rescousse:

"Ma mère me dit que le problème avec les victoires des femmes, c’est qu’elles ne sont jamais vraiment acquises. Il faut toujours se battre, toujours veiller. Ma mère, elle dit ça calmement, mais moi j’ai envie de hurler sur vos gueules d’initiants.

[...] Est-ce que je lance des initiatives contre les évangéliques, les chrétiens conservateurs ou les cons, moi?"

La violence de l'émotion ressentie est devenu leur seul argument. Leur pensée inopérante fait ripaille de manifestations de joie, de plaisir, de colère, mais sans plus de considération pour la plus petite réflexion. Il y a, pourtant, un argument rationnel - qui bien sûr ne tient pas - et que nous hésitons à reproduire tant son cynisme est glaçant:

"Mon enfant, si j’avais accepté qu’il reste, il aurait certainement coûté plus cher à la société qu’un avortement."

Voilà, c'est tout, les hommes, les femmes, les enfants réduits à cela, quantités négligeables et jetables dans le grand océan d'argent. Et pourtant, cette "société" magique, censée payer pour tout, n'est composée que d'êtres qui ont un jour été un enfant. L'enfant est une richesse, à tout point de vue, l'enfant rapporte. La semaine dernière, Mélanie Chappuis, réclamait à cors et à cris le besoin d'immigration. L'immigration du travail rapporte, celle de l'amour non... allez comprendre. Le monde de Mme Chappuis, c'est celui du matérialisme roi, un monde corrompu par l'argent où la vie que l'on prend pour la soumettre à sa logique de rentabilité vaut plus, forcément, que la vie que l'on donne.

Cette absence de lumière mène sans conteste à la rage destructrice qui habite les idéologies anti humaines et anti humanistes:

"Vous dites que votre initiative permettrait de sauver des vies. D’abord quelles vies? Des vies pourries comme il y en a déjà plein. Des vies mal parties."

Car une naissance dans un foyer aimant mais modeste est une "vie mal partie", et une vie mal partie est une vie mal finie. Vous avez raison, Mme Chappuis, éliminons les non rentables, déterminons une limite salariale au-dessous de laquelle la notion de qualité de vie est jugée "mauvaise", stérilisons les miséreux, exécutons les vieux, les pauvres, les sales, les malades, les dissidents, et tiens, pourquoi pas, tant que nous y sommes, tous ceux qui ne rapportent rien, les journalistes de presse écrite, les artistes, les poètes... les écrivains.

Source

 

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3 commentaires

  1. Posté par Alice le

    Elle ne dit pas qu’on ne peut pas être mère à 18 ans… elle dit qu’elle n’a pas souhaité l’être. Qui êtes vous pour questionner ses raisons? Elle ne porte pas de jugement sur la maternité mais souhaite laisser aux femmes le choix de décider de leur corps. Merci pour ce morceau de journalisme déplorable.
    J’ai du mal à comprendre les pro-life. Ils s’occupent de la vie de l’enfant avant qu’ils ne soit né, mais après la naissance, c’est chacun pour soi. Etre pro-life ce n’est pas aimer la vie, mais aimer contrôler celle des autres. Ne prétendez pas vouloir le bien des enfants à naître, c’est pathétique.

  2. Posté par Pierre-Alain Tissot le

    Cela ne vaux même plus la peine de lire les chroniques de cette fémino-gauchiste sévissant dans Le Temps : toujours les mêmes rengaines  » soixante huitardes  » voulant détruire la civilisation judéo-chrétienne !

  3. Posté par Jean-Baptiste Aegerter le

    Et surtout parce qu’être mère c’est être le premier architecte de la société. Les affairistes viennent, prennent et consomment l’élément humain, mais qui l’a crée ?
    Maman, productrice d’humanité depuis la nuit de temps.
    http://humourdemecs.com/merci-maman-la-video-qui-vous-donnera-des-frissons/

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