L’essence du libéralisme est-elle l’économie ?

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Par Vladimir Vodarevski.

Statue LibertéLe libéralisme est rejeté en tant que doctrine économique, au motif qu’il favoriserait les riches et l’oppression des faibles. Sauf que le libéralisme n’est pas une doctrine économique. Les sources de réflexions des libéraux ne portent pas forcément  sur l’économie, que ce soit, par exemple, Étienne de la Boétie, Alexis de Tocqueville, ou Benjamin Constant. Et l’une des figures les plus célèbres du libéralisme, de par son prix Nobel, Friedrich August Hayek, est plus connue pour ses livres La route de la servitude et Droit, législation et liberté, dont le sujet principal n’est pas l’économie, que pour Prix et production, un de ses principaux ouvrages en économie.

L’objet du libéralisme, ce sont les principes d’une société libre. Comment organiser la société pour que chacun soit libre et autonome. L’économie, c’est de la technique. Les libéraux approuvent l’économie de marché, parce que cela fonctionne. Mais ils ne condamnent rien en la matière. Les gens peuvent très bien choisir le collectivisme. Cela ne pose aucun problème aux libéraux.

Par contre, n’importe qui est libre de critiquer et de sortir du collectivisme. Le collectivisme ne doit pas être imposé. Il doit être choisi par celui qui s’y implique. Chacun doit rester libre et bénéficier de son libre arbitre.

C’est le socialisme qui focalise le débat sur l’économie. Le socialisme repose sur trois piliers. C’est une promesse économique d’avoir plus. Cette promesse est totalement absente du libéralisme. Elle passe par une transformation sociale de la société. Que ce soit le fouriérisme ou le marxisme, le socialisme tend vers l’homme nouveau. Dans la société socialiste, tout le monde vivra en harmonie, car tout le monde pensera de la même manière. Pour le marxisme, c’est la société sans classe. C’est par le dirigisme que la société aboutit à ce monde idéal.

Notons que cette marche vers la société idéale peut se faire par la force. C’est le concept de révolution. Le socialisme justifie la force car il considère qu’il y a une vérité, un monde idéal.

La différence entre le socialisme et le libéralisme n’est donc pas économique, c’est le dirigisme. Le socialisme considère que l’être humain doit être dirigé. Le libéralisme considère qu’il faut développer le libre arbitre de chacun. Que chacun doit pouvoir vivre comme il l’entend, en respectant autrui, et que c’est ainsi que se construit la société.

Le libéralisme s’interroge donc sur les règles qui doivent conduire la société, sur leur source. Il considère par exemple qu’une minorité, même si elle est la plus importante, ne doit pas imposer sa volonté à quiconque. Que même une majorité doit respecter les autres. Le libéralisme est basé sur la protection de chacun. Tandis que le socialisme cherche à imposer un comportement, un mode de vie.

Ce sont deux conceptions de l’être humain. D’un côté, une sorte d’enfant, à qui on doit dire ce qu’il doit faire. De l’autre, l’idée que chacun est un être qui a le droit de décider de sa vie. Et qui est responsable.

La conséquence première du libéralisme étant le principe de non agression : chacun doit respecter la liberté d’autrui. De cette règle découle les autres, et ainsi la société est régulée. Par exemple, le respect de la liberté d’autrui implique l’interdiction de chercher à obtenir quelque chose par la force. Cela implique la liberté d’expression.

On remarquera que le monde idéal du socialisme n’est pas précisé. Par conséquent, tout le monde peut chercher à imposer SA vérité, par l’intermédiaire de la puissance publique. Celle-ci, quelle que soit sa forme, État, collectivité locale, banque centrale, agit en fonction des intérêts de la faction qui a réussi à s’imposer, et qui use de cette même puissance publique pour perdurer. Ces factions peuvent être des intérêts économiques, des associations, des ONG, etc.

C’est contre cela que se bat le libéralisme. Personne n’a le droit d’imposer sa volonté à autrui. Chacun doit poursuivre ses buts en respectant ceux d’autrui, et en respectant autrui.

Nous sommes bien loin d’un tel monde. Au nom de la démocratie, il est admis que la puissance publique contrôle tout. Comme le montre bien l’inflation législative et réglementaire. Il y a juste quelques interrogations parfois. Est-ce que les partis sont représentatifs, ne sont-ils pas trop éloignés des gens ? Ou bien  quand des personnes se demandent si l’État ne veut pas imposer la doctrine sociale du genre.

Il est ainsi absurde d’accuser le libéralisme d’être une doctrine économique d’exploitation. Car le sujet n’est pas l’économie. Le sujet est l’idée que l’on se fait de l’être humain. Est-ce qu’il doit être dirigé, formaté, pour son propre bien, par une élite supérieure, dictatoriale ou élue ? Ou est il un être pensant, autonome, capable de faire des choix, de prendre des décisions, et dont la société doit respecter la nature et, même favoriser le développement et l’épanouissement ? Le sujet, finalement, c’est la nature de l’être humain.


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