Le « Service public » médiatique suisse : Au service de qui ? Privilèges, scandales, voire corruption ?

Uli Windisch
Rédacteur en chef

L’hebdomadaire alémanique Die Weltwoche effectue des enquêtes remarquables, sans tabous.

Dans sa dernière livraison (28 mai 2015), il apporte des éléments déterminants qui confirment qu’avant toute approbation de la Révision de la loi ( votation fédérale du 15 juin 2015 sur la taxe des médias), il est capital de mener une discussion fondamentale, ouverte, systématique sur la nature réelle de ce mammouth monopolistique sans pareil, sauf en régime à parti unique.

Il est important que les résultats de ces enquêtes soient connus plus largement, en Suisse romande aussi. Ces révélations confirment qu’il n’est plus possible d’approuver aveuglément cette Révision de la loi comme le voudraient les premiers intéressés, à savoir les 6000 employés qui ne paient même pas cette fameuse taxe (en tout cas ceux qui sont engagés de manière fixe)  ainsi que leurs dirigeants. Même les chercheurs et professeurs des Hautes Ecoles  participent, eux aussi, massivement, ouvertement et inconditionnellement à cette tentative de forcer par tous les moyens le peuple à approuver la perpétuation de leurs intérêts, avantages et soutiens financiers qui se chiffrent parfois par millions.

Service public au service du public ou défense des acquis de multiples milieux intéressés?

Qui achète un produit sans s’interroger sur son contenu, même si chacun peut être trompé par une publicité et une propagande par définition mensongère.

Les dirigeants de la SSR devraient être en retrait  mais voilà qu’ils sont subitement sur tous les fronts et cela sur leur temps de travail et donc sur les moyens financiers de leur entreprise. Comment peuvent-ils avoir autant de temps et de moyens ?

L’exemple du président de la SSR Raymond Lorétan ( passons sur le fait qu’il annonce quitter le navire bien avant le résultat de la votation pour se présenter à un poste politique de première importance et dans un parti politique bien précis). Il se cache derrière la diffusion par la SSR d’une lettre tirée à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires invitant à voter OUI et demandant aux membres de la SSR de mobiliser amis, connaissances les invitant  à faire de même. Mieux : il les exhorte à intervenir publiquement et à écrire des lettres de lecteurs dans les médias, etc.

Justification : bien sûr il devrait rester neutre mais devant les attaques contre la SSR, il doit réagir pour rétablir la vérité !

Quant au directeur général Roger de Weck qui se livre à un lobbying plus qu’intensif auprès de l’ensemble du monde politique depuis des années, on se demande comment il peut avoir autant de temps pour un tel travail permanent, voire de tous les instants, cela d’autant plus qu’il est secondé en cela par plusieurs cadres de son entreprise, mais dont certains employés signalent, outrés, la pléthore de des cadres, les multiples et surréalistes niveaux hiérarchiques,  niveaux qui devaient être simplifiés comme promis lors de certaines restructurations présentées comme  visant de grandes économies alors qu’elles ont engendré de nouvelles dépenses et d’incroyables pertes de temps !

On se demande vraiment en quoi consiste exactement cette fonction de directeur général et celle de cette pléthore de cadres que beaucoup d’employés accusent d’être la cause de ces  pertes de temps en réunions démultipliées et inutiles.

Les pressions sur les médias privés semblent également faire partie de ce travail de lobbying, allant parfois jusqu’à réussir à infléchir la position largement majoritaire d’une rédaction. La Weltwoche donne l’exemple du journal Tages Anzeiger, dirigé par Res Strehle ( autrefois en amitié avec une militante proche du milieu terroriste et cela pas seulement dans sa jeunesse, ce qui avait l’objet d’une belle polémique il y a peu). Minoritaire dans sa rédaction il a fini par accepter un compromis qui s’est soldé par sa propre intervention  pour le OUI et un NON de la part d’un membre de la rédaction.

Malicieusement, la Weltwoche fait remarquer que Res Strehle a engagé la fille de Roger de Weck, Laura,  dans son journal et que ce dernier est ami depuis longtemps avec le premier. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Enfin la SSR semble constituer une source de revenus extrêmement importante pour le domaine de la recherche sur les médias dans les Universités et Hautes Ecoles, relations que le journal décrit avec délectation, précision, en nommant les professeurs concernés et les sommes reçues, parfois des millions, mais que les chercheurs cherchent à diluer, voire à cacher.

Ce soutien financier massif est récompensé à l’occasion de cette votation par des interventions elles aussi massives, répétées et omniprésentes médiatiquement de la part des chercheurs en faveur d’un OUI franc et massif, aussi massif que l’argent reçu.

Une position également très unilatérale existe dans la Commission fédérale de la communication dont le président est aussi un grand bénéficiaire des fonds en mandats et en recherches de la SSR.

Les milieux de la recherche en communication et médias et ceux des commissions et responsables concernés seraient-ils eux aussi personnellement intéressés, et aussi peu pluralistes que le mammouth du service dit public ?

Il faut rappeler que d’autres recherches menées dans des pays voisins montrent que le modèle du Service public médiatique est au contraire un modèle dépassé et les tentatives de  justification souvent intéressées.

Une nouvelle raison de dire  un NON déterminé malgré le maelström des pressions et de la propagande tant officielle qu’autre.

Un service public peut se justifier mais pas celui-là et si on ne le réforme pas dès maintenant cela ne se fera jamais véritablement malgré les promesses. Des années de discussions pour un simple retour à une ère glaciaire d’un autre genre.

La concurrence, la multiplicité et le pluralisme sont constitutifs de la Suisse. Pourquoi le domaine de l’information et des médias y échapperait-il ?

NON, cela ne se justifie plus à l’heure de la modification totale des paysages médiatiques.

 

Uli Windisch, 3 juin 2015

 

4 commentaires

  1. Posté par Roger Henri le

    Plus de fifa, plus de radio locale, plus de ssr.
    De la transparence !!! Fin des arrangements et des magouilles.

  2. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    La lecture des mots de Monsieur Windisch me propulse dans une sorte de rêverie. Parsemée de réminiscences.
    Mon expérience de père d’enfants scolarisés.
    Le texte débile, tiré d’une lecture suivie (sic) d’une maîtresse d’école.
    La lettre comminatoire d’une directrice scolaire, suite à un commentaire que j’ai fait sur un carnet à propos d’une remarque particulièrement stupide.
    La maîtresse d’école qui me fustige de me dire dur d’oreille au lieu de malentendant.
    La même qui dit d’une élève dont je suis père: « Ab…. est mon rayon de soleil! » Mais qui en fait un bouc émissaire.
    Le doyen du cycle d’orientation, en pantalon de velour côtelé et chemise à carreaux qui dit, d’un air bonasse et d’une voix languissante: « l’important c’est qu’il soit heureux ».
    L’avis dans une salle des « maîtres »: je lave et range ma tasse après usage ».
    L’aéropage (l’aréopage, mais il vole si haut!) inspiré, en train de pondre des choses telles que « technicien de surface » ou une nouvelle pédagogie (pourquoi donc les associe-je à des gauchistes?).
    Et, le meilleur, un organigramme détaillé du DIP qui en dit autant qu’en révélerait celui de la SSR. Je regrette de ne pas l’avoir enregistré. Ne sont-ce pas les Observateurs qui l’ont publié?
    Et tout ce que j’ai appris en ayant vécu.
    Et même les comptes rendus d’adéquation, que dis-je, de dépassement des objectifs du dernier quinquennat de toutes les républiques soviétiques en l960!
    Aujourd’hui encore je reconnaîtrais l’odeur particulière du papier et de la ficelle soviétique. Même les tournures et la syntaxe étaient reconnaissables.
    Et aussi le PV du Xème congrès du Parti. Et j’en passe!
    Alors toute émanation, quelle qu’elle soit, des cliques, je les renifle.
    Et je ne dis pas, comme un certain conseiller fédéral, « ah… ouais ouais ». Je dis
    HET! Nièt!

  3. Posté par Kolly Gabriel le

    FIFA-SSR c’est bonnet blanc blanc bonnet ! Il serait peut-être drôle de mettre le nez dans le sillage des sommes gigantesques qui transitent dans ce monde cloaque des sponsors et autres droits de retransmission ?

  4. Posté par Titan le

    Après la fifagate voilà la mediagate un autre genre de mafia qui se sert les coudes pour endormir la populasse et se faire des sous et encore des sous et nous offrir plein d’infos mensongères ou tronquées. Le petit peuple en a vraiment marre et nos chers politiques sont incapables de mettre de l’ordre. N’allons plus voter, de toute manière quand ça ne plaît pas, ils refont voter. Ils nous prennent pour des fallots.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.