Pétasses de combat

Opération de com douteuse pour les néo-féministes à la mamelle ballante.

Sans doute enivrées par l'effet qu'elles produisent chez des médias toujours en mal de mégères dépoitraillées, les Femen françaises ont invité les caméras de télévision sur un tatami de fortune pour une séance de beuglage de slogans et trois malheureuses passes de self-defense.

Traditionnellement, l'opération a généralement pour but de présenter un panel de victimes désignées en marche pour la lutte finale. Engagées, déterminées, jamais résignées, elles sont prêtes à affronter le machisme ambiant à gorge déployée. Reste qu'ici, la matrone en chef sonne trop juste dans son rôle de chef de district du goulag local et que l'ensemble fait trop 'organisé', surtout niveau presse.

C'est là qu'est tout le problème des Femen, les grandes manoeuvres de close-combat ont beau toujours se solder par le spectacle affligeant de ces drôlesses échevelées se roulant à terre et poussant des cris de vierges qu'on se surprend à pouvoir encore effaroucher, l'on peine à se débarrasser d'une tenace impression de préméditation.

Et Caroline Fourest pourra toujours tenter de vendre aux grands médias la version selon laquelle une manifestation autorisée de citoyens est venue provoquer cette compagnie de douces jeunes filles, flânant paisiblement, poitrine d'albâtre au vent, vêtues de la chaste coiffe de leur ordre, le torse innocemment badigeonné de textes blasphématoires, un fumigène dans une main rêveuse, langoureuses, la prunelle dans le vague, internet ne s'est pas laissé prendre, qui a bientôt penché pour le raid d'une cohorte de furies en mal de correction.

Une correction que ne se sont pas privés d'administrer quelques internautes pour le moins perspicaces: Ces féministes de bazar, qui ont réduit la femme à la plus plate expression de sa nature physique, auraient tendance, à leurs heures perdues, à faire varier leur propension à n'être ni putes ni soumises en fonction de critères tarifés. En bref, une marotte, un hochet des médias, un décor de misère, à peine de quoi habiller les images.

7 commentaires

  1. Posté par La Rédaction le

    @Serge
    Ah Monsieur, vous me flattez, la définition du goujat, valet d’armée(1), est sans doute la plus à même de qualifier proprement toute la misère crasseuse de ces légionnaires va-nus-pieds, le regard bleu fatigué, de l’encre jusqu’au front, brisant un dernier pilum – pardon, une dernière plume – contre les remparts des empires finissant que sont ces soldats de bâtardise de journalistes sur internet; écorcheurs, rebelles, mercenaires mal tenus, bretteurs et menteurs sans vergogne, Perce-Bedaine et Casse-Trogne, là, pour éventrer tous les fats, il nous faut bien quelques goujats.

    (1) GOUJAT, subst. masc.
    Vx. Valet d’armée :
    … j’essuierai cette longue tyrannie comme l’officier sans épée d’une garnison prisonnière, devant qui l’insolent vainqueur fait défiler jusqu’au dernier goujat de son armée. Sainte-Beuve, Volupté, t. 2, 1834, p. 57

  2. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    A propos de « pétasse » il m’a été accordé de rencontrer celui qui se dit « pétasse cosmique ». Greta Gratos en personne! Il m’a été accordé de la voir pendant sa métamorphose, car, m’a-t-il dit, je ne suis pas un voyeur. J’ai vu ce type présider aux thés dansants de l’Usine, avec une autorité somptueuse. Je l’ai vu enfiler des perles sur un diadème qui ferait partie de son personnage, en disant qu’il se sentais femme mais a choisi de demeurer comme il est. Une autre fois, à une terrasse de café, j’étais assis à la table à côté. Il me m’as pas vu. Mais j’ai été frappé par sa voix. Il parlait à quelqu’un. Une voix ferme comme j’en ai rarement entendu. Madame Guyaz, si vous aviez rencontré cette « pétasse » vous comprendriez que l’auteur de l’article a donné le mot juste! Celui qui vient à la bouche de l’inculte que je suis!

  3. Posté par Serge le

    La goujaterie de l’auteur du billet est vraiment insensée, je me demande ce que Mme Guyaz a bien pu penser de sa réponse.

  4. Posté par Jean Romain le

    Le catéchisme de la libération
    Tout ce fatras superficiel fait partie de la queue de la commette du catéchisme néo-moderne : on répète à l’infini les mêmes slogans qui ont aujourd’hui perdu tout le mordant qu’ils avaient lorsqu’on était encore dans la modernité, c’est-à-dire dans l’histoire. Ces femmes font comme si l’histoire existait encore, comme si les contradictions avaient encore leur puissance dialectique ; elles imitent, elle font semblant, en organisant le vide.

    Le vrai catéchisme, celui qu’on apprenait en psalmodiant de solides platitudes a mis des siècles à devenir cette ritournelle lassante. Le catéchisme néo-moderne n’a pas eu besoin de vingt ans pour se transformer en rhétorique gâteuse ânonnée par les journalistes sociétaux de l’Hebdo, du Monde ou de Libération, et reprise ne chœur par quelques hystériques de choc.

    Mais tout cela est à l’opposé même de la vie, c’est-à-dire de la singularité. Il faudrait se libérer de la libération pour recommencer à souffler, à vivre, à respirer un peu. Bref, à exister.

    Que faire après l’orgie ? demandait Baudrillard. Après l’excès de l’excessif ? Après la libération de la libération ? Après la transparence absolue ? Nul besoin d’attendre je ne sais quel 21 décembre car la fin du monde, depuis longtemps, est derrière nous.

  5. Posté par Jean-Guy Berberat le

    Pour ma part, je trouve cet article déplacé, dans le vrai sens du terme: il n’a pas sa place dans « Les Observateurs ». Je trouve moi aussi grotesques bien des manifestations du féminisme militant d’aujourd’hui. Caroline Fourest m’exaspère souvent (enfin, pas autant qu’elle n’énerve frère Tariq). Toutefois, si on peut trouver vulgaires les « combattantes » en question, elles ne méritent pas le qualificatif utilisé. De toute façon, leur exhibition seins nus me gêne infiniment moins que celle des moukères bâchées qui enlaidissent de plus en plus nos paysages urbains, que se soit par provocation (donc prosélytisme) ou par conviction (donc aliénation et soumission). Contrairement aux secondes, les premières ne menacent pas notre système et n’ont pas de revendications régressives, discriminatoires et totalitaires. Bref, je préfère de loin cent féministes nues à une fatma en niqab!

  6. Posté par La Rédaction le

    Madame,

    L’humble philologue roman qui vous écrit prend bonne note mais peut néanmoins vous dire ceci: Le vocable « pétasse », qui se retrouve dès le XVe siècle sous la forme « petaxa » dans la zone franco-provençale recouvrant le pays de Savoie, tant au nord qu’au sud des Alpes, soit donc ici-même, désigne, à l’époque déjà, la « prostituée débutante ou occasionnelle », nous dit le Trésor de la langue française, la femme facile, vulgaire et de mauvaise vie, ce qui semble se prêter ici à merveille.

    Si l’étymologiste fait remonter la chose au préfixe « péter » augmenté du suffixe « asse », sur le modèle de « pute-putasse », au XVe siècle, les occurrences d’utilisation dans la zone linguistique sus-mentionnée semblent concerner presque exclusivement les femmes accusées d’avoir détourné des ecclésiastiques de leur devoir (1), ce qui, là encore, vous me comprendrez, m’apparaissait seoir on ne peut mieux à des call-girls, seins nus, déguisées en religieuses.

    Merci de votre message.

    (1) Lehmann, Prisca, La répression des délits sexuels dans les Etats savoyards. Châtellenies des diocèse d’Aoste, Sion et Turin, fin XIIIe-XVe siècle. Cahiers Lausannois d’Histoire Médiévale n°39. Lausanne: Université de Lausanne, 2006. p. 409.

  7. Posté par Anne Guyaz le

    Merci pour votre analyse du mouvement Femen. Par contre, je suis indignée par le vocabulaire que vous utilisez dans le titre: « pétasses ». C’est insultant. Ni ces femmes avec lesquelles je ne suis pas d’accord, ni les autres femmes ne méritent une telle nomination. Merci d’en prendre note.
    Anne Guyaz

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