Du Bon Usage du Référendum…

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imagesLe gouvernement de la Grèce « moderne » vient de ridiculiser la démocratie que les Grecs de l’Antiquité avaient, parait-il, inventée. Les citoyens de la Cité grecque se réunissaient sur l’Agora et décidaient en commun de leurs lois.  Le principe de la « votation’ suisse est le même. La taille du canton, l’importance de la population ont substitué à cette pratique le référendum d’initiative populaire.  Les derniers cantons à réunir leur « Landsgemeinde » sont ceux de Glaris et d’Appenzell Rhodes Intérieures. Le référendum suisse est le modèle de la démocratie directe, c’est-à-dire de la démocratie réelle où le peuple décide des lois auxquelles il va librement se soumettre. Le pouvoir législatif suprême est détenu par le souverain qui est le peuple. Le gouvernement, l’exécutif exécutera la volonté générale à l’étage inférieur, pensée évidemment sacrilège aux yeux de l’oligarchie française.. Il ne mettra pas son existence en jeu en fonction du vote populaire. Il ne transformera pas le référendum en plébiscite. Pour que la question posée aux électeurs puisse être traitée sérieusement, il faudra réunir trois conditions. D’abord, il sera nécessaire de prouver la légitimité démocratique de la question en obtenant suffisamment de signatures à la demande de votation. Ensuite, il faudra laisser le temps de la réflexion, afin que les citoyens donnent leur avis sur le sujet sans la pression de l’urgence, sans l’influence d’un contexte politique qui aurait tendance à se substituer au problème posé. Enfin, il faudra que les votants soient informés de manière précise et équilibrée des enjeux en cause dans leur réponse positive ou négative. Si ces conditions sont remplies en Suisse où la votation est une seconde nature à laquelle la tradition et l’habitude ont ôté la part d’excès passionnel, le gouvernement extrêmement irresponsable de l’extrême-gauche grecque vient d’inventer l’anti-votation absolue, l’usage pervers de la démocratie pour ruiner la démocratie.

Les grandes familles patriciennes qui ont monopolisé la république grecque après la chute des colonels ont bénéficié de leur image de restaurateurs de la démocratie. La bienveillance des dirigeants européens, la complicité des socialistes en particulier, ont permis à ce pays d’entrer avec un billet de faveur dans l’Union Européenne, et carrément en fraude dans la zone euro. Depuis que les conséquences douloureuses de ce privilège en totale contradiction avec la réalité grecque se font amèrement sentir à la population, le divorce est consommé entre la peuple grec et ses dirigeants. Ceux-ci l’ont  trompé et sont apparus comme les commis d’un pouvoir européen que les Grecs n’ont pas choisi. Cette double absence de légitimité a conduit à la victoire de l’extrême-gauche démagogique élue pour obtenir des partenaires européens que la Grèce puisse conserver ses mauvaises habitudes tout en gardant l’euro.  Certes, la Grèce ne pèse pas lourd, et l’on pourrait faire preuve de faiblesse à son égard, mais ce serait mépriser les efforts consentis par les Espagnols, les Portugais, les Irlandais et plus récemment les Italiens. Ce serait encourager la démagogie irresponsable chez eux aussi. Devant la relative fermeté européenne, Tsipras s’est donc livré à une gesticulation dénuée de sérieux. Le coup de force du référendum-surprise est avant tout un coup de poker. Siryza joue avec la démocratie et donc avec le peuple. Tsipras voulait obtenir une nouvelle aide sans s’acquitter de ses obligations précédentes, ne guère bouger sur les dépenses pour mettre l’accent sur les recettes fiscales d’un pays où la fraude est un sport national. L’Europe a dit Nein. La France serait prête à dire un petit oui, donnant gain de cause au chantage : « retenez-moi ou je fais un malheur ».  Ou il y a référendum et victoire du non : dans ce cas, la Grèce quitte un euro qui prend du plomb dans l’aile. Tellement sûr que les Européens souhaitaient éviter ce risque, Tsipras était prêt à retirer son référendum. Autrement dit, le peuple grec a été pris en otage par un gouvernement qui prétend lui demander son avis, mais sans trop se soucier de savoir s’il a envie de le donner, et moins pour le connaître que pour faire pression sur les gouvernements européens.  Décision unilatérale de l’exécutif qui devra démissionner si le « oui l’emporte, brutalité et rapidité de la procédure, complexité technique du problème et de la question posée : l’exact contraire de la votation suisse, et en définitive utilisation tactique du scrutin comme d’une menace pour obtenir un résultat à l’étranger, comme si l’avis du peuple n’était pas l’essentiel !

Madame Merkel a raison de prendre les Grecs à leur jeu, en espérant bien sûr que le peuple sera plus sage que ses dirigeants d’occasion et votera oui. Au moins, le peuple se sera exprimé et peut-être se sera-t-il délivré de la démagogie. Il est navrant de voir M. Hollande privilégier la reprise de la négociation avec les maîtres chanteurs d’Athènes. Cela éclaire sur sa conception de la démocratie. Quelle que soit la réponse du peuple grec, la démocratie sera la grande perdante, puisque la souveraineté et la légitimité du peuple grec auront été écrasées par la technocratie européenne d’une part et par des élus totalement irresponsables, de l’autre.

 

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Un commentaire

  1. Posté par Aude le

    Mr. Vanneste…là vous vous trompez..ce n’est pas une question de droite ou de gauche….mais de survie…et vous observerez la suite……….

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