Un plan pour couler définitivement l’automobile française.

Francis Richard
Resp. Ressources humaines
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Les socialistes ne veulent pas fâcher leurs alliés écolos qui ne représentent pourtant plus grand-chose sur le plan électoral. Le gouvernement socialiste a annoncé, en guise de plan automobile, de nouvelles dépenses publiques, assorties de conditions contreproductives.

Le 25 juillet 2012 les Français ont eu droit à deux annonces:

-          PSA Peugeot Citroën a annoncé des résultats semestriels catastrophiques

-          Le gouvernement socialiste a annoncé, en guise de plan automobile, de nouvelles dépenses publiques, assorties de conditions contreproductives.

PSA Peugeot Citroën a en effet annoncé pour le 1er semestre 2012 une perte nette part du Groupe de 809 millions d’euros et un free cash-flow de – 954 millions d’euros hors éléments exceptionnels. Ce qui veut dire que PSA n’est plus rentable et qu’il consomme ses liquidités à un rythme soutenu, insupportable, l’obligeant déjà à céder des actifs.

Au 1er semestre 2012, le chiffre d’affaires du Groupe a baissé de 5,1% par rapport à la même période de 2011 et le chiffre d’affaires de la division Automobile du Groupe – les deux tiers du chiffre d’affaires total –, a baissé de 10,2%.

PSA réalise 61% des ventes de sa division Automobile sur le marché automobile européen. Or ce marché est en fort recul, particulièrement dans les pays, dont l’économie se porte comme un charme, et où le Groupe est le mieux implanté, que sont l’Italie, le Portugal ou l’Espagne… Or, sans être devin, le repli devrait s’y poursuivre en 2013.

PSA, dont près de la moitié des employés travaillent dans des usines françaises, illustre très bien le fait que le patriotisme industriel est une aberration. Surtout dans un secteur aussi concurrentiel et aussi capitalistique que celui-là.

En conséquence PSA subit de plein fouet le coût élevé en France de la main d’œuvre, des nombreuses réglementations étatiques, des multiples taxes. Au contraire de Renault, un peu mieux loti, qui a largement délocalisé dans l’est européen…

PSA, en surcapacité en France, doit donc y réduire ses coûts de structure. Cela passe notamment par l’arrêt de la production du site d’Aulnay, par l’adaptation du site de Rennes, par les revitalisations de ces deux sites et par des réductions d’effectifs, pudiquement baptisées ajustements de structures.

Pour améliorer sa situation générale, cela passe également par une réduction des investissements, une fois achevées les montées en capacité initiées dans les pays émergents que sont la Russie, le Brésil et la Chine, où les marchés seront en expansion l’an prochain. Cela passe enfin par les synergies attendues de l’Alliance avec General Motors.

Dans ce contexte que propose le gouvernement socialiste français? Comme le fit le gouvernement Fillon, de doper artificiellement la demande automobile en France par le doublement des primes à l’achat des véhicules hybrides, qui passeront de 2 à 4'000 euros, et par l’augmentation des primes à l’achat des véhicules électriques, qui passeront de 5 à 7'000 euros.

Les socialistes ne veulent pas fâcher leurs alliés écolos qui ne représentent pourtant plus grand-chose sur le plan électoral. Ils veulent donc leur faire plaisir. L’automobile tant décriée naguère retrouve des vertus, et des couleurs vertes, quand elle est hybride ou électrique…même si cela n’a rien à voir avec le marché mais tout à voir avec une mauvaise allocation de capital.

A quelles conditions seront accordées ces largesses qui fausseront donc le marché?

Le gouvernement socialiste demande:

-          Que les prix des véhicules soient maintenus;

-          Que les constructeurs ne délocalisent plus;

-          Que les sites de production soient pérennisés.

Ce qui veut dire:

-          Que, si les coûts continuent d’augmenter, les marges seront encore réduites ou que la productivité devra augmenter (on se demande comment);

-          Que, ce qui a permis, entre autres, à Renault de mieux s’en sortir que PSA, leur sera désormais interdit à tous deux ;

-          Qu’il ne sera plus possible d’ajuster les structures, c’est-à-dire de réduire les effectifs si nécessaire.

Conclusion: il s’agit d’un plan pour couler définitivement l’industrie automobile française en la plaçant sous étroite tutelle étatique.

 

6 commentaires

  1. Posté par François Etienne le

    Pour n’évoquer que le domaine automobile, franchement la schizophrénie atteint son comble ! On veut re-dynamiser, redresser l’industrie automobile, alors que la mobilité individuelle est combattue partout : cela va de l’hyper-inflation des giratoires à la répression financière tous azimuts de l’automobiliste, en passant par les pics d’ozone, la pollution sonore et atmosphérique … Les autoroutes et routes ne suffisent plus à canaliser ce flot de bagnoles se déplaçant avec un passager pour aller chercher une livre de pain ou le journal.

    La migration automobile française de juillet / août, avec des bouchons, des morts, des blessés trop oubliés, démontre que la crise est toute relative. Globalement, cette mobilité imposée constitue un immense gâchis en ressources fossiles.

    L’honnêteté dicte une attitude objective, selon laquelle l’industrie automobile au sens large, est un facteur économico-financier dont tout toussotement induit le chômage, la décroissance d’une fausse croissance, au surplus aveugle. La voiture électrique, montrée à tort comme la panacée, ne résoudra rien, bien au contraire.

    Les sociétés occidentales ont déroulé leur tapis d’illusions, tapis dont on voit maintenant le bout. L’automobile s’est transformée en un fléau, en un piège sur lesquels les Etats vivent de par des taxes, des impôts, des émoluments, des amendes. Et comble du malheur, la surabondance de véhicules est en train de donner le coup de grâce à cette fameuse liberté du transport privé, réelle liberté qui pouvait encore être appréciée à sa juste valeur avant la surproduction de voitures.

    Cette mobilité morbide est en train de pourrir les transports publics, en voie d’être pris d’assaut ! De plus en plus, malgré lui, le citoyen lambda DOIT se déplacer de plus en plus loin pour acquérir son salaire. C’est notamment à ce niveau que les sociétés civiles doivent revoir leur copie. Un retour raisonnable aux proximités est la vraie solution, en aucun cas la fuite en avant dans la production d’une industrie dépassée.

    Pour parler de la France, l’aide étatique de par la succession de plans foireux n’est qu’un leurre dans lequel le socialisme s’enfonce dramatiquement, après, il est vrai, les erreurs stratégiques majeures des gouvernements antérieurs. Personne ne semble vouloir comprendre que toute saturation entraîne inéluctablement des blocages. Il est temps de réfléchir sérieusement à l’avenir de ces sociétés humaines confrontées aux résultantes de leurs contradictions.

  2. Posté par Antonio Giovanni le

    Remplacer l’innovation industrielle par le dirigisme étatique ce n’est pas nouveau et cela n’a fonctionné nulle part avec les rendements attendus d’investissements exorbitants; du moment que l’Etat est prêt à payer, qu’importe le coût en disproportion aberrante avec les résultats; on ne sait plus quelle ligne économique Hollandayrault tente de suivre: ni franc capitalisme, ni franche soviétisation; un peu de tout, en sorte que chaque coup de la première méthode détruit sûrement le pas symétrique de la seconde et réciproquement; la Chine, à peine arrivée en Grèce, y fait déjà ses emplettes à tous les rayons et fera de même en France, car Hollandayrault ne manquera pas de l’y inviter; l’attrape nigaud, c’est que la Chine importe sur place les Chinois qui feront tourner la machine grecque (ou française), ainsi l’illusion que la Chine est prête à aider l’Europe se dévoilera plus tard, mais trop tard: la Chine n’aide que soi-même. Et l’ouvrier français restera sur le carreau ; mais pour le marchand de perlimpinpin qu’est Hollandayrault, le semblant est bien la seule chose qui importe en vue des échéances électorales..

  3. Posté par Jean-Guy Berberat le

    J’oubliais de relever que les problèmes de fond de l’industrie automobile française, ses surcapacités et son manque de compétitivité, ont été totalement occultés. Si l’on en croit le président « normal », le volet compétitivité sera à l’ordre du jour de ses réflexions en … 2014! Rien ne presse, voyons! D’ailleurs le reste du monde aura le fairplay d’attendre et de ne pas évoluer entretemps. Et puis, il y a d’autres priorités: le mariage homosexuel, le droit de vote des étrangers extra-européens, le contrôle … des contrôles d’identité, entre autres urgences. Faute de sauver son économie, la France sauvera ainsi son âme, du moins telle que les socialistes l’imagine. N’est-ce pas l’essentiel?

  4. Posté par Jean-Guy Berberat le

    A une époque où l’économie est mondialisée, où le cycle de vie des produits industriels et des prestations de service n’a jamais été aussi court, où le rythme des innovations n’a jamais été aussi rapide, ce n’est pas la préservation des places de travail qui est déterminante, c’est la création de nouvelles activités, de nouveaux métiers, donc de nouveaux emplois. Ce qu’il faudrait faciliter, ou du moins de pas entraver, ce sont les investissements et les sources de profit plutôt que la consommation intérieure, c’est le bénéfice des entreprises plutôt que le déficit public, c’est la flexibilité et l’initiative plutôt que la réglementation et le dirigisme. La politique de ce triste Ayrault qui tient lieu de premier ministre et qui croit faire du keynésianisme à coups d’impôts et de subventions, va à fin contraire. Non seulement elle ne permettra pas d’éviter une seule fermeture d’usine (dans l’automobile ou ailleurs) mais elle en empêchera la création de nouvelles. C’est la pente fatale où conduit l’idéologie préférée à l’esprit d’entreprise. Avoir choisi pour ministre de l’industrie (même renommé « du redressement productif », expression grotesque illustrant la langue de bois gauchiste) un avocat d’extrême-gauche, ennemi déclaré des patrons avec qui il devrait dialoguer, est révélateur de l’incompétence du pouvoir actuel. Montebourg se qualifie lui-même de « pompier ». Un commentateur l’affublait d’un pistolet à eau. Ce serait préférable parce qu’avec une lance à incendie il ferait plus de dégâts que le feu!
    Hollande et sa cour pensent faire œuvre positive en chargeant fiscalement plus lourdement les grandes sociétés que les PME. D’accord, il n’y a pas de raison d’avoir deux poids deux mesures, conséquence des innombrables aberrations du système fiscal hexagonal. Mais c’est ignorer que les PME sont généralement les sous-traitants de ces grandes sociétés tellement honnies et que, par conséquent, leur vie et leur survie en dépendent.
    Ajoutons que le nationalisme économique que préconisent ces internationalistes que se prétendent les socialistes, est une pure aberration. Ce qui pourrait aider PSA, ce n’est pas que les consommateurs français achètent plus ses véhicules, mais que d’autres, en Europe et ailleurs dans le monde, le fassent. Le recours inepte à des « cinéastes militants » (sic, Montebourg dixit) à fin de propagande, n’y contribuera en rien!

  5. Posté par MARTIN DESMARETZ de MAILLEBOIS le

    Officiellement, il vient d’être avoué ( Cour des Comptes ) que l’Etat, avec toute sa galaxie associative comme de collectivités subsidiaires locales, d’entreprises dites « publiques », gérait plus de 52% des dépenses effectuées en France ne laissant en faire que 48% à tout le domaine dit « privé ». De ce fait, 104% des dépenses d’investissements et de consommations privées sont pompés en impôts divers et variés pour alimenter la « machine ». La hausse ininterrompue de la masse monétaire n’a pas d’autre justification que d’alimenter les flux financiers nécessaires à l’expansion « publique »… quand le « privé » est en récession. Quand on a dépassé les 100%, il n’y a plus d’impôts payables, mais un pouvoir totalitaire s’impose sur tous les producteurs qui grandit, et cela est son seul et unique but, car il ne voit aucune limite à son expansion écrasante ! Donc, j’attends l’explosion par divergence de la centrale atomique anti-monétaire que j’ai déjà décrite, avec impatience, seule capable de nous débarrasser de ce cancer.

  6. Posté par Descamps le

    Excellente analyse qui devrait être confirmée dans les mois à venir qui verront s’aggraver les problèmes. La meilleure solution pour PSA et Renault est de refuser ces conditions et les avantages qui les accomapgnent.

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