Auditionnée par l'Observatoire de la Laïcité le 21 octobre 2014, la ministre de l'Éducation nationale souhaite autoriser les mamans avec voile dans les sorties scolaires. Malika Sorel réagit en exclusivité pour FigaroVox.
"[...]Malika Sorel: Pour que les Français comprennent bien les défis dans lesquels ils ont été entraînés malgré eux, je souhaite rappeler que le voile, comme l'avait longuement développé l'islamologue Abdelwahab Meddeb dans une tribune publiée en décembre 2009 dans le Monde, n'est pas un simple bout de tissu. Il constitue, pour citer ses mots, «une atteinte au principe de l'égalité et de la dignité partagées entre les sexes (…) et qu'il convient de situer la prescription du voile dans une société phallocratique, misogyne, construite sur la séparation des sexes, sur une hiérarchie des genres.» La question que vous me posez dépasse donc, et de loin, celle de la laïcité puisque ce sont les fondements de la société française qui se trouvent ici questionnés.[...]
Najat Vallaud-Belkacem peut-elle se risquer à abroger la circulaire Chatel?
Ce n'était pas nécessairement le cas il y a vingt ans, mais nos hommes et femmes politiques ont depuis parfaitement pris conscience de la réalité des enjeux. Ils savent également qu'une femme qui se voile devient pour les autres musulmanes une leçon de morale ambulante qui peut ouvrir la voie à l'exercice, sur ces dernières, d'une pression de leur entourage ; d'où la prolifération des voiles que l'on observe. Le voile n'est donc pas neutre et peut se muer en instrument d'amputation de liberté pour un certain nombre de femmes. Par ailleurs, comme le mettent en évidence nombre d'enquêtes sur les signes religieux - la dernière en date étant celle du Crédoc, les Français se sentent de plus en plus dérangés par ces signes, et sont 81 % à souhaiter les voir interdits dans les entreprises privées. Je ne vois donc pas en quoi la décision de Najat Vallaud-Belkacem pourrait être assimilée à un quelconque geste d'apaisement ou de tolérance.
Maintenant, cela fait malheureusement bien longtemps que notre classe politique ose tout et risque tout, y compris la déstabilisation des fondations de la maison France, sans vraiment prendre garde aux conséquences: il y a fort à parier que le peuple français n'est pas mort, ne s'est pas suicidé et qu'il est en train de sortir, peu à peu, de sa longue anesthésie."
Extrait de: Source et auteur
Et vous, qu'en pensez vous ?