Pendant ce temps, Obama joue au Golf..

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golfObama joue au golf. Obama fait ses courses. Obama mange des « burger ». Obama danse. Obama chante. Cela pourrait ressembler aux titres d’un cours de langue étrangère. C’est le feuilleton organisé autour de la personnalité du Président des Etats-Unis. Cet homme à la démarche souple, au sourire communicatif est à l’aise dans son corps et dans ses paroles. Il sait trouver le ton juste. C’est sans doute l’un des plus mauvais présidents américains, assez scandaleusement plébiscité par les médias, notamment en France, mais qui laissera sa trace dans l’histoire parce qu’il aura été le plus brillant exemple de l’évolution politique de notre époque dans les démocraties occidentales. Le phénomène essentiel en est la « peopolisation ». L’autorité, le prestige, la distance, le faste des cérémonies caractérisaient le pouvoir du passé. L’appel au peuple dans une ambiance tragique équilibrait le rapport entre le détenteur du pouvoir  et le souverain légitime dans une démocratie. En France, à l’exception apparente des bains de foule, le général de Gaulle incarnait cette conception. Giscard d’Estaing a été le premier a la bousculer, avec une photographie novatrice, les repas chez les particuliers et les éboueurs à l’Elysée : tentative artificielle et maladroite, échec total. Obama réussit l’opération à la perfection. Le message direct est limpide : lorsqu’à l’approche de noël, l’homme le plus puissant du monde fait ses courses, il a les mêmes préoccupations que tout le monde. Il est comme tout le monde. C’est extrêmement rassurant parce qu’une personne comme vous et moi, qui aime sa femme et ses enfants, qui promène son chien, est dans le fond un brave type qui ne fera pas de bêtise.

La peopolisation est cependant ambiguë. D’un côté, elle montre que les puissants sont des gens aussi. Vous aimez les « burgers ». Obama, aussi. Il préfère même les « Five guys ». D’un autre, elle met l’accent sur la vie privée des personnages publics. Cela a commencé avec les stars du monde du spectacle descendues de leur ciel pour rappeler les petits côtés de leur humanité, mais aussi pour influencer les comportements, déterminer les modes, libérer les fantasmes, par mimétisme chez ceux qu’elles fascinent. Désormais, le monde politique bascule dans cette médiatisation, avec une double conséquence. La première semble bien légitime en démocratie : elle fait tomber les barrières. La seconde est plus pernicieuse : à force de souligner les anecdotes de la vie « privée » du responsable politique, on perd de vue l’essentiel, on évalue le style, mais on oublie les objectifs et le bilan. Sur ce plan, Obama est un artiste. Il fait penser à ce personnage du Livre de la Jungle, Kaa, champion de l’hypnotisme, car il a un prodigieux talent, celui d’endormir une bonne partie du peuple, et plus encore les intermédiaires que sont les politiciens et les journalistes. On se souvient de l’enthousiasme soulevé en France par son élection, y compris à « droite ». Rares sont les voix indignées par ce « Prix Nobel de la Paix », par anticipation, qui a laissé la guerre se répandre dans une large partie du monde.

Obama joue au golf, mais il y joue dans le Massachussets, le lendemain du jour où il réagissait à la décapitation du journaliste américain, James Foley, en déclarant que ce crime « choquait la conscience du monde entier » et qu’il « ferait le maximum pour que justice soit faite ». Les assassins de l’Etat islamique occupent toujours une grande partie de la Syrie et de l’Irak. Les Américains et le monde « choqué » attendent-ils que justice soit faite ? Non, car le feuilleton leur a fait oublier la promesse. Pendant qu’Obama joue au golf, la guerre se répand autour du Golfe. Les djihadistes semblent curieusement peu souffrir de la mobilisation de 63 pays contre eux. Les alliés des Etats-Unis font pleuvoir leurs bombes sur le Yémen, avec plus d’entrain que contre les tueurs de James Foley. Les « Shebab » somaliens, de l’autre côté de la Mer Rouge, continuent leurs sanglantes incursions au Kenya. Justement, Obama s’y rend. C’est le pays de son père, et on retient de sa visite, son élégante démonstration de « lipala », la danse traditionnelle du pays. Habituellement, c’est sa femme, qui dans le duo, assurait la partie dansée, notamment dans les « talk-shaws » les plus regardés, avec Ellen de Generis ou Jimmy Fallon.

Le Dollar et le gaz de schiste ont rendu quelques couleurs superficielles à l’économie américaine, l' »obamacare » peine à atteindre ses objectifs, les armes continuent à circuler et à tuer, mais Obama est parvenu à récupérer le drame de la tuerie de Charleston en chantant Amazing Grace lors des funérailles des victimes. Toujours le mot ou le geste qu’il faut pour provoquer l’empathie avec son public ! Premier noir à la Maison Blanche, Obama aurait pu être insupportable si la majorité l’avait soupçonné d’une volonté de revanche. Il est au contraire le champion du politiquement correct, le talentueux véhicule des idées qui ne dérangent pas. Avocat du lobby gay, il va même défendre la cause du mariage unisexe auprès des Kenyans. Mais son discours s’adresse à d’autres, ses compatriotes et le microcosme médiatique qui les influence. Il ne s’agit pas de réfléchir sérieusement sur l’anthropologie, mais de faire entendre la voix doucereuse du « vivre ensemble », celle qui refuse qu’on puisse empêcher les gens de s’aimer, message sirupeux qui touche aujourd’hui autant les familles respectables que les midinettes.

A défaut d’avoir désarmé les Américains, Obama aura été l’un d’un politiciens qui auront désarmé l’Occident, affaibli  sa capacité de résistance, édulcoré ses valeurs. Le monde, selon Obama : Cuba n’est plus une dictature infréquentable ; l’Iran va respecter l’accord sur le nucléaire ; la Russie de Poutine continue en revanche à être une menace. Par ailleurs, l’Afrique du Nigéria à la Libye et à la Mer Rouge est frappée par les violences religieuses et ethniques qui expliquent en partie les migrations subies par l’Europe. Pendant ses deux mandats, Obama aura laissé croître ce grand désordre par une politique apparemment incohérente, mais il aura surtout réussi à détourner l’attention et à endormir les consciences.

 

 

Extrait de: Source et auteur

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Un commentaire

  1. Posté par daniele le

    Il a joué de sa condition de noir. Aurait-il fait comme Taubira, la ministre de la Justice française qui ne cesse de se victimiser en revenant toujours à la référence « esclavage ». Si les homologues d’Obama avaient contredit ses décisions qu’aurait il fait ?

    Je pense qu’il a beaucoup profité de sa « négwitude » sachant que les autres n’oseraient pas lui reprocher les décisions catastrophiques prises pendant ses mandats, tant pour l’Amérique que pour l’Occident en général et surtout pour l’Europe, en particulier

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