Les manifestations qui dégénèrent: à quand la fermeté ?

Uli Windisch
Rédacteur en chef
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A Genève et dans plusieurs villes de Suisse les débats sur la nécessité d’encadrer les manifestations reviennent régulièrement sur le devant de la scène politique.

Le droit de manifester est consubstantiel à la démocratie. Manifester permet par exemple d’attirer l’attention sur des problèmes que certains publics estiment insuffisamment traités par les autorités ou à des groupes et des causes minoritaires de se faire connaître publiquement, et d’obtenir ainsi un écho parfois considérable, grâce aux médias. Une manifestation, qui comporte toujours un aspect spectaculaire, devient immédiatement intéressante pour les médias. Deux minutes au TJ est l’objectif de tout groupe manifestant et ce but est facilement atteint. Greenpeace est passé maître dans sa façon d’attirer les médias, sans même devoir les solliciter. Arriver à faire accourir les médias sans faire la moindre démarche et attirer l’attention du public sur des problèmes occultés, si possible sans violences et dégâts matériels, peut faire avancer une cause à moindre frais et avec un maximum d’effets. Frapper symboliquement, visuellement, sans violences réelles, tel était le programme.
Or les choses ont bien changé, du moins chez certains acteurs, qui ont passé de la violence symbolique et festive à la violence brute et brutale, parfois terrifiante.
Il existait à Genève comme ailleurs une sorte de Pacte social qui permettait de manifester très librement sans même demander d’autorisation, étant entendu que tout serait entrepris pour éviter dégâts et violences; cette pratique était même devenue une tradition. C’était autrefois…

Petit rappel historique récent

En 1995, l’armée voulait organiser un défilé militaire; les anti-militaristes et d’autres mouvances d’extrême–gauche ont cherché à saboter cette démonstration, avec déjà des violences effrayantes et préméditées. Ces violences deviendront dès lors une vraie tradition-si l’on peut dire; en 1998, contre la réunion de l’OMC à Genève et en 2003 lors du Sommet du G 8 à Evian (Sommet d’Evian avec 30.000 policiers mobilisés et les violences à Genève, avec émeutes et dégâts matériels par millions). Déchaînements de violence, brute et aveugle, une nouvelle fois. Une ville en état de siège.

La haine anti-UDC

Autre tradition: manifester violemment pour tenter d’empêcher l’UDC d’organiser des rencontres, quand on ne leur refuse pas des lieux de rassemblement, au point où ils doivent se réunir dans des champs en plein hiver et sous les frimas (effets contraires garantis).
On pourrait aussi se demander si les milliers d’articles négatifs, dénigrants et diabolisant -oui des milliers- écrits depuis des années par la plupart des journalistes n’ont pas contribué à certains passage à l’acte(voir la photo ci-jointe de l’agression de l’UDC Hans Fehr à Zurich,qui aurait pu y laisser sa vie) tant l’intention de le violenter était fanatique).L’UDC est pourtant un parti démocratique et même le premier parti de Suisse qui ne fait pas appel à la violence et respecte les lois du pays bien mieux que les gauchistes et autre
black block. Rappelons une nouvelles fois qu’aucun d’entre nous est membre de ce parti) malgré ce que tentent d’insinuer rituellement certains socialistes et communistes, déguisés, pour certains, en  POP(Parti ouvrier populaire).
Il n’est pas acceptable que l’on doive mobiliser des centaines de policiers à Berne pour retenir des hordes de manifestants dont certains n’attendent que le moment de créer des incidents violents pour que les médias parlent d’eux. Encore moins de devoir mobiliser 5000 militaires pour que le Sommet de Davos puisse se tenir. Donc fini l’époque des manifestations tranquilles et à signification claire et visible et admises.

Les casseurs sont entraînés

Selon mon point de vue, tout individu ou groupe devrait pouvoir manifester comme il veut quand il veut sans être agressé et sans engendrer des violences.
Plus généralement , il faut savoir que les  «casseurs» ne sont pas de doux agneaux égarés. Certains participent, par exemple par centaines à des camps d’entraînement et à des «séminaires» pour s’entraîner aux actions qu’ils mettent en pratique lorsque les manifestations «dégénèrent».
Il aura fallu des années pour qu’on n’accepte plus les versions des organisateurs venant prétendre qu’ils avaient «été débordés» par «le succès inespéré du nombre de participants» et qu’ils n’avaient bien sûr «rien à voir avec les casseurs intervenus à la fin de leur manifestation». Pire, certains organisateurs ont osé prétendre qu’ils défendaient les intérêts des commerçants dont les magasins avaient été saccagés quelques instants auparavant. Lors d’un mandat confié par les autorités politiques nous avons eu plusieurs occasions d’observer à quel point rien n’était fait par certains organisateurs lorsque dans une manifestation se trouvaient des individus équipés comme des alpinistes en partance pour l’Himalaya.

Les politiques responsables, sommés d’agir

Autre élément inacceptable : on ne devrait plus se contenter de déclarations provenant de l’autorité politique responsable de la police concluant: «Nous avons au moins évité l’essentiel, il n’y a pas eu de morts».
Il y a longtemps que nous avons passé de quelques déprédations, à la terreur urbaine et de la violence à l’ultra-violence. Des morts, il pourra y en avoir. De même, dans le domaine de la criminalité en général, certains responsables ne pouvaient pas imaginer, il y a peu encore, des braquages à l’arme lourde, avec morts pour un rien.
En bref, pour ce qui est déjà des manifestations, toutes les mesures restrictives envisagées, parfois encore avec gêne, doivent être appliquées au plus vite. Malgré l’opposition de la gauche et de certains écologistes qui jouent aux vierges effarouchées et dont certains crient un peu vite au totalitarisme, pour ensuite se vanter de lutter contre ce dernier. Le cercle est connu.
Les mesures envisagées ne sont nullement inquiétantes(demandez ce qu’ils pensent aux commerçants vandalisés, volés, brisés) : définition préalable des itinéraires, collaboration des organisateurs avec la police, instauration de services d’ordre (personne n’oserait s’insérer dans une manifestation organisée par les syndicats français comptant plusieurs centaines de milliers de manifestants avec un service d’ordre à faire pâlir d’envie ceux qui ne sont pas contre les manifestations dans la dignité), responsabilisation des organisateurs par des menaces d’indemnisation, amendes, interdiction de mettre sur pied de nouvelles manifestations pour les organisateurs irresponsables. Toutes ces mesures susceptibles d’empêcher le chaos et la chienlit sont justifiées.
Ne plus accepter les doubles discours: «Nous on est pacifiques mais on n’a rien pu faire»…
Ceux qui s’opposent à ce genre de mesures sont aussi de grand hypocrites: ils prétendent qu’en rendant les manifestations trop difficiles on créera des effets pervers. De quelle nature? «Cela multipliera les manifestation non autorisées»!

Ce que manifester veut dire

La vraie question: qu’est-ce que manifester veut dire? Le plus regrettable pour la démocratie: que le mot manifestation est en train de devenir synonyme de terreur en ville. C’est cela qui est inacceptable. Au nom de la démocratie, il faut être d’une intransigeance absolue avec ceux qui se revendiquent d’elle pour ne pas la respecter. La manifestation est un bien trop précieux de la démocratie pour la laisser à ceux qui ne savent même pas ce que c’est, tant ils sont mus par la haine que leur ont inculqué ceux qui, quotidiennement, manifestent leur ressentiment envers notre type de société.

Manifestation, démocratie et totalitarisme

Puisse la manifestation redevenir une activité démocratique essentielle, pratiquée de manière pacifique et pourquoi pas joyeuse, afin d’aider à corriger constamment les imperfections de notre société, en sachant que notre type de société est évidemment la pire mais qu’il n’en existe apparemment pas de meilleure; surtout depuis que l’on sait que les avenirs radieux finissent en enfers brûlants, même pour ceux qui ne sont pas croyants. Luttons avec détermination, pacifiquement et démocratiquement, pour que le fanatisme idéologique n’alimente pas une nouvelle fois des totalitarismes de sinistre mémoire. Ces derniers se préparent souvent sans même que l’on s’en rende compte. Méfions-nous de ceux qui hurlent constamment à la liberté en bafouant constamment celle des autres. Ne laissons pas le chemin libre aux nouveaux possédés de toutes sortes et rappelons-nous de ce qu’a dit, par exemple, Fidel Castro: «Le multipartisme est une multicochonnerie. La prétendue démocratie bourgeoise occidentale, qui n’a rien d’une démocratie, est une ordure».
Continuons à lui prouver le contraire. De même qu’à ses fidèles et éternels dévots, toujours aussi aveuglés, alors que les vrais aveugles aimeraient tellement voir.

 

 

 

 

 

 

 

 

7 commentaires

  1. Posté par Julien Kisa le

    C’est amusant, l’article entier a un petit quelque chose de bourgeois, de ce politiquement correct tant méprisé dans d’autres articles. La manifestation ne demande pas le droit, ou alors elle n’en est plus une. Lorsqu’on descend dans la rue on le fait pour se faire entendre, pas pour demander gentillement. La manifestation n’est pas un moyen d’expression démocratique, elle est un acte violent qui dans son essence dépasse quelque modèle de société que ce soit et se fiche bien d’être « respectueuse ». Il est vrai que cela dérange le calme eugénique d’une société âgée et bien-pensante, mais c’est tant mieux. Je prie pour que la jeunesse continue de casser.

  2. Posté par Antonio Giovanni le

    Ce qui me gêne dans toutes ces manifestations c’est l’abus qu’en font les partis mêmes qui ont derrière eux , et même encore devant, un histoire de régimes sauvagement anti-démocratiques et qui sapent les règles civiles occidentales dans l’espoir de contraindre les Etats à la faute politique; transformer une manifestation en acte de pure sédition doit être pris en compte chez nous de la même manière dont lesdits régimes sanctionnent les actes prétendus « ..troubles politiques.. » puisque c’est de cela qu’il s’agit; sauf que les juges idéologisés de nos tribunaux ont bien plus de mansuétude à l’égard de nos trublions que n’en ont les juges identiquement idéologisés à l’égard des leurs dans ces régimes du socialisme réel absolu. Sous une autre c’est encore la guerre contre l’Occident par les mêmes moyens inspirés des enfants de Lénine…

  3. Posté par Olivier Pitteloud le

    Comme dis dans un autre article la RSR étant majoritairement composée de gauchistes, elle crache sans honte sur la droite et en particulier sur l’UDC car ça fait bien, c’est dans l’air du temps de les critiquer…. et évidemment, les moutons qui les suivent s’insurgent tous qu’on ait envie de protéger nos familles avant de protéger des pseudos réfugiés.

  4. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Le commentaire de Marie-France Oberson me rappelle une pensée surgie de nulle part! A propos de la Presse! Qui se souvient de l’ivresse de Noé, qui se dénude dans sa tente? Notez qu’on peut y voir autre chose qu’un abus de pinard, mais c’est une autre histoire. Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père et alla dehors l’annoncer à ces frères! Lesquels pénétrèrent à reculons dans la tente du père pour en couvrir la nudité. Tout le contraire de la Presse donc! Ayant mentionné cette histoire j’aimerai qu’on y voie plus qu’une simple affaire de pudeur corporelle. Par ailleurs, la détestation de Castro envers les partis ayant été mentionnée, elle m’a rapellé de Gaulle, et « le grenouillage des partis ». Or ne faut-il pas constater que ça grenouille en rafales, en période pré-électorale surtout! Même la Presse en convient parfois.

  5. Posté par François Etienne le

    … Suppression des contrôles aux frontières, libre circulation globalisée, démission des parents, socialisme nounours tous azimuts, disproportionnalité des peines par rapport aux délits, immigration massive et non contrôlée, bref, voilà quelques thèmes centraux qui contribuent à la croissance de la violence, de la petite délinquance, pour atteindre petit à petit la barbarie.

    Société dans laquelle la victime est oubliée, tandis que l’agresseur est plaint, glorifié ! Un seul exemple courant : insulter, injurier, détruire du matériel sont des actes élevés au niveau de l’incivilité. Quel beau terme pour ne pas froisser l’ego d’un petit voyou confirmé ou en devenir, mal élevé se permet n’importe quoi.

    Quand le bâton sera-t-il mis dans la fourmilière de ces comportements bien trop banalisés ?

  6. Posté par Marie-France Oberson le

    « On pourrait aussi se demander si les milliers d’articles négatifs,dénigrants et diabolisant -oui des milliers- écrits depuis des années par la plupart des journalistes n’ont pas contribué à certains passage à l’acte (voir la photo ci-jointe de l’agression de l’UDC Hans Fehr à Zurich, qui aurait pu y laisser sa vie) tant l’intention de le violenter était fanatique). » Absolument, je pense que la presse a une grande part de responsabilité dans l’attitude parfois violente (physique ou verbale) de certains citoyens envers l’UDC. Les moutons ne sont pas forcément là où cette même presse nous les désignent!

  7. Posté par Inma le

    Je ne puis m’empêcher de voir une ressemblance entre les manifestants violents et les hooligans capables de transformer une rencontre sportive anodine en bataille (dé)rangée. Dans les deux cas, les villes sont paralysées, parfois saccagées… (Et où sont les droits de ceux qui n’ont que faire du match ou de la « cause » dont il est question? ). Dans les deux cas, l’impact médiatique se trouve du côté de ceux qui gueulent le plus fort. Il suffirait d’appliquer aux deux catégories le principe du casseur-payeur, tout en se fichant éperdument de leurs revendications…

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