Paradoxes et paillettes : Une lecture de l’émission Infrarouge du 2 novembre 2014, autour de E. Zemmour

Le désastre fut astral. La débâcle faramineuse. Que les trois opposants à Eric Zemmour, dans la seconde partie de l'émission, aient suscité plus de pitié que de réflexion, ce n'est pas une surprise : le politiquement correct et son pathos inhérent font la loi partout en Occident. Par contre, on ne s'attendait pas à rire.

 

Grandes figures de l'intelligentzia romande, Stéphanie Pahud et Isabelle Falconnier se sont illustrées face au polémiste Eric Zemmour, venu défendre son livre sur un plateau de la RTS. Elles sont magiques, Stéphanie Pahud et Isabelle Falconnier. Grâce à leurs super-pouvoirs, elles ont transformé (bien malgré elles) un débat politique ennuyeux en moment de pur bonheur.

 

Avocates de cette bien-pensance bobo acclamée par défaut, presque par obligation, elles pensaient sans doute partir gagnantes. C'est pourtant une claque d'anthologie qu'elles se sont mise elles-mêmes par leur argumentation systématiquement déficiente.

 

Par exemple, l'auto-goal immédiat de Stéphanie Pahud qui commence son offensive en expliquant à Zemmour qu'« on ne le lit pas et on ne l'écoute pas ». C'est sans doute pour ça qu'on lui propose une plateforme de choix à la RTS, que son livre est au sommet des ventes et que tout le monde en parle.

 

Selon elle, Zemmour parle aux gens qui ont « besoin d’avoir peur pour rien faire ». Google n'a pas été en mesure de nous fournir une traduction de cette phrase.

 

« Parce que c’est ça, la peur, ça sert à rien faire », argumente-t-elle. Tout devient clair. On est soufflé par la puissance du raisonnement.

 

« Vous faites rien, vous proposez rien » reproche-t-elle encore au politologue français. Mais comme il le rappelle assez justement, pour se mettre d'accord sur le traitement il faut déjà s'accorder sur le diagnostique. Evidemment, cette proposition est inintelligible pour la bien-pensance, qui a forcément raison, partout, tout le temps.

 

Mais avant de trop se moquer, comprenons bien le problème de ces gauchistes qui pensent juste : c'est une position désagréable et même périlleuse de savoir qu'on a raison sans vraiment comprendre pourquoi.

 

La lausannoise, par exemple, ne comprend pas qu'on ne pense pas comme elle. Si ce qu'elle met sous le terme « peur » c'est tout ce qu'elle ne comprend pas, autant dire que le monde est vaste.

 

Infatigable, elle entame une perçante analyse psychologique de ce Zemmour « qui n'accueille pas le présent ». Si si, vous avez bien lu. Pour les références théoriques, cf. les livres de développement personnel qu'on trouve à La Poste.

 

Cette analyse doit valoir comme science grâce à une pseudo-théorie quelconque inaccessible au commun des mortels. Ou alors il s’agit seulement des impressions subjectives de Stéphanie Pahud, dont on admire toutefois le maquillage.

 

Cela étant, il faut reconnaitre qu'elle essaie de légitimer son discours. Elle le fait en lâchant quelques termes compliqués afin de tenter de déstabiliser son contradicteur et donner l'illusion qu'elle sait où elle va (technique sans doute empruntée aux économistes néo-conservateurs). Ça tombe bien, Stéphanie Pahud elle en connait des mots compliqués. « Dysphorique ». Allez hop, prends ça Zemmour.

 

Du coup, Zemmour fait remarquer qu’un pseudo-jargon académique comme celui qu'elle essaie d'utiliser n’a comme fonction que de signifier « je sais mieux que vous », et témoigne au fond d'un terrible mépris à l'égard de cette populace naïve à laquelle il faut dire comment penser.

 

Même pas vrai, répond la linguiste.

 

On note la diversité formelle, académique et stylistique que prend le « même pas vrai » de Stéphanie Pahud pendant que Zemmour lui répond: « C’est tout le contraire ». « Ben non ». « Hé non ». « Mais non ». « Non non non».

 

« C’est vos affects qui sont érigés en vérités générales », rétorque-t-elle à Zemmour dans un geste pas du tout en contradiction avec ce qu'elle faisait elle-même 3 minutes plus tôt.

 

Mais saluons avec ferveur la vraie victoire de Stéphanie Pahud dans ce débat : avoir pu expliquer à Zemmour qu'aujourd’hui on ne dit plus Mademoiselle mais Madame. Une victoire décisive pour l'humanité, qui ne bénéficiera pas qu'aux bourgeoises blanches occidentales.

 

Bien sûr, on se réjouit du retour en force de Madame Falconnier (que personne n'aurait jamais songé à appeler Mademoiselle) dans le débat, selon qui l’humanité est devenue plus intelligente grâce à la connaissance des valeurs féminines « qu’il ne faut pas confondre avec les femmes », explique-t-elle, l’index en érection.

 

Avec une ferveur quasi-religieuse, elle explique également le rôle de l'intellectuel dans la société. Son index devient rouge sang, il se met à briller dans la nuit noire de l'obscurantisme zemmourien. Grâce à son intervention on aura au moins appris une chose : il ne suffit pas de disserter sur les intellectuels pour en faire partie.

 

Mais alors, pourquoi tant de haine ? demandait à peu près Stéphanie Pahud dans une chronique parue après l'émission. La réponse est simple et elle la donne elle-même, quoi qu'involontairement, dans cette même chronique.

 

« Il est inutile, écrit-elle à propos de Zemmour, de tenter de dialoguer avec ce polémiste hystérique », parce que les voix qu'il réveille «... rappellent que c'est la peur (de l'indéfini, de la différence, de l'autre et donc de soi, par effet miroir) qui est la pierre angulaire des haines ».

 

Brillant. Sauf que « l'effet miroir » pourrait tout autant expliquer l'inverse : lorsqu'on a pour seule explication à une question complexe une idée bien trop vague comme « la peur », c'est peut-être parce qu'on est soi-même totalement subjugué/e par elle. Et ce n'est pas la meilleure des dispositions pour l'amour universel.

 

Si l'argument de la peur est pratique, puisqu'il permet de sous-entendre que les lecteurs de Zemmour sont victimes de leur ignorance, il est néanmoins invalide car largement incomplet, condescendant et orienté par une idéologie sans issue.

 

Et comme réel vecteur de haine, citons cette incompréhension qui apparaît par exemple quand la personne qui débat en face de vous trouve le dialogue inutile, ce dont Zemmour, au moins, n'est pas coupable.

 

Auteur : X.Z. (nom connu de la rédaction). L’auteur est lui aussi universitaire comme Mademoiselle, pardon Madame Pahud, mais ne peut se permettre de signer de son vrai nom par crainte de la foudre et des mesures de rétorsion de ses collègues. Et tout cela au pays de la liberté ! En plus en milieu académique. Les sciences « humaines » et sociales prônent la tolérance, le pluralisme, etc.. Pour qui au juste ?

8 commentaires

  1. Posté par Thierry-Ferjeux Michaud-Nérard le

    Le plus effarant, c’est « lalangue »! Non seulement l’orthographe et la syntaxe ne font plus l’actualité, mais le fameux « lalangue » qeujeparle et concause fait le bonheur des débatteurs incultes et ignares de la télé !

  2. Posté par andrea le

    Merci Mademoiselle X.Z. de dous permettre d’habiller d’un linceul d’humour la déception pour la pauvreté intellectuellle de celles qui devaient représenter la meilleure arme d’opposition dont dispose notre télévision d’Etat contre M. Zemmour.
    Pour ce qui est de l’institution qui nous fourgue ce genre d’émissions, cela fait des mois que je propose de lui soutirer le mandat de service publique. Qu’ils aille enfin bosser!

  3. Posté par François le

    C’est vrai, la Suisse s’est ridiculisée en confrontant ces deux lamentables nanas hystériques à l’excellent Eric Zemmour !

  4. Posté par Ueli davel le

    Si ces nanas pseudo-intello gauchistes sont le résultat de ce que peuvent accoucher nos universités, quel misère. Elles font pitiés. C’est un affront de confronter Zemmour à ça! C’est se foutre de la gueule des téléspectateurs, c’est dilapider notre argent.
    « La culture c’est comme la confiture, moins on en a, plus on l’étalle ». Canal + pourrait les engager pour les scetchs de « connasse ». De la vrai télé réalité, plus vrai que vrai.
    Zemmour est brilliant.

  5. Posté par Drogo le

    J’ai surtout adoré le moment où Zemmour a envoyé un cinglant « mais vous êtes vraiment limitée  » à la pin-up punky de l’Unil (et accessoirement du Matin).

  6. Posté par Leb le

    TJ d’aujourd’hui,
    -La Suisse n’accueille pas assez de migrants. Ceux qui ont peur de l’invasion doivent se taire. Le péril terroriste par les migrants est une simple propagande.
    -Reportage anti-Blocher :
    Le milliardaire vit dans son château entre des murs épais, dirige d’une main de fer (comme un tyran) son groupe « UE NO » anti-européen.
    Puis un reportage anti-Poutine:
    -Une femme montre un papier contenant les preuves (sic !) montrant que Poutine est bien le responsable de la chute de Ianoukovitch. POUTINE a planifié toute la guerre … et tout ce qui est arrivé par la suite, il l’avait manigancé!
    Le peuple finance cette m… immonde, c’est une usine à transformer l’argent des contribuables en m… !
    Comme disait le PÈRE UBU :
    «Eh ! J’y vais de ce pas. Allons ! Sabre à merdre, fais ton office, et toi, croc à finances, ne reste pas en arrière. Que le bâton-à-physique travaille d’une généreuse émulation et partage avec le petit bout de bois l’honneur de massacrer, creuser et exploiter l’Empereur moscovite.! » (Alfred Jarry)

  7. Posté par Le pragmatique le

    Votre chronique m’a bien fait rire… Dans une époque où ne fait bon que de pleurer : merci.

  8. Posté par Rat LeBol le

    Cher M.ou Mme X.Z.
    Continuez, s’il vous plaît, à braver la foudre et les mesures de rétorsion de vos collègues et de cette intelligentsia bien pensante dans notre beau pays plein de liberté même sous le couvert de l’anonymat!
    Je me délecte! Un pur petit moment de plaisir en lisant votre humour grinçant! 😀

Et vous, qu'en pensez vous ?

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