Vincent Badré: L’histoire fabriquée

Evénement de la rentrée, qui suscite effroi et silence coupable au sein de la nomenklatura politico-médiatique, Vincent Badré est le premier à être allé chercher les preuves de ce que tout le monde ressent. Un livre qui fait toute la lumière sur les obscures méthodes de l’enseignement public en France. Interview.

Orwell l'avait annoncé(1), Badré l'a démontré, le pouvoir en place entend exercer une influence sur les idées par l'intermédiaire de son monopole sur l'enseignement. S'il est vrai que l'on reconnaît l'arbre aux fruits qu'il porte, il paraît simple alors de changer les fruits pour transformer l'arbre.

Le marteau des évidences

Pendant plusieurs années, Vincent Badré, enseignant en région parisienne, a collecté, dans les manuels d'enseignement, les exemples de glissements idéologiques pour leur opposer rien moins que l'observation scientifique.

Sa conclusion est sans appel, Vincent Badré dénonce « un enseignement unilatéral, qui ne donnerait pas de nuances, qui ne chercherait pas à faire comprendre la réalité du passé. C'est-à-dire, qui réduirait finalement le passé à une annonce de la merveilleuse époque que nous vivons(1) ». O brave new world ! (2), serait-on tenté de penser.

« On a un enseignement qui est orienté, pour beaucoup de choses, mais aussi un enseignement qui ne réfléchit pas [...] C'est un enseignement qui privilégie un point de vue, un enseignement qui ne va pas donner à réfléchir sur l'humanité des gens ».

La pensée, et le travail, de Vincent Badré apparaissent essentiels, alors que les étaux légaux et idéologique se resserrent, chaque jour de plus en plus, sur l'école, et que toute velléité de réflexion commence à paraître suspecte.

Parfum de polémique

A cet égard, la réaction des acteurs de l'enseignement public ne s'est pas faite attendre. Un collectif dénommé Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire (CVUH) se fendait bientôt d'un article affligeant sur le site d'information Mediapart, dont le titre suffit à valider toute la démarche de Vincent Badré: «  Vague brune sur l’histoire de France ». Petit détail, les auteurs de cette diatribe enflammée réagissaient à un article du Figaro sans avoir lu l'ouvrage qu'ils critiquaient; ouvrage qu'ils ne pouvaient obtenir au moment de la publication de leur brûlot.

Badré ne se laisse pas impressionner le moins du monde, confiant dans sa méthode, il déclare: « Le simple fait d'en parler, le simple fait de dire que les manuels sont peut-être trop repentants sur certains sujets, c'est du nazisme pour les gens qui ne lisent pas les livres, qui ne réfléchissent pas, qui n'ont qu'un réflexe, dire que tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux sont des nazis ». Et de rappeler la citation, oubliée par les manuels, de l'historien George Mosse qui dit que « l'une des origines du fascisme, du nazisme et du communisme, c'est la tradition révolutionnaire française du XIXe siècle »;  de toute évidence, certains semblent mieux supporter la contradiction que d'autres.

Monument de pensée résistante

Le livre évènement de Vincent Badré a certes le défaut d'étriller le politiquement correct et d'écraser les prétentions de la pensée unique sur l'enclume des dernières avancées des sciences historiques.

Loin de toute polémique, le message de l'Histoire fabriquée est avant tout de revenir, au-delà des sollicitations idéologiques, à l'histoire des faits, à la science des preuves, et donc, en fin de compte, à la raison.

Ce que Vincent Badré dénonce avant tout, ce sont les lacunes volontaires de l'histoire officielle, qui, comme autant de tâches aveugles sur des éléments critiques essentiels du passé, finiront par fonctionner comme des oeillères sur les mentalités. Si la méthode est habile, elle n'en ressemble pas moins à celle de tous ces régimes que cette nouvelle histoire oublie de dénoncer pour les bonnes raisons. Le mot célèbre, qu'il soit de Marx ou de Renan, est presque trop facile à citer dans ce contexte: « ignorer l'histoire c'est se condamner à la revivre »; et pourtant...

Un livre à mettre entre toutes les mains, l'Histoire fabriquée, ce qu'on ne vous a pas dit à l'école, éditions du Rocher.

Voir aussi le blog de Vincent Badré, http://www.histoirefabriquee.com/

 

L'interview de Vincent Badré

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Extraits de l'Histoire fabriquée (avec l'aimable autorisation de M. Vincent Badré).

p. 31

p. 32

Extraits en format Word

(1) Si tous les autres acceptaient le mensonge imposé par le Parti – si tous les rapports racontaient la même chose –, le mensonge passait dans l’histoire et devenait vérité. « Celui qui a le contrôle du passé, disait le slogan du Parti, a le contrôle du futur. Celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé ». Georges Orwell, 1984.

(2) Shakespeare et surtout Huxley.

3 commentaires

  1. Posté par Patrick Dupont le

    cette situation est dénoncée depuis de nombreuses années sans que rien ne change, au contraire.
    l’Ecole est le Moyen le plus formidable jamais mis en oeuvre par l’oligarchie pour lobotomiser le cerveau de nos enfants et en faire à terme des citoyens « bien pensants », bien dociles!
    l’Ecole, les merdias, les syndicats et les kultureux sont ensembles les plus formidables propagandistes.
    Ne soyons donc pas surpris par l’absence de conscience politique, par l’inculture économique par l’ignorance historique, de nos concitoyens , c’est le résultat de plusieurs décennies de lavage de cerveau.
    Pas besoin de fusillade, pas besoin de camps de concentration (ou de goulags !) , il suffit de prendre le contrôle des cerveaux. Et ça marche formidablement bien !
    permettez moi de conseiller la lecture d’un excellent livre de PHILIPPE NEMO « La France aveuglée par le socialisme » parut fin 2011. Tout y est !
    sites de ré information
    excellente lecture

  2. Posté par Jean Romain le

    Le pouvoir de gauche a toujours imaginé qu’il pourrait changer la société en idéologisant l’école. Rien de nouveau ici. Les gardes rouges de la sous-culture veillent sur les élèves, ils psalmodient le bréviaire de la secte pédagogiste qui veut mettre l’élève au centre et le savoir sous contrôle.

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