Les stratégies d’influence: armes secrètes de la lutte antiterroriste

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TERRORISME - Fini de jouer. Les armées occidentales activent, les unes après les autres, des départements de guerre psychologique entièrement consacrés aux conflits non conventionnels où le Net joue un rôle central, au premier desquels: la lutte contre l'Etat islamique.

Une obsession: localiser les réseaux djihadistes, les intoxiquer et les briser. En un mot, retourner le rapport de force. Reste à déterminer comment et avec quelle efficacité?

Manipuler à grande échelle

En mars 2011, le Guardian dévoilait que l'US Air Force planchait sur un logiciel destiné à manipuler à grande échelle les réseaux sociaux, comme Facebook et Twitter, à travers un contrôle automatisé de faux profils hautement sophistiqués.

Le but? Contrer la propagande anti-américaine et propager -en arabe, persan, ourdou et pachto- une rhétorique en adéquation avec les intérêts du Pentagone. Bref, une application digitale de la doctrine contre-insurrectionnelle éditée par le Général Petraeus.

Mieux vaut prévenir...

Un peu plus tard, en janvier 2012, Mother Jones divulguait un programme de "radar social". Un maillage de capteurs non plus dédiés à la vision nocturne ou aquatique, mais au sondage des cœurs et des esprits -à la prise de pouls du sentiment politique- via une gestion élaborée des données massives émanant des réseaux et territoires ennemis.

Ni plus ni moins qu'une capacité prédictive des mouvements populaires et ce, dans un but uniquement: contrôler la dimension culturelle et sociétale de la guerre, clef de voûte des luttes contre-révolutionnaires.

Ici, l'algorithme est roi, et l'infrastructure numérique incontournable, pas étonnant donc que le ministère de la défense américain soit fer de lance d'un tel projet...

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Emmêler les nébuleuses

L'armée britannique active quant à elle une force spéciale de "combattants Facebook". 1 500 soldats - au moins - seront dédiés à la guerre informationnelle sur les réseaux sociaux.

Leurs missions: renseignement, opérations clandestines et communication d'influence, à l'instar des forces de défense israéliennes (IDF), actives sur plus de 40 réseaux - en plusieurs langues - et sous différentes identités.

L'Etat-major britannique parle à cet égard d'une "force de combat à l'âge du numérique", une force non-létale mais néanmoins capable de fragiliser un rival, comme en témoigne - entre autres - nombre de psyops déjà conduites lors de la guerre froide.

L'armée française lui emboîte le pas et lance une cellule de contre-propagande: réincarnation numérique des méthodes ultra-sensibles acquises lors de la guerre d'Algérie.

Implantée au Centre Interarmées des Actions sur l'Environnement -haut lieu des opérations d'influence- elle plongera dans les méandres de la "djihadosphère" pour localiser les agents de recrutement, briser leurs relais et contrer leurs arguments.

Techniques et impacts

Identifier, désorganiser, neutraliser: voici, en substance, le modus operandi de ces nouvelles brigades qui prolifèrent dans les armées occidentales, en combinaison avec les départements de cyberguerre et en liaison avec les géants du Net.

Le tout n'est pas sans poser d'épineuses interrogations démocratiques, et moult ambiguïtés diplomatiques à l'égard des maîtres de la Sillicon Valley: remèdes et moteurs de l'endoctrinement.

Daniel Ventre, expert en cyberconflits, note à cet égard que les opérations d'influence ont pour principal objet de "porter délibérément atteinte au libre arbitre individuel ou collectif par la dégradation et la falsification de l'information", manœuvres qu'une démocratie peut difficilement activer sans mettre en péril une partie - au moins - de ses principes fondateurs. Idem, lorsqu'une firme californienne est conduite à entreprendre un protocole de censure, aussi légitime soit-il, un effet cliquet s'est produit: quid des applications futures d'un tel dispositif?

Une guerre complexe

La lutte antiterroriste est par ailleurs compliquée par de nombreux facteurs d'ordre systémique. L'effilochement de l'architecture mondiale; la prolifération des guerres et des conflits; l'opacité du système financier international; l'hyper-complexité des réseaux (vaporeux, instables, en recompositions permanentes): constituent autant de leviers qui tendent à favoriser les positions djihadistes, leur financement et leurs recrutements. En un mot: ils les renforcent.

In fine, aussi efficaces demeurent les opérations d'influence dépliées par les armées du monde entier, elles n'en sont pas moins une goutte d'eau dans un océan de plus en plus sombre et menaçant.

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