Ecole. Vous avez dit inclusion ?

Jean Romain
Jean Romain
Ecrivain, philosophe, député PLR GC Genève

L’école inclusive est la nouvelle marotte scolaire ; elle va faire l’objet d’une loi sur l’Instruction publique. Comme toujours, théoriquement, cela semble une bonne idée de refuser de séparer les élèves à problèmes divers des autres. On ne les met plus dans des établissements spécialisés, ni dans des classes spécialisées mais on les mélange avec les autres, dans la mesure du possible. (Cf. schéma ci-dessous)

La première conséquence est l’abolition de la distinction entre école ordinaire et école spécialisée, et vraisemblablement de l'efficacité des deux régimes.La seconde est la modification radicale de la formation des professeurs dont la plupart ne connaissent rien à ce qui ressortit à la prise en charge des élèves différents. Il faudra faire appel à des spécialistes. Mais quelle est la place de l'enseignant quand les difficultés scolaires sont traitées par d'autres spécialistes ?

La troisième est évidemment une modification du rôle de l’école publique car une médicalisation de cette école va être nécessaire puisqu’on impute l’échec scolaire à des dysfonctionnements individuels. En effet, ce type d’interprétations médico-psychologiques de l’échec scolaire précoce, qui impute les difficultés de l’enfant à un déficit individuel, n’incite pas à s’interroger sur la construction des difficultés d’apprentissage au sein même des classes. Or, de nombreux travaux sociologiques, comme ceux de Rochex ou Lahire, montrent que les inégalités d’apprentissage se construisent aussi au sein des dispositifs d’enseignement.
C’est la prochaine grosse problématique de notre école. Je ne suis pas certain qu’en voulant réduire une difficulté on n’en crée pas une autre plus dommageable.

Jean Romain, 18 janvier 2015

 

2 commentaires

  1. Posté par marie le

    Bonjour,
    Il existe déjà une loi d’intégration qui date de 2010,pour les enfants différents…très peu appliquée et seulement au mieux jusqu’au secondaire 1. Après on est face à un rejet majeure et très souvent pas du fait des professeurs mais des doyens et de la direction et évidemment soutenu par la direction générale. Savez- vous que dans les institutions spécialisées il n’y a quasiment pas d’enseignement… juste du relationnel par le jeu!!! Que doivent donc devenir les enfants avec un bon potentiel intellectuel?? Pour le moment aujourd’hui en 2015 , c’est encore et toujours aux parents de se battrent, de payer des professeurs privés, ou de mettre son enfant en école privée pour assurer un avenir à ces enfants intelligents . Alors cette histoire d’inclusion c’est absolument pas pour demain, puisque l’intégration n’est toujours pas en marche après 5 ans. L’ école représente souvent le pire cauchemar des parents d’enfants différents, il faut être sacrément solide pour résister à 11ans voir plus, de dénigrement scolaire perpétuel des capacités éducatives des parents. De plus, inclure ne veut pas dire médicaliser…car ce n’est pas la présence d’un assistant qui modifie les cours ou les rends différents , ici on ne parle que des enfants qui sont capable d’apprendre.

  2. Posté par R. Zwicky le

    Il est à craindre que ce soit plus inquiétant que ce qu’évoque l’auteur de cet intéressant article. Rappelons par que le 15 décembre 2010, à son retour de New York où il avait présidé l’Assemblée générale de l’ONU, l’ancien Conseiller fédéral Deiss s’exprimait devant l’Assemblée fédérale (suisse), et affirmait que « … nous avons besoin d’un système de gouvernance globale efficace et inclusif. »
    Que signifie donc ce mot « inclusif » qui semble se multiplier dans la novlangue mondialiste ? La définition du mot est « qui comprend quelque chose en soi » ou « qui comprend en soi quelque chose d’autre ». On voit que ce n’est pas très clair, c’est donc très recherché. Et surtout l’esprit curieux devrait s’interroger sur ce qui est contenu dans le vocable, ou quelles sont ces nouvelles choses, ou ces nouvelles personnes, que l’on veut inclure.
    En décembre 2013, le site de Valeurs actuelles apportait quelques informations. Sous le titre « Immigration : le rapport qui propose une société inclusive”, il donnait les précisions suivantes sur un rapport officiel (français) visant à la refondation de la politique d’intégration : « Ces mots — intégration, insertion, assimilation — seront proscrits, la société française se devant d’être désormais « inclusive ». Le rapport détaille plusieurs « préconisations » à même de favoriser ce processus. Puisque « désigner c’est assigner et c’est stigmatiser », il faudra « revisiter tous les registres lexicaux utilisés […] par les institutions […] comme par les médias et les partis politiques », sans craindre d’étudier « le recours à la sanction ». Et plus loin : « Enfin, pour faire de la question de l’immigration « un enjeu patrimonial », on pourra célébrer une « Journée internationale des migrants », mettre en place des « ateliers-débats » à tous les niveaux scolaires, valoriser « l’action des immigrés dans des moments importants de l’histoire française » ou encore « inciter les communes à nommer de nouvelles rues et places de villes et villages ».
    Mais ce rapport était français. Chez nous, est-ce à cela que M. Deiss pensait en évoquant sa « gouvernance inclusive »? A lire l’article de M. Romain, il semblerait que certains, notamment à l’Instruction publique, se soient maintenant appropriés le concept et tentent de le concrétiser.

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