Ni-ni : le PS va-t-il ajouter une déroute "morale" à sa débâcle électorale ?

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Selon un sondage Ifop publié par "Le Figaro", le "ni-ni" s'impose désormais dans tous les cas de figure, à droite, au FN et même à gauche. Quand, en cas duel, l'électeur ne trouve pas le parti auquel il veut donner son vote, il refuse désormais de choisir. Un constat difficile et nouveau pour la gauche qui pouvait encore se targuer de faire barrage au Front national en invoquant le front républicain. Si cela se vérifie, le PS enregistrera, en plus d'une débâcle politique, une défaite "morale" compte tenu de l'investissement du Premier ministre sur ce thème.

Au premier tour des départementales, politiques et éditorialistes nous ont enfumé en s’illusionnant d’un affaissement du Front national. alors même qu'il engrangeait plus de 5 millions de bulletins. Pour son second tour, pas sûr néanmoins que le FN parvienne à remporter un conseil général. Le parti mené par Marine Le Pen pourra toujours se satisfaire d’une autre victoire, symbolique celle-là, mais dont l’impact électoral risque tout de même de se faire sentir. Le Figaro a en effet publié cette semaine un sondage Ifop qui pourrait doucher les derniers espoirs d'un Parti socialiste qui, une fois encore, a tenté de faire oublier sa défaite en insistant durant l'entre-deux tours sur le barrage qu’elle représenterait face au Front national. Le PS va peut-être devoir réviser son discours car le barrage montre des signes de fissure importants.

Si elle peut espérer remporter les duels qui l’opposeront au parti de Marine Le Pen, ses électeurs ne se mobiliseront pas pour enrayer la montée en puissance du FN. Le « ni-ni » farouchement défendu par Nicolas Sarkozy (« ni gauche, ni Front national ») gagne également majoritairement les électeurs de gauche en cas de duels droite-FN. Et l’abstention progresse dans tous les cas de duels (droite-FN, gauche-FN, droite-gauche). Un nouveau coup dur pour le PS et Manuel Valls qui ont beaucoup misé sur la peur du Front pour tenter de mobiliser les électeurs de gauche au premier tour et tenter de limiter la casse dite « républicaine ».

Aussitôt constatée, cette abstention sera aussitôt oubliée, mais elle donne malgré tout un sens à cette séquence électorale. Ce symptôme de « démobilisation » à gauche est d’autant plus inquiétant que les duels droite-FN constituent la configuration la plus fréquente de ce second tour avec 537 duels. Selon l’Ifop donc, 62 % des électeurs de gauche voteraient blanc ou s’abstiendraient en cas de duel droite-FN, 63 % des votants choisiraient la droite et 37 % opteraient pour le FN. La grande majorité des électeurs de gauche qui se déplaceraient pour aller voter balayeraient donc de leur vote blanc ou nul les consignes de « vote républicain » répétées par Manuel Valls, choisissant ainsi le « ni droite ni FN », pourtant qualifié de « faute morale » par le Premier ministre. Les consignes de vote sont ainsi largement ignorées par les électeurs de gauche quand leur parti est complètement hors course.

Malgré les efforts répétés du Premier ministre, le Front national ne fait plus peur à gauche, en tout cas pas assez pour voter pour une droite qui lui emprunte nombre de ses thématiques. Le constat se fait dans tous les cas de figure. Quand l’électeur ne trouve pas le parti auquel il veut donner son vote, il refuse de choisir. La peur n’est plus mobilisatrice pas plus que le « front républicain » que l’on nous a survendu pendant des années.

Approuvé à gauche comme à droite, le « ni-ni » qui entraîne mécaniquement une forte abstention et un fort vote blanc et nul, s’impose donc comme une nouvelle offre politique majoritaire à l’électeur. Ou comme le « symptôme d’un système qui ne sait plus susciter l’adhésion » selon le chercheur en sociologie politique Jérémie Moualek qui y voit également « la preuve — parfois – d’une exigence démocratique revendiquée ».

Pas sûr que la droite ne se réjouisse de ce constat car cet électorat de gauche qui faisait encore le choix du « front républicain » face au Front national pourrait également lui réserver de mauvaises surprises. Les électeurs de gauche qui continuaient de voter à droite lors des seconds tours constituaient un réservoir de voix que les leaders de droite ne rejetaient pas. Mais pas au point de s’interroger sur leur propre politique électorale de la terre brûlée qui n’allait pas manquer de se retourner contre eux.

Le seul grand vainqueur en est comme souvent, le parti de Marine Le Pen : en plus de perdre nombre de ses adversaires dans les urnes, il peut se satisfaire de constater que ses partisans jouent, eux, à plein la carte du « ni-ni ». En cas de duels gauche-droite, 63% des électeurs du FN s’abstiennent ou vote blanc.

Le sondage ne dit pas quelles sont les raisons de ce refus de choisir ou de ce choix par exclusion. Il n'empêche, la gauche qui s’apprête à affronter, ce dimanche, une défaite qui la verra perdre nombre de ses bastions historiques devra en plus se remettre d’une « défaite morale » face au constat, s’il est confirmé, d’un électorat qui n’aura pas choisi de faire barrage au FN. Barrer la route à l'extrême droite, voilà le type de victoire dont la gauche aimait pouvoir se revendiquer lors des soirées électorales qui se finissaient en gueule de bois...

 

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