Ce que pensent les pays pauvres d’Europe du cas grec…

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Reprise de quelques articles intéressants

La crise grecque: ce qu’en pensent les pays les plus pauvres d’Europe

Manifestation de pro-européens devant le Parlement à Athènes après que les citoyens ont rejeté les mesures d’austérité proposées par les créditeurs, le 9 juillet 2015.© Ayhan Mehmet / ANADOLU AGENCY

La Lettonie, l’Estonie ou encore la Bulgarie prônent la fermeté face à la Grèce. Ces pays d’Europe de l’Est, les plus pauvres de l’Union européenne, en ont assez de toute l’attention portée sur la crise grecque depuis plusieurs années.

«J’ai entendu dire que certains retraités grecs touchaient plus de 1000 euros par mois. C’est outrageant. Je refuse de payer leurs dettes s’ils gagnent des fortunes comparé à mon salaire», a déclaré à l’AFP Martina Lelovicova, une serveuse à Bratislava, la capitale slovaque. Dans une Europe plurielle, où les écarts économiques sont importants entre les pays de l’Est et les pays de l’Ouest, la crise grecque n’est pas vécue de la même façon. Dans ceux où les salaires sont beaucoup moins importants, elle agace même.

Des efforts nécessaires

La Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie font partie des pays partisans d’une ligne dure face à la Grèce. Ils clament depuis longtemps qu’ils sont trop pauvres pour payer les erreurs d’une Grèce plus riche. Ces pays ne transigent pas; ils l’exhortent à se soumettre aux mesures d’austérité et aux réformes prévues par le programme de sauvetage de 240 milliards d’euros proposé par ses créanciers. Cela s’explique par les difficultés qu’ils ont eues, eux, pour entrer dans la zone euro et y rester. La Lettonie, par exemple, avait subi la plus grave récession dans le monde lors de la crise en 2008-2009, voyant une baisse de 25% de son PIB.

La Bulgarie, qui négocie encore son entrée dans l’euro, s’insurge, écrit l’Obs. Ce pays de près de 7 millions d’habitants est le plus pauvre de l’Union européenne. Depuis 1990 et la chute du communisme, les Bulgares ont le sentiment de vivre dans une crise permanente, contrairement aux Grecs qui souffrent économiquement depuis cinq ans.

Le gouvernement bulgare reproche aux partenaires européens d’être trop souples avec la Grèce. Alors qu’eux, pour rejoindre l’euro, s’attachent à faire des efforts pour réduire le déficit public et la dette selon les critères de Maastricht. Toujours selon l’Obs, le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, s’indignait le 25 juin 2015 à Bruxelles: «Arrêtons de perdre du temps sur la Grèce, cela fait des années que cela dure. Et tout ce que j’entends est qu’ils veulent plus d’argent mais qu’ils rechignent à faire des réformes. Qu’ils fassent leurs réformes ou qu’ils en assument les conséquences !»

Un gouffre entre les différents salaires

Cette intransigeance trouve sa source dans la différence de salaires entre leurs pays et la Grèce; une donnée objective qui parle aux citoyens. Si la retraite en Grèce atteint 900 euros par mois; en Slovaquie, elle est environ de 380 euros. Ce pays d’Europe de l’Est a rejoint l’Union européenne en 2004 et est entré dans la zone euro en 2009. Cette année, avec près de 3% de croissance, il est le meilleur élève de l’Europe.

La Bulgarie, la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie appliquent un salaire minimum inférieur à 500 euros. Celui de la Grèce, de 684 euros, fait partie de la moyenne des pays européens. Alors que les salaires minimums en France et en Allemagne se situent autour de 1400 euros. Les pays baltes ressentent alors une forme d’injustice et d’incompréhension. «Les Estoniens ne comprennent pas l’attitude des Grecs. Nous avons l’habitude  de faire des économies et de vivre sobrement», explique à l’AFP Merit Kopli, l’éditeur en chef du plus grand journal estonien.

Depuis cinq ans, l’Europe a le regard tourné vers la Grèce et ses problèmes de dettes, alors que les derniers arrivants dans la zone euro ont dû faire beaucoup de concessions pour y entrer. Mais, contrairement aux idées reçues, cela ne veut pas dire que la Grèce n’a pas fait d’efforts explique LeMonde.fr.

Les Grecs ont vécu la crise de plein fouet depuis 2010, le nombre de pauvres a crû de 30% entre 2008 et 2013. En cause, les mesures d’austérité qui ont suivi. Le gouvernement d’Aléxis Tsipras s’est récemment engagé à réformer le système de retraite et la fiscalité. Les efforts sont notables: la Grèce a soumis une nouvelle proposition à ses créanciers, vendredi 10 juillet. Les ultimes négociations pour maintenir la Grèce dans l’euro viennent de s’achever, un accord à l’unanimité a été voté. Mais si le risque de Grexit est derrière eux, le pays va devoir redoubler d’efforts pour se maintenir dans la zone euro et plonger un peu plus dans l’austérité.

Source : Amira Bouziri, pour Geopolitis/France TV Info, le 13 juillet 2015.


Grèce : l’exaspération des voisins bulgares

Le pays le plus pauvre de l’UE s’est érigé en porte-parole des Etats qui ne veulent pas faire de concessions à Athènes.

La Bulgarie pourfend une Grèce qui, selon elle, profite de l'argent de l'Europe sans accepter de faire les réformes attendues. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

La Bulgarie pourfend une Grèce qui, selon elle, profite de l’argent de l’Europe sans accepter de faire les réformes attendues. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

Déjà, tout au début de la crise grecque, en 2010, l’éditorialiste d’un grand quotidien bulgare se déchaînait : “Je ne m’inquiète pas pour les Grecs : ils continueront à recevoir de l’argent de l’Union européenne, à jouer au backgammon et à boire de l’ouzo à longueur de journée alors que nous [les Bulgares], on ira cueillir leurs olives et leurs oranges pour une bouchée de pain”.

Cinq ans plus tard, ce 25 juin 2015 à Bruxelles, le premier ministre bulgare, Boïko Borissov, du parti GERB (centre-droit), est à peine plus diplomate :

Arrêtons de perdre du temps sur la Grèce, cela fait des années que cela dure. Et tout ce que j’entends est qu’ils veulent plus d’argent mais qu’ils rechignent à faire des réformes. Qu’ils fassent leurs réformes ou qu’ils en assument les conséquences !”

Porte-parole des anti-concessions

Et le chef du gouvernement bulgare d’enfoncer le clou, citant les efforts de son pays pour réduire le déficit public et la dette selon les critères de Maastricht :

Nous aussi, nous voulons donner plus pour les salaires et les retraites. Qui ne le voudrait pas? Mais nous respectons la discipline financière”.

Le premier ministre bulgare s’est érigé en porte-parole des pays de l’UE qui ne veulent pas faire de concessions à Athènes parce que, dit-il, “les plus pauvres [comme les Bulgares] sont obligés de payer pour les plus riches [les Grecs]“.

Sofia applique, depuis une grave crise financière en 1996-97, un régime d’austérité draconien sous l’égide du Fonds monétaire international. Ce régime lui vaut d’arborer une des plus faibles dettes publiques de l’UE.

Certes il faut relativiser le coup de gueule de Boïko Borissov, qui règle aussi des comptes politiques. Le très conservateur premier ministre, qui affronte dans son pays les ex-communistes devenus “socialistes”, déteste les “gauchistes” de Syriza, la “coalition de la gauche radicale” au pouvoir à Athènes.

En Bulgarie, la situation politique et économique est le miroir inverse de la Grèce. Alors qu”à Athènes l’oligarchie est à droite, en Bulgarie, les communistes, devenus “socialistes”, se sont transformés en une “oligarchie rouge”, des capitalistes “de gauche” très puissants.

Le pays le plus pauvre de l’UE

Mais, toute considération politique mise à part, les opinions de Borissov reflètent assez bien l’état d’esprit de la population de Bulgarie (près de 7 millions d’habitants), le membre le plus pauvre de l’UE. En Bulgarie, le salaire minimum et la retraite moyenne sont de 180 euros.

En Grèce voisine, malgré l’austérité, la retraite moyenne est près de 600 euros et le salaire minimum (même réduit) à 580 euros. Beaucoup de Bulgares ont le sentiment de vivre en crise permanente depuis 25 ans, depuis la chute du communisme en 1990, et non pas depuis cinq ans comme les Grecs. Ils sont exaspérés par la “saga athénienne”.

Lili Gouneva, 47 ans, qui travaille à l’insertion des Roms à Sofia, en veut à Syriza mais aussi aux Européens :

Pour moi Syriza, ce sont des populistes d’extrême gauche hors pair qui promettent tout et n’importe quoi. En même temps, c’est un peu de la faute de l’Union européenne si Syriza est au pouvoir aujourd’hui : ce laisser-aller grec pendant ces quinze dernières années, sans aucune réaction sérieuse de la part d’aucune institution européenne, c’est quand même grandiose ! Alors que les nouveaux membres comme la Bulgarie et la Roumanie sont scrutés au microscope et que pour le plus léger faux mouvement ils se font taper sur les doigts. Les institutions européennes doivent être également sanctionnées pour avoir observer sans réagir le déroulement de la tragédie grecque.”

Lili avait prévu d’aller en vacances cet été en Grèce. Elle y a renoncé, comme beaucoup de ses amis : “Pas question d’y foutre les pieds tant que Syriza n’aura pas débarrassé le plancher !”, s’exclame-t-elle, en reconnaissant qu’elle est un peu “extrême”.

“Un syndrome balkanique”

Ancien dissident franco-bulgare, Alfred Foscolo, qui a passé de longues années en prison pour s’être opposé au totalitarisme communiste, garde toujours une froide capacité d’analyse et d’observation : “Les réactions des Bulgares vont de l’incompréhension de l’attitude, qualifiée de suicidaire, du gouvernement grec actuel à la satisfaction mauvaise de voir la déconfiture de l’arrogance hellène. Les Bulgares disent : ”Les Grecs récoltent ce qu’ils ont semé. Ils en ont bien profité pendant que nous ici, qui payons les dettes de la faillite communiste en silence, on a tendance à nous oublier.” Quant à Syriza, ce parti est souvent ouvertement qualifié de cryptocommuniste, de poutinophile, de cheval de Troie de Moscou destiné à ébranler l’Union Européenne. Tsipras et Vanoufakis sont indifféremment traités de “rouges”, de “démagogues” et de “bouffons”, qui n’ont accédé au pouvoir que parce que la Grèce n’a pas connu le communisme”.

Mais Alfred Foscolo nuance :

Cette quasi unanimité à accuser et moquer les Grecs est tempérée par une autocritique plus lucide qui croit reconnaitre dans la crise grecque un syndrome balkanique de corruption, de népotisme, de démagogie et d’irresponsabilité qui serait commun à tous les habitants de cette région. Et dont la Bulgarie post-communiste n’est pas immunisée”.

Moscou en embuscade

L’ancien prisonnier politique, qui s’est battu avec un petit groupe d’amis pendant des décennies contre le Parti communiste bulgare, devenu “socialiste” mais toujours très lié à Moscou, et la Dajarna Sigournost, la police politique bulgare (une quasi succursale du KGB) craint avant tout un coup tordu du Kremlin.

“Le syndrome bolchevique est très implanté dans la société grecque, qui, outre Syriza, a encore un parti communiste relativement influent. Sans tomber dans la théorie du complot, je ne serai pas surpris que les tentatives du Kremlin pour maintenir son influence dans les Balkans aient trouvé un écho en Grèce et un instrument en Syriza“.

Le parti de la gauche radicale grecque et son leader, Alexis Tsipras, entretiennent d’excellentes relations avec le régime russe. Alfred Foscolo s’inquiète: “une victoire du “Non” au referendum de dimanche porterait un sérieux coup à l’intégration européenne, un objectif recherché par Moscou”.

Source : Jean-Baptiste Naudet, pour L’Obs, le 4 juillet 2015.

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Au delà de l’intérêt politique des billets précédents, ce graphique m’a vraiment

Non mais, vous vous rendez compte le délire sur une même zone monétaire ? Vous imaginez ça en France – les conséquences d’un SMIC à 400 € en Auvergne ?

Projet de cinglés ! (mais tout le monde n’y perd pas, si vous voyez ce que je veux dire…)

 

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