Mariage forcé: à la recherche des causes

Simonetta Sommaruga y va de son effet d’annonce et s’offre une rentrée en fanfare. Les chiffres sont cinglants, la détermination inflexible. Mais qu’en est-il vraiment? Analyse.

En prévision des débats à venir prochainement sur l'asile, la Conseillère fédérale socialiste annonce d'emblée la couleur et se lance de plein pied dans la thématique de l'immigration. L'angle choisi est le seul qui lui soit autorisé par sa base: émancipation de la femme et liberté individuelle.

Intégration en échec

L'effet d'annonce prédomine dans la nouvelle reprise partout. Simonetta Sommaruga fustige l'insuffisance des lois, la difficulté de leur application. La communication se veut énergique, l'étude de l'université de Neuchâtel a été commanditée par ses soins, le résultat, 1'400 cas en deux ans, n'est pas évité. On assume pleinement le registre de l'autoritarisme légitime et du besoin de réaction.

Les bruits de bottes couvrent néanmoins un constat autrement plus criard, celui des causes à l'origine de ce qu'il convient de qualifier de véritable catastrophe.

Dans sa volonté de catégoriser diverses définitions de la contrainte, l'étude a le très léger défaut de diluer les chiffres. Contenons-nous au seul mariage forcé proprement dit, 81% concernent des jeunes femmes (-25 ans) d'origine étrangère dont... 38% sont nées en Suisse, 19% ont la nationalité suisse, un tiers sont des mineures.

Que l'on comprenne bien, il s'agit donc de familles restées près de 18 ans au moins dans notre pays, qui y ont implanté tout à loisir ces fameuses racines dont la gauche nous rebat constamment les oreilles, qui sont même devenues suisses pour une certaine part d'entre elles, mais qui n'ont pas changé d'un pouce leurs habitudes originelles. Le processus d'intégration en Suisse est, sur cet aspect-là, un échec retentissant et pour un nombre de personnes non négligeable! A l'inverse du bon sens, il a été demandé à la population suisse de s'adapter et non l'inverse. Voilà le résultat.

La plupart des cas se rencontrent essentiellement, sans surprise, dans des familles de ressortissants originaires des Balkans, de Turquie et du Sri Lanka.

L'étude 

Le chiffre de 1'400, loin d'être exhaustif, est conséquence d'une enquête « online» auprès de divers professionnels concernés par la problématique et d'entretiens avec les responsables des projets pilotes financés par l'Office fédéral des migrations. Certaines enquêtes cantonales ont rendu des chiffres deux fois supérieurs à ceux enregistrés par la présente étude. Une autre étude (Rivier et Tissot 2006) avance même le chiffre de 17'104 cas, mais sur la base d'une comptabilité qui peut être discutée.

L'ensemble de l'ouvrage perd infiniment de sa saveur tant le Dr Anna Neubauer et le Pr Janine Dahinden, du Laboratoire d’études transnationales de l’Université de Neuchâtel, n'ont su se départir d'un jargon politiquement correct d'une pesanteur effarante.

Ainsi, ne lit-on pas: « D’une part, un courant se dessine qui considère les « mariages forcés » comme une forme de violence contre les femmes et les droits humains s’expliquant par la « culture » et la tradition des minorités ou de groupes de migrant(e)s. Dans cette optique, il faut lutter contre ces formes culturelles ou religieuses d’oppression des femmes. D’autre part, un deuxième groupe de personnes s’oppose à de telles explications qu’elles qualifient d’ « ethnicisation du sexisme » et cherchent à la dépasser en adoptant une perspective genre et intersectionnelle qui insiste sur la diversité des populations et l’importance de différents rapports de pouvoir », qui eût pu être remplacé par le constat, ô combien plus bref, d'une large domination des universités dans les sciences sociales par une certaine idéologie.

Tabous

Dans le même ordre d'idée, toujours dans le déni  d'une «ethnicisation du sexisme», voire, comme dit plus loin,  d'une « islamisation du sexisme », l'islam, comme cause première et source principale des mariages forcés n'est désigné, très indirectement, que par une citation d'Elisabeth Badinter qui, elle, n'avait pas hésité à lui reprocher d' « oppresser» les femmes. Tant de précautions ne s'expliquent que par la pression idéologique écrasante que semble devoir subir le monde de la recherche en sciences sociales. L'on  prendra bien soin de nous expliquer, par exemple, qu' « il existe un courant au sein des sciences sociales qui affirme que ce discours culturaliste représente en fait une continuation du discours raciste; la « culture » ayant simplement remplacé la notion de « race » »; nous en somme (encore) là.

Solution

Loin de nous l'idée de balayer, d'un vague trait de plume, une étude qui a très certainement son intérêt. Toutefois, la recommandation d'accentuation de la prévention nous apparaît nulle et non avenue tant le constat d'échec d'une ouverture d'esprit des populations concernées à l'intégration et à l'adaptation est patent. Et lesdites populations sont loin d'être seules en cause.

Si prévention il doit y avoir, elle doit certainement se trouver au rang d'un redressement du niveau des exigences requises pour participer à une société commune. Il est hors de question d'importer n'importe quelles "diversités" sociales, « culturelles » ou religieuses au prétexte de Dieu sait quel dogme politique qui nous commanderait de courber l'échine devant tout ce qui viendrait d'au-delà de nos frontières.

Le temps paraît encore si loin que notre démocratie puisse enfin s'offrir le luxe d'institutions, d'universités et d'organes de presse suffisamment libre pour garder les yeux, et l'esprit, ouverts devant un constat objectif et en tirer les conclusions qui s'imposent d'urgence.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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