Le référendum, c’est interdit dans la zone euro

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Avant, quand l'oligarchie européenne n'aimait pas le résultat d'une consultation électorale, elle faisait revoter le peuple. Ou bien, pour le contourner, se tourner vers les élus plus dociles et conciliants. Désormais, quand est proncé le mot "référendum", c'est tout un pays qui est exclu !

S’il y a une annonce politique à retenir dans le brouhaha qui entoure la tragédie grecque en représentation sous les yeux des citoyens, c’est celle-ci : dans la zone euro, le référendum, est une pratique « in-ter-dite ». La sentence est tombée samedi de la bouche de Jeroen Dijsselbloem, social-démocrate néerlandais et président de l’Eurogroupe (la réunion des ministres des finances des pays participant à l’euro).

L’annonce par Alexis Tsipras d’une consultation populaire sur le plan de « sauvetage » de la Grèce, a-t-il proclamé, « met fin à a poursuite des négociations ». En conséquence de quoi la date butoir du 30 juin ne sera pas repoussée au-delà du 5 juillet, les banques grecques ne devraient donc plus recevoir d’aide de la BCE pour faire face aux retraits d’argent à leurs guichets, etc.

Dix-huit ministres de pays démocratiques ont donc discuté de mesures concernant le dix-neuvième, mis à la porte…Mais très symboliquement la Grèce a déjà été exclue de la zone euro, puisque l’Eurogroupe s’est réuni ensuite en l’absence du ministre hellène, Yannis Varoufakis, pour évoquer « les suites » de la décision de la Grèce. On a donc assisté à cet événement tout à fait « inédit » dans l’Union européenne : dix-huit ministres de pays démocratiques ont donc discuté de mesures concernant le dix-neuvième, mis à la porte… On notera que Michel Sapin, quoique partisan de ne pas placer la Grèce au ban de la zone euro, est resté dans la salle et qu’il a approuvé le communiqué final.

Le référendum est donc le maudit de l’euro. Quoi d’étonnant : l’oligarchie européenne supporte très mal que les peuples donnent leur avis sur les questions de souveraineté. C’est ainsi qu’on fit revoter deux fois les Irlandais, en 2001 (traité de Nice) et en 2008 et en 2009 (traité de Lisbonne), et qu’en France en 2008, on convoqua en congrès le Parlement français pour que les représentants du peuple approuvent (traité de Lisbonne) ce que le même peuple avait nettement refusé en 2005, lors du vote sur le traité constitutionnel européen…

En 2011, le Premier ministre social-démocrate grec George Papandreou, placé dans une position assez similaire à celle de Alexis Tsipras aujourd’hui, avait aussi voulu vérifier par un vote qu’il avait bien l’assentiment de ces concitoyens. Il fut débarqué par un quasi coup d’Etat fomenté par la BCE, Berlin et Paris, qui obtinrent des députés grecs la nomination d’un homme lige, ex-vice président de la BCE, Loukas Papademos.

Résumons l’incroyable glissement institutionnel :
- Dans les années 2005, lorsqu’un peuple disait « non » par référendum, on le faisait soit revoter, ou on le faisait représenter par des élus censément plus « responsables ».
- En 2011, à l’annonce d’un référendum, on débarque le gouvernement du pays.
- En 2015, à l’annonce d’un référendum, on exclut le pays tout entier !

Quelle sera la prochaine étape ?

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>>> Retrouvez notre dossier « Les trois crises européennes » et notamment notre article « La zone euro, le coup d'Etat permanent » dans le numéro de Marianne actuellement en kiosques.

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6 commentaires

  1. Posté par patrick lévy le

    …, filles et fils.du peuple, contre les.soi-disantes élites qui s’octroient tous les pouvoirs, exigeons le plébiscite. Patrick Lévy.
    .

  2. Posté par Erkangilliers le

    Il serait pourtant facile à des gens intelligents, honnêtes, sûrs d’eux et apportant des arguments irréfutables, de convaincre le peuple, par une campagne adéquate (ils ont l’argent pour), de voter pour leur projet.
    Au lieu de cela les dirigeants refusent de discuter, démonstration que s’ils sont peut être intelligents, ils ne sont ni honnêtes, ni sûrs d’eux (en fait ils sont totalement effrayés et désécurisés, raison pour laquelle ils utilisent la force pour se protéger), ni surtout n’ont d’arguments irréfutables pour soutenir leur position.
    Nous avons là l’exemple caricatural d’un dictature non-soutenue par le peuple qu’elle oppresse.

  3. Posté par René BEGUE le

    Hélas ! où allons-nous ?? tout cela ressemble à un système terroriste. .Aujourd’hui, la Grèce et demain….à qui le tour ??? Le fait de n’avoir pas respecté le non du Référendum de 2005 était un signe. Les élections = des leurres. Le Peuple est  » Taillable et Corvéable  » à merci.

  4. Posté par JDV le

    En ramenant le même discours au niveau de la planète Helvétie, notre cher Conseil Fédéral ne serait pas très loin du même raisonnement. Oui, je sais, on nous répète depuis notre enfance qu’en Suisse on n’a pas de roi, ou reine, parce que le souverain c’est le peuple. Il fut un temps où on le croyait, mais depuis que nos Conseillers font l’amour avec Bruxelles, on voit très bien la tendance. Référendums, votations, initiatives, comment pouvons-nous les limiter ? That’s the question dans toute ce qui se positionne à gauche.

  5. Posté par Aude le

    Souvenez-vous, les baillis de Bruxelles ont réussi à débouter Mr. Papandréou qui voulait consulter le peuple grec…Les baillis et….les banquiers bien sûr…
    A remarquer que lorsque les grosses banques font faillite…c’est l’argent des contribuables qui revitamine celles-ci..contrairement..lorsqu’une nation est en faillite…les banques s’en contrefichent…et dictent leur volonté. En l’occurence le peuple grec doit quasiment mourir pour lui accorder un prêt.
    L’UE et ses banquiers vont le payer cher..

  6. Posté par Marie-France Oberson le

    J’entendais ce matin , sur une radio française , en micro-trottoir,une jeune grecque s’exprimer sur le prochain référendum.
    Elle disait son inquiétude quel le que soit l’issu du scrutin, et surtout si le non l’emportait. Mais elle déclarait vouloir voter quand même « non « pour l’honneur.. car l’honneur c’est tout ce qu’il nous reste !! (évidemment je cite de mémoire)
    Ceci dit, les autorités européennes ont une peur bleue, du référendum , d’une part parce qu’elles ont un tel mépris pour le peuple qu’elles l’estime ignare et incompétent et d’autre part parce qu’elles s’inquiètent non pas pour la Grèce, ni pour les pays membres, mais pour leur idéologie européisme ! Imaginez un instant qu’après avoir ramé durant 2 ou 3 ans (ou plus car il faudra du temps pour récupérer toutes ces années perdues-seule, avec son retour au Drachme , la Grèce s’en sorte ! ce serait un affront pour les europhiles qui prétendent depuis des décennies que hors UE et hors euro, c’est l’enfer ! Si les grecs disent non aux propositions de l’UE, peut-elle descendre plus bas qu’elle n’est ?Sa situation peut-elle être pire ?
    Non, la vraie peur des européistes c’est d’être désavoués par le peuple…

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