Etre de droite, quel bonheur !

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

 

imagesL’idéologie d’ailleurs faite de réflexes plus que de réflexions qui domine dans les médias et les institutions de notre pays est parvenue à rendre le mot « droite » assez antipathique, suffisamment pour que la « droite » craigne d’en user. La gauche serait le progrès et la générosité, la droite l’immobilisme des intérêts égoïstes, associée, comme avait osé le dire à l’Assemblée Lionel Jospin, aux turpitudes du passé, de l’esclavage à la collaboration en passant par la colonisation. Ce sectarisme arrogant et ignorant de la gauche est heureusement de plus en plus mal accepté par les Français qui constatent à chacun de ses passages au pouvoir l’ineptie de ses propositions et les dégâts de sa politique. La gauche est ruineuse en économie, dangereuse pour la cohésion nationale et calamiteuse pour l’avenir de la France. Cette prise de conscience est libératrice. L’intelligence comme le souci du Bien Commun de notre pays invitent à refuser la gauche. Si la gauche est si « maladroite », si la racine latine lui associe l’idée de « sinistre », alors il ne faut plus hésiter à se dire « de droite »avec bonheur et sans complexe.

Certes, le dernier grand homme politique français, le général de Gaulle affirmait être au-dessus de cette opposition. Mais on constate que les premiers à l’avoir rejoint à Londres étaient à droite au point d’avoir fait douter de son ancrage républicain. Son adversaire principal et constant après la Libération et après son retour en 1958 a été la gauche. Le gaullisme est évidemment à droite parce qu’il incarne trois notions qui fondent son identité. La première est la continuité, celle de la Nation qui unit les hommes et les femmes qui en sont ou en ont été membres. L’unité de la France à travers ses différents régimes pour autant que ceux-ci aient été dignes d’elle, et aient respecté son intérêt supérieur au-delà des clivages de classe, de religion, de parti, est la première valeur de droite. La gauche brise l’Histoire, divise la République, oppose les communautés. La droite privilégie l’unité d’un pays qui n’est pas un espace mais l’Histoire d’un Peuple qui possède une identité culturelle universelle et accueillante, mais dont il faut avoir conscience.

La seconde est le conservatisme intelligent, c’est-à-dire la certitude que l’ordre est indispensable au progrès, et que l’adaptation au réel est le seul moyen de préserver l’essentiel. Le progrès technique, la croissance économique ont besoin de la sécurité et de la stabilité institutionnelle. Rien n’est pire que l’idolâtrie du changement, que l’illusion qui fait de toute réforme un progrès. La désintégration de la famille, sous prétexte d’égalité voire de relativité des sexes,  la dissolution de la Nation entre la technocratie européenne et le communautarisme intérieur, la dérive de l’Etat hors de ses missions essentielles créent du désordre, suscitent le déclin et annoncent la décadence.

La troisième est le pragmatisme, la préférence que la droite a toujours manifestée pour l’action efficace par rapport au discours idéologique. Le libéralisme économique, l’initiative privée, la dépense publique et la fiscalité contenues sont des outils plus performants que l’Etat-providence qui asphyxie l’économie et décourage le dynamisme individuel. L’Etat intervient pour préserver l’intérêt national et faire en sorte que l’équité existe dans la répartition des richesses. Il ne pénalise pas la réussite. Il n’assiste pas systématiquement.

Il reste une valeur de droite essentielle qui réunit les trois familles qui composent la droite française, celle des patriotes, celle des chrétiens et celle des libéraux. C’est la personne. L’homme n’est pas, ne doit pas être un individu, mais une personne enracinée dans une tradition et liée aux communautés réelles auxquelles il participe, sa famille, son entreprise, sa commune, sa nation. Mais cette personne solidaire, non solitaire, est libre dans la mesure où elle est responsable. La liberté personnelle est la clef de la santé d’un pays, de sa prospérité comme de la justice qui y règne. Sans elle, pas d’initiative, pas de sanction justifiée des fautes commises.

Patriote humaniste, conservateur intelligent, réaliste et pragmatique, libéral et personnaliste, tel apparaît l’homme de droite qui devrait réunir les suffrages de toutes les « familles », de tous les partis qui font appel à l’électorat « de droite ». Malheureusement, il faut craindre que les politiciens qui en sont membres ne maintiennent des divergences de détail pour sauvegarder les intérêts de leur boutique et de la carrière qu’elle leur offre sans trop les obliger à avoir des idées.

Christian Vanneste, 3 avril 2015

4 commentaires

  1. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Tout d’abord je remercie l’Observateur de service! Et lui souhaite d’éprouver de la joie dans son activité.
    Ensuite? Voici qui est drôle: gauche suscite, par association d’idées, psychologue! Voici qui peu sembler étrange. Fondé pourtant sur des rencontres, directes ou indirectes, dans diverses circonstances. J’ai même rencontré deux personnes qui ne sont pas devenue psychologues. Et leur témoignages est représentatif! Ces deux-là ont échappé à ce que j’ai pu nommer la « dictature du mandarinat », juste avant de devenir dépressifs. La dictature du Mandarinat est l’assujettissement au joug de l’orthodoxie dogmatique!
    Les autres ont une bibliothèque pleine d’étiquettes! Ils savent vous en coller une et vous imposer l’autre, directement issue du prêt à penser. Ils ont aussi les étiquettes à coller sur les coupables. Le livre de Ronald Laing, justement nommé « anti-psychiatre », « l’équilibre mental, la folie et la famille » offre des témoignages glaçants à ce sujet. Mais aussi, il met en évidence que, dans les cas qu’il relate, les « étiquettes » sont collées sur les malades, les parents étant réputés « sains » et « saints ». Ce que réfutait Alice Miller (Le drame de l’enfant doué, c’est pour ton bien, tu ne dois pas savoir) . Ce qui lui a valu une mise à l’index telle qu’elle a démissionné (si ma mémoire est bonne) de l’association des psychiatres suisses.
    Bref, le psychologue bien pensant, que j’associe à la pensée de gauche, a besoin d’un coupable. Un coupable à rééduquer. La bien-pensance « favorise », privilégie, la « prévention ». Une prévention coreligionnaire pour les récalcitrants.
    La bien-pensance sait comment « ça » marche, comment « ça » devrait fonctionner. Elle est volontiers fonctionnaire.
    C’est pas comme Dieu! Lui qui dit « que la lumière soit » et qui laisse pisser le mérinos jusqu’à plus soif. Jusqu’à ce que qu’il voie la lumière conforme à son projet. Il passe à a suite! Séparons! Et ça bouillonne, vibrillonne, tourbillonne pendant, des millénaires? et soudain, il voit! C’est OK, conforme à mon projet! Et il passe à la suite! Et les millénaires se suivent. Et l’humanité s’entretue, s’égorge, s’entre viole, se trompe, se floue, se ment et il ne fait rien. Ses yeux sont impitoyables, « trop purs pour voir le mal », intransigeants aussi. Il ne « voit » que quand c’est accompli selon son projet.
    Et toutes les motivations, aussi bonnes soient-elles, pour interférer dans le processus, mènent à l’échec. L’échec, telle la nudité devenue honteuse, doit être pathétiquement voilé par des expédients. Et pourtant… Pourtant nous recevons, chaque jour et en malgré tout, des bienfaits innombrables. A commencer par ce qui est dans le frigo dont je dispose, le frigo et l’électricité pour l’alimenter! Bonne nuit.

  2. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    De Gaulle est mentionné dans cet article. Il l’est aussi parfois sur Boulevard Voltaire. Et je constate que beaucoup le brocardent. Il a eu récemment, sur BV, un article sur Hélie De Saint-Marc, un officier putschiste d’Alger. Dans un documentaire intitulé « de Gaulle et l’armée », j’ai vu le témoignage d’un ancien officier de haut grade, ayant servi en Algérie, peu flatteur pour le Général. Malgré les 3000 pages lues (sur de Gaulle), à commencer par celles de Peyrefite, je me demandais si j’avais raté des cases. Mais voici que m’est rappelé, j’ai oublié où hélas, pourquoi le Général de Gaulle a accordé l’indépendance à l’Algérie. Vous le savez sans doute, mais ça me fait plaisir de le dire.
    L’Algérie française, c’était l’invasion assurée et légale. Visionnaire!

  3. Posté par Vautrin le

    L’UMP n’est ni gaulliste ni libérale, c’est un centre-gauche européâstre, au mieux. La différence avec les socialiste ne réside que dans le style. Dupont-Aignant est mieux placé à droite, mais son projet n’a rien de libéral. Le FN a viré vers un économisme de type étatique, s’il demeure encore patriote.
    Il n’y a pas de grand parti à la fois libéral et patriote, en France. Seulement quelques libéraux disséminés, parfois regroupés en clubs comme le collectif Antigone. Là est justement le problème : il n’y a pas de vraie droite en France.

  4. Posté par groudonvert le

    Ouais, sauf que la droite française (incarnée par l’UMP) n’est pas gaulliste non plus, c’est même totalement l’inverse. Le seul parti encore libéral en France est celui de Dupont-Aignan et le Front National qui a une dose de libéralisme (aider les petites entreprises fiscalement et baisse d’impôts par exemple), tous les autres n’ont rien de libéral.

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