Suède: le pays ne pourra pas éluder le débat sur l’immigration

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L'annonce d'un accord avec l'opposition de centre droit permet au gouvernement suédois de gauche d'éviter de convoquer des législatives anticipées, dont la campagne aurait porté sur l'immigration, mais ne pourra éluder cette question.

Les Démocrates de Suède (extrême droite), dont le soutien au budget de l'opposition de centre droit avait amené le gouvernement à annoncer de nouvelles élections, voulaient faire des législatives un référendum sur l'immigration.

Le 24 décembre, le plus récent sondage d'opinion publié par la radio publique SR les créditait de 13,9% des intentions de vote, soit un point de plus qu'aux élections de septembre.

L'accord, qui régit jusqu'en 2022 les règles permettant à un gouvernement minoritaire de gouverner, détermine trois domaines de coopération : les retraites, la défense et l'énergie, mais ne mentionne pas l'immigration.

- Éviter de donner de l'influence à l'extrême droite -

"S'il y avait eu des élections anticipées, on aurait beaucoup parlé d'immigration et les discussions auraient été dictées par les Démocrates de Suède", explique à l'AFP Camilla Sandström, une politologue de l'université d'Umeå.

"L'idée fondamentale, c'est de ne pas permettre aux Démocrates de Suède d'avoir de l'influence", souligne-t-elle.

"Je trouve que c'est très bien qu'il n'y ait pas de nouvelles élections. La plus grande priorité, c'est que les Démocrates de Suède n'aient plus rien à dire et ça va être le cas maintenant", se félicite Per Lager, un assistant maternel de 38 ans interrogé par l'AFP.

Pour Jakob, consultant en informatique de 35 ans qui n'a pas voulu donner son nom de famille, "c'est bien, l'extrême droite va avoir moins d'influence (...), mais on doit davantage parler d'immigration et d'intégration. Personne n'en parle et ça laisse plus de place aux partis contestataires quand ils le font".

Elin Wihlborg, professeur de sciences politiques à l'université de Linköping, estime nécessaire un débat sur l'immigration.

"La discussion doit être plus nuancée. Il doit être possible de diviser la question : d'une part, parler de l'opportunité pour les immigrés de rester en Suède et de l'autre de l'organisation de l'accueil des réfugiés", dit-elle à l'AFP.

- Jusqu'à 105.000 demandeurs d'asile -

En 2015, la Suède devrait accueillir un nombre record de demandeurs d'asile, jusqu'à 105.000 personnes, selon l'agence nationale des Migrations.

Terre d'accueil réputée, elle a été le premier pays européen à accorder en 2013 un permis de séjour à tous les réfugiés syriens.

"La plupart des Suédois sont d'accord pour que la Suède soit une nation ouverte (...) mais le grand problème pour le moment, ce sont les conditions d'accueil des réfugiés", poursuit Mme Wihlborg.

Pour elle, il importe de discuter de ces conditions sans préjugés afin que les communes, qui sont légalement responsables de l'accueil, puissent l'organiser de manière optimale.

Beaucoup d'entre elles se plaignent de manquer de moyens et de places et les réfugiés sont parfois logés dans des conditions précaires.

"Je pense que le gouvernement doit traiter ce sujet avec sérieux car les élus locaux et les municipalités ont du mal à s'en sortir", a-t-elle conclu.

Pour Anders Widfeldt, spécialiste de la politique suédoise à l'Université d'Aberdeen, les questions relatives à l'immigration sont déjà discutées, mais "en des termes différents".

Les Suédois veulent avant tout éviter un débat qui permettrait à "des sentiments négatifs, stéréotypés et stigmatisants de s'exprimer", affirme-t-il auprès de l'AFP.

Il en va de l'image du pays qui tient à conserver sa bonne réputation au sein de la communauté internationale tout en cherchant à aplanir les difficultés liées au caractère récent de l'immigration dans ce royaume scandinave.

 

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