« Libres ! », La Main Invisible (4/6): « Ma vie, ma décision »

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

La quatrième partie de Libres!, intitulée Ma vie, ma décision, parle de la liberté de l’individu en société, parle de l’égalité en droits de tous les êtres humains.

Pour les libéraux la Droite et la Gauche sont incohérentes parce que, chacune à sa manière, elle essaye de concilier deux objectifs inconciliables:

« D'un côté, l'Etat devrait défendre la liberté individuelle; mais, d'un autre côté, il devrait promouvoir le bien public. » (Jérémie Rostan, La morale, une affaire individuelle)

Seule l'approche libérale est cohérente.

La Droite certes défend les libertés économiques et sociales, mais demande à l'Etat de protéger les valeurs traditionnelles.

La Gauche certes défend la liberté de chacun de vivre sa vie comme il l'entend, mais demande à l'Etat d'intervenir dans l'économique et le social.

Quel que soit le domaine l'approche libérale se résume à dire: « C'est ma vie ! », c'est-à-dire à privilégier l'individu:

« Si « c'est ma vie », alors je suis propriétaire de moi-même, de mon corps et de ses facultés, ainsi que du résultat de leur exercice, et il est donc immoral d'intervenir dans mes choix, que ce soit « pour mon bien », ou pour me forcer à « bien agir » à moins, comme le notait Kant, que mes actes ne violent eux-mêmes la propriété de soi d'autrui. » (Jérémie Rostan, La morale, une affaire individuelle)

L'expression individuelle est appauvrie en cas de limitation par la loi:

« La faille principale de cette limitation est l'appauvrissement du champ des possibles auquel peut s'ouvrir l'esprit humain, et par conséquent, de la concurrence entre les différentes opinions qui se présentent à lui. » (Kevin Mailly, La passion de la raison)

L'immigration individuelle est bénéfique:

« Une immigration libre ne saurait être néfaste, tant pour l'individu lui-même que pour la société qu'il intègre, malgré les virulents poncifs protectionnistes. » (Grégory Perrachon, L'immigration)

Seulement les immigrés ne peuvent-ils pas être incités à débarquer en nombre parce qu'ils sont « en quête d'oisiveté et d'argent public facile » ?

« S'il y a incitation à venir immigrer pour les raisons susnommées, c'est seulement du fait de l'Etat providence et des différentes politiques socialistes qui l'ont développé. » (Grégory Perrachon, L'immigration)

La nature de la nation est individuelle:

« La nature de la nation est en fait individuelle, et non globale. Sa nature est culturelle, historique, linguistique et autres, mais il s'agit de la culture, de l'histoire et de la langue d'un individu, de chaque individu, et non d'un groupe, forcément indéfini. Chacun a son histoire et c'est son vécu qui crée le sentiment d'appartenance dite « nationale ». » (Stéphane Geyres, La nation individualiste)

Si l'individu doit pouvoir vivre sa vie comme il l'entend, alors il peut faire usage de drogue s'il en a envie:

« Soyons réalistes: une consommation ponctuelle et maîtrisée n'est probablement pas beaucoup plus dangereuse qu'un déjeuner abondant et bien alcoolisé. » (Antoine Lagneau, L'usage de la drogue)

[Je ne suis pas convaincu que l'usage de toutes les drogues soit maîtrisable]

Il doit pouvoir cultiver son cannabis dans son jardin:

« Un adulte cultivant chez lui quelques pieds de cannabis pour son usage privé nuit-il à la société ? Présente-t-il une menace pour autrui ? » (Gilles Branquart, Production personnelle de cannabis)

Il doit pouvoir librement jouer de l'argent:

« Jouer de l'argent n'a rien d'obscène, ni de malsain. Chacun est libre de jouer ou de ne pas jouer, c'est un acte volontaire qui ne nuit pas à autrui. » (Gilles Laurent, Le poker)

Il doit pouvoir détenir une arme, dont la dangerosité est réfutée par le jurisconsulte Cesare Beccaria en 1754:

« Le feu brûle, l'eau noie, pourtant personne ne songe à se priver de leurs immenses avantages. En désarmant les citoyens paisibles, l'interdiction de porter des armes ne profitent qu'aux malfaiteurs. » (Jan Laarman, Aux armes citoyens)

Il doit pouvoir prendre des risques en toute connaissance de cause:

« Des primes de risque faibles et des assurances obligatoires (en dépit des nobles intentions qui les promeuvent) n'annulent pas les dangers. Elles créent au contraire l'illusion d'une absence de danger, et encouragent donc une prise de risques excessive [...]. Les prises de risques sont stimulées par des rémunérations élevées et freinées par l'ampleur des responsabilités que chacun devrait assumer en contrepartie. Seule cette conception du risque nous permet d'obtenir des indices fiables pour prendre des décisions raisonnables dans un monde incertain. » (Marian Eabrasu, Le risque, une affaire individuelle)

Deux hommes libres se prononcent enfin, l'un sur le mariage civil pour tous, dont un projet de loi est débattu à l'Assemblée nationale française en ce moment, et l'autre sur l'euthanasie, dont un projet de loi sera débattu en juin prochain.

Le mariage civil pour tous a le soutien du premier, car:

« Les homosexuels méritent le même respect des pouvoirs publics que les autres. Ils ne doivent plus être des citoyens de seconde zone au nom de préjugés d'un autre âge, car la dignité de l'individu est la condition de la liberté. » (Frédérick Carles-Font, Liberté, égalité... même pour les gays)

[Ma position personnelle est quelque peu divergente: le mot de mariage est utilisé par l'Eglise dès le XIIe siècle pour désigner le sacrement légitimant l'union entre un homme et une femme. Le mariage civil en est une singerie, créée par une loi étatiste de 1792. A partir de là est née la confusion entre les différentes composantes d'une union entre être humains que sont l'amour, le contrat et le sacré. L'amour profane n'a besoin ni de contrat, ni de sacré. Le contrat se passe fort bien d'amour et de sacré: c'est pourquoi je suis favorable à la liberté contractuelle pour tous et hostile au mariage civil, et à son terme même, pour quiconque. Quant au sacré, par définition, il ne peut pas être laïc; il ne peut être que religieux. C'est pourquoi le mot de mariage devrait, selon moi, être utilisé dans sa seule acception originelle: tordre le sens profond d'un mot en effet n'est que forgerie...]

L'euthanasie a le soutien du second, car:

« Le patient, la personne en fin de vie, doit être accompagné du mieux possible, avec tout le conseil et les soins humainement possibles. Un environnement chaleureux ainsi qu'une pharmacopée adaptée doivent être mis en place et les malheureusement trop rares unités de soins palliatifs sont la réponse à ces besoins. Mais il est clair qu'au moment où cette personne estime que l'heure de partir est venue, qu'aspirer à ne plus vivre devient une évidence, alors à cet instant-là, elle doit avoir la possibilité, le choix, de voir sa volonté exaucée. » (Ulrich Genisson, Euthanasie: le droit au choix)

[A titre personnel, je regretterai toujours qu'une personne choisisse de se donner la mort ou de demander qu'on la lui donne, deux des aspects que revêt la culture de mort qui désolait Jean-Paul II]

Tout seul, comme un grand, je me suis collé l'étiquette de libéral, ne demandant rien à personne.

J'ai ma cohérence. Elle n'est peut-être pas tout à fait celle de l'approche libérale, comme l'entendent nombre de mes amis libéraux. Ils diront peut-être même que mon approche n'est ni libérale ni cohérente...

Avançant gentiment en âge, j'ignore si je deviens mûr. Alors Emil Cioran me console : « Heureux ceux qui ignorent que mûrir c'est assister à l'aggravation de ses incohérences et que c'est là le seul vrai progrès dont il devrait être permis de se vanter. »

Je suis heureux surtout que Dieu me tienne dans son invisible main...

Francis Richard

 

Libres !, collectif de la La Main Invisible, 100 auteurs, 100 idées, 282 pages

 

Voir aussi:

“Libres ”, La Main Invisible (1/6) : « Le libéralisme: les principes »

“Libres !”, La Main Invisible (2/6): « Mon travail, mon argent »

"Libres !", La Main Invisible (3/6): « Mes enfants, notre avenir »

Première publication sur francisrichard.net

Un commentaire

  1. Posté par Jannie Lemoine le

    Quand on lit vos propres commentaires entre crochets [], on arrive à une conclusion lapidaire: : vous n’êtes pas libéral.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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