Violence, criminalité, insécurité : l’angélisme n’est pas mort(I)

Uli Windisch
Rédacteur en chef
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Pas mort cet angélisme? Non, et un exemple français tout récent et d’importance nationale l’illustre. Il s’agit des propos et, plus grave, des décisions de la nouvelle ministre de la justice Christiane Taubira.

Dès les années 1980, j’ai commencé à faire des recherches concrètes sur les phénomènes  de la violence ,de la criminalité et de l’insécurité dans le cadre de mes activités sociologiques. Une constante des résultats de ces recherches: l’angélisme et la minimisation  de ces phénomènes par la gauche, malgré toutes ses dénégations. L’autre constante est l’excuse sociologique: à savoir que tous  ces phénomènes seraient dus à des facteurs sociaux, qui sont seuls responsables de ces comportements délinquants et violents. Les responsables  ne sont pas ces délinquants et ces criminels eux-mêmes mais LA SOCIETE, notre sociétés, nos sociétés, tellement inégalitaires, injustes et fondées sur l’exclusion et l’exploitation, et toujours et encore aussi égoïstes et si peu solidaires…

Quand l'idéologie prime sur les résultats de la recherche

Il aura fallu près de 20 ans pour que les chercheurs qui montrent que l’origine de la criminalité est à chercher en priorité chez les criminels eux-mêmes, commencent à être davantage écoutés .Ils le sont en effet davantage aujourd’hui car les faits sont toujours aussi têtus. C’est en partant de ce constat et de cette vérité que l’on a quelque chance de  réussit à agir sur ces phénomènes et parfois à les endiguer.

Au lieu d’accuser notre société, quelques chercheurs internationaux, dont j’ai fait partie, ont voulu voir de près cette réalité et l’analyser dans ses manifestations les plus concrètes, au-delà de cet angélisme, devenu ensuite une véritable bien-pensance, secondé par le fameux politiquement correct.

Pas mort cet angélisme?

Non, et un exemple français tout récent et d’importance nationale l’illustre. Il s’agit des propos et, plus grave, des décisions de la nouvelle ministre de la justice Christiane Taubira. A peine nommée, elle décide de déconstruire, le déconstructionnisme n’est donc pas qu’une mode littéraire ou philosophique, tout ce que le gouvernement précédent  avait mis en place pour tenter d’endiguer ces phénomènes. Elle a fait cela avec une fierté et une arrogances publiques appuyées, cela  au nom d’une future politique qui devrait être basée davantage sur la prévention que sur la répression.

Qui sont vraiment les jeunes criminels?

Mais qui sont donc ces jeunes délinquants et criminels pour la ministre? Ce sont encore des enfants, voyons! Nous dit-elle, tout de go. Donc on supprime les tribunaux correctionnels pour les jeunes.

Pour nous, il ne s’agit pas d’ostraciser, ou de diaboliser certains jeunes  mais simplement d’essayer de comprendre qui son vraiment  ces jeunes délinquants et quels sont certains de leur traits de personnalité, afin de pouvoir agir plus adéquatement, et non pas au nom d’ une irrépressible envie de répression! C’est justement ce que des chercheurs français ont aussi  cherché à faire dès les années 1990(cf J.P. Grémy, les violences urbaines, IHESI, Paris 1996 ; de même que par exemple, et parmi quelques autres,  Lucienne Bui-Trong, une philosophe devenue commissaire de police. Pour notre part, voir U.Windisch,Violences jeunes, médias et sciences sociales, Age d’Homme, Lausanne, 1999.

La théorie des petits anges est à la peine

On commence maintenant à admettre que la criminalité de rue est le fait de bandes de jeunes qui se livrent  aux racket, braquages , agressions violentes, cambriolages, règlements de comptes, incendies volontaire, et que l’entrée dans ces bandes peut avoir lieu très jeune, dès 12 ans, parfois dès 10 ans!

La théorie des petits anges à protéger devrait donc avoir de la peine à résister à cette  réalité. A côté des jeunes «à problèmes», il s’avère que les acteurs essentiels  de la criminalité sont des jeunes agressifs et dangereux, agrégés en noyaux durs.

La brutalité de la réalité criminelle

Xavier Raufer, spécialiste français de la criminalité et auteurs de nombreux travaux sur le sujet, montre qu’en France il s’agit de quelques milliers d’individus, de «criminels hyperactifs», de prédateurs violents» qui agissent en «meute»  et qui commettent une énorme masse  d’infractions .Dans certains milieux urbains ou péri-urbains, 5% des malfaiteurs commettent la moitié des délits. Parmi ces jeunes, ceux qui n’ont pas encore 18 ans sont effectivement  encore considérés comme des  «enfants», alors que certains ont commis plus de 50 infractions. Ce ne sont pas des victimes de l’exclusion mais déjà des criminels par habitude, qui vivent  sous de fausses identités et n’habitent jamais à l’adresse indiquée. La criminalité est  bien un métier  qui s’apprend et se pratique déjà très jeune pour certains, et qui peut rapporter gros, bien plus qu’un métier au sens plus habituel du terme!

On retrouve ici un même phénomène que celui des trafiquants de drogue et autres criminels  étrangers dans nos villes suisses qui aussitôt arrêtés doivent être relâchés car «sans papiers», ni identité!

Des milliers de criminels dangereux en liberté

En France ce sont des dizaines de milliers  de condamnés à plus d’un an de prison qui n’ont jamais purgé leur peine. X. Raufer toujours, nous apprend aussi que la police arrête parfois des braqueurs condamnés à 5 ans de prison et qui sont toujours en liberté. Il est aussi établi que ces criminels hyperactifs  sont imperméables à tout travail social. Malgré cela la gauche notamment persiste dans sa vision angélique et le politiquement correct.

Difficile donc de prétendre que ce ne sont que des enfants égarés; qu’une politique de prévention va arranger tout cela et que les tribunaux spéciaux pour jeunes peuvent être fermés.

A suivre… avec un exemple suisse récent et d’actualité…

Un commentaire

  1. Posté par Dominique Bianchi le

    Laurence Havel de l’Institut pour la Justice publie cette vidéo afin de faire signer une pétition contre la décision de la ministre Taubira. Ce témoignage décrit assez bien la situation actuelle de la délinquance des mineurs en France et l’échec des institutions de rééducation face à la violence de ces derniers. Les passages décrivant les procédures Kafkaïennes par lesquelles doivent passer les éducateurs pour tenter de simplement priver pendant une soirée un jeune interné de TV afin de le punir d’une faute grave sont savoureuses et révèlent à quel point les règlements de ces centre éducatifs ont été concoctés par de véritables ennemis de ce qui devrait être l’éducation:
    http://www.youtube.com/watch?v=nZ7vClRg4CE&feature
    Ceux qui sans cesse montrent du doigt le chômage comme vecteur de délinquance sont incapables de voir que ces deux phénomènes ne progressent pas en parallèle, loin de là.
    La Suisse qui ne compte actuellement que 3% de chômage à vu -toute proportion gardée- la même progression statistique de délinquance des mineurs qu’en France qui compte 10% de chômeurs. Je ne parlerai même pas de l’Espagne qui plafonne à 20%.
    Comme chacun sait, la prison de Champs d’Ollons comptait en 2011 un pourcentage de plus de 92% d’étrangers. Dans un pays qui donne du travail à une population qui compte 25% d’étrangers les arguments des sociologues de l’angélisme compassionnel qui accusent la xénophobie, le racisme et la crise de l’emploi d’être les facteurs de la délinquance des mineurs et leurs ainés peuvent être balayés d’un éclat de rire.
    Les clowns de la sociologie « soixante-huitarde » font leur dernier tour de piste, place aux dompteurs de fauves.

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