Jihadistes: la Bulgarie, un itinéraire bis vers la Syrie pour les Européens

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Comme Fritz-Joly Joachin, un proche des frères Kouachi renvoyé en France jeudi, des centaines d'apprentis jihadistes européens tentent de rejoindre la Syrie en passant par la Bulgarie, souvent par la route, un itinéraire censé être moins repérable.

"La filière est de plus en plus utilisée, compte-tenu du fait que les arrivées à l'aéroport d'Istanbul sont toujours plus surveillées, et que le passage de Bulgarie en Turquie est relativement facile", témoigne un membre français des services antiterroristes.

Vesselin Voutchkov, le ministre bulgare de l'Intérieur, a confirmé il y a quelques jours que des "centaines de ressortissants" européens transitaient par son pays pour répondre à l'appel du jihad.

Joachin, un Français de 28 ans soupçonné par son épouse d'avoir enlevé leur fils de 3 ans pour l'emmener dans les zones tenues par les jihadistes en Syrie, avait été intercepté le 1er janvier par la douane bulgare, alors qu'il tentait de franchir la frontière turque à bord d'un bus.

- Brouiller les pistes -

Outre son enfant, il se trouvait en compagnie d'un ancien jihadiste condamné. Sans mandat pour interpeller ce dernier, les Bulgares le laissent passer en Turquie, où il est arrêté à son tour le lendemain, à la frontière syrienne.

C'est dans un second temps que la France a alerté la Bulgarie, comme elle membre de l'UE, sur le fait que Joachin, recherché d'abord pour soustraction d'enfant, connaissait de longue date les frères Kouachi, les auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo à Paris le 7 janvier.

Fritz-Joly Joachin n'est pas le premier Français arrêté dans ces circonstances.

A Noël 2012, Flavien Moreau, converti à l'islam et radicalisé en prison, était interpellé dans un village frontalier en compagnie d'un passeur. Il avait raté plusieurs tentatives de se rendre en Turquie depuis la France en avion, puis avait décidé de brouiller les pistes en prenant successivement des vols Francfort - Vienne et Vienne - Sofia.

Depuis, le renforcement de la surveillance des aéroports turcs a rendu la voie aérienne encore plus incertaine pour les candidats au jihad, rapportent plusieurs sources à l'AFP. "Par contre, il est toujours aussi facile d'entrer en Turquie par la mer et par la route", assure un diplomate européen en poste en Turquie.

Certains de ces voyageurs discrets arrivent en Bulgarie après avoir pris en Autriche un premier bus pour la Hongrie, et de là un autre pour Sofia, une manière d'effacer leurs traces à chaque étape, explique Tsvetan Tsetanov, un ex-ministre bulgare de l'Intérieur.

- Des cars "passés au scanner" -

Face à cet enjeu, l'expert antiterroriste français loue une coopération "parfaite" avec la Bulgarie, "aujourd'hui aux standards de l'UE".

Mais à Sofia, on rappelle qu'à moins d'avoir été signalés, les jihadistes européens, en tant que citoyens de l'UE, peuvent trop facilement se déplacer dans le pays.

Conscient que les mailles du filet devaient être resserrées, Gilles de Kerchove, le coordinateur de la lutte antiterroriste de l'UE, a recommandé la mise en place de "contrôles systématiques", après une visite discrète le 9 janvier à Sofia.

En trois semaines, cette capitale habituellement à l'écart des grands circuits diplomatiques a également accueilli, pour des discussions sur ce sujet, John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, mais aussi son homologue britannique Philip Hammond, et le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.

Depuis quelques mois déjà, les cars reliant la capitale bulgare à Istanbul (huit heures de route) "sont passés au scanner" au principal poste-frontière de Kapitan-Andréevo, témoigne une responsable de la société Metro, principal opérateur de la ligne.

Les pièces d'identité de chaque passager sont aussi systématiquement comparées aux bases de données du système d'information Schengen.

La police bulgare ne peut pourtant identifier et arrêter les suspects que quand elle a été alertée par les pays d'origine, ce qui est loin d'être toujours le cas, déplore le ministre bulgare Voutchkov, en réclamant "un échange d'information plus sérieux".

A Istanbul aussi, une source gouvernementale renvoie les Européens à leurs propres manquements: "Il y a de graves problèmes de partage de renseignements entre les pays européens". Le repérage des candidats au jihad est mieux à même d'être traité "par les pays d'origine que par les pays de transit", souligne cette source.

 

Extrait de: Source et auteur

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Un commentaire

  1. Posté par Johner Roland le

    J’étais à Istambul il n’y a pas longtemps et j’ai vu un contrôle de personnes effectué par plusieurs policiers. Cela doit être efficace car ils ont été embarqués

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