Un article percutant sur la transition énergétique en Suisse : ʺZu wenig analytisch, zu wenig seriös diskutiertʺ, du Prof. Silvio Borner

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Auteurs de la synthèse et de la traduction :

Christophe de Reyff, Dr ès Sc, physicochimiste

Daisy Aubry Golaz, MBA, MSc éco. & soc.

ClubEnergie

 

La Basler Zeitung a publié, le 3 octobre 2014, un article de Silvio Borner, professeur d’économie à l’Université de Bâle, au sujet de la transition énergétique en Suisse et de la stratégie que le Conseil fédéral entend mettre en œuvre à ce sujet. Le Professeur Silvio Borner déclare à ce propos:

 

ʺZu wenig analytisch, zu wenig seriös diskutiertʺ

soit,

Trop peu d’analyse, trop peu sérieusement discutée

 

Après une introduction dans laquelle le Professeur Silvio Borner décrit l’approche du sujet, il analyse en une magistrale synthèse de 13 points « Stratégie énergétique 2050 » du Conseil fédéral dans une perspective non seulement scientifique, technologique et technique, mais aussi économique et sociale. Le professeur bâlois emmène ainsi son lecteur dans les contradictoires méandres et les manipulations politiciennes de cette prétendue stratégie, méandres et manipulations qui non seulement n’ont aucun sens sur les plans scientifique, technologique, économique et social, mais qui aboutissent encore à la tentation, fort peu démocratique, de rééduquer la population au motif d’une issue qui n’a d’énergétique que la qualification et qui s’apparente bien davantage à une posture idéologique qu’à une bonne et saine gestion des affaires publiques. Ainsi, les points suivants sont graduellement mis en évidence dans l’analyse à laquelle se livre le Professeur Silvio Borner :

 

  • Telle qu’annoncée, la transition énergétique suisse contredit singulièrement la politique climatique du gouvernement ; cette transition est devenue principalement une transition électrique et non plus énergétique, le Conseil fédéral se trompant de cible : au lieu de vouloir en tout premier lieu diminuer la consommation des agents fossiles, sources de CO2 et de pollutions, il veut, de force, supprimer le recours à l’énergie nucléaire dans la production d’électricité.

 

  • La « Stratégie énergétique 2050 » aboutit notamment à l’interdiction politique d’une technologie (en l’occurrence, l’énergie nucléaire) et c’est une erreur parce que la recherche scientifique et les développements technologiques qu’elle autorise ne procèdent pas du politique.
  • Simultanément, le Conseil fédéral déclare vouloir mener une politique énergétique sans prendre en compte les contraintes technologiques que cette politique suppose au moment où il la proclame, se trouvant dès lors dans l’obligation de substituer à ces contraintes des techniques dont les coûts précarisent l’approvisionnement interne de la Suisse en électricité.

 

  • Il est évident qu’une fois injectée dans le réseau, l’électricité suit son propre chemin et ne peut pas être guidée : la prétendue vente sélective d’électricité, qualifiée de ʺverteʺ ou de ʺsaleʺ par les distributeurs, tient de la farce, voire de la tromperie sur la marchandise qui devrait être répréhensible.
  • De plus, le Conseil fédéral table sur des sources d’énergie alternatives fluctuantes et intermittentes ; or l’intermittence et les fluctuations de la production d’électricité via l’éolien et le photovoltaïque menaceront la stabilité du réseau et la sécurité de l’approvisionnement. Sans compter encore que la production aléatoire en masse d’électricité d’origine alternative engendrera des coûts externes additionnels (entre autres, ceux dus à l’énergie de réglage, c’est-à-dire à la nécessité de recourir à des installations classiques à agents fossiles devant prendre le relai lors des baisses ou absences de production d’énergie alternative par temps calme, temps couvert, la nuit, l’hiver), des coûts qui deviendront progressivement plus importants que les coûts de production eux-mêmes. Et plus la proportion de production intermittente d’électricité dans le mix énergétique augmentera, plus ces coûts additionnels seront élevés.
  • La politique énergétique du Conseil fédéral, telle qu’envisagée, conduirait donc à une grave perte au niveau économique national. Son subventionnement par l’État est aussi antisocial ;

 

  • Étant donné les facteurs déterminants dans l’évolution du marché libéralisé de l’électricité, à savoir les prix fixés par ce marché, d’une part, et des développements techniques que l’on ne peut ni prévoir ni planifier, d’autre part, le Conseil fédéral se trouvera inévitablement réduit à fonder son actuelle politique énergétique sur l’espérance et sur les importations.
  • Et parce que la transition énergétique proclamée par le Conseil fédéral n’a fait jusqu’ici l’objet ni de solides analyses, ni de débats sérieux, les politiciens fédéraux et ceux qui les suivent au niveau cantonal n’ont rien trouvé de plus intelligent que de vouloir prescrire par ukase la réduction, économiquement et socialement nuisible, de la consommation énergétique.
  • Faute de remettre lucidement l’ouvrage sur le métier ou simplement de ne pas le vouloir pour des raisons qui dépassent l’entendement, ces politiciens s’enferrent désormais dans une absurdité idéologique, politisent et briment même la liberté de recherche des scientifiques en commanditant des études dont ils dictent quasiment et à l’avance les résultats, et cela jusqu’à oser considérer que ces études visent la rééducation des citoyens pour que ces derniers acceptent la privation de leur individuelle liberté.

 

  • Le Professeur Silvio Borner conclut son analyse de la transition énergétique en Suisse en prédisant un désastre politique et économique dont seule une consultation populaire saura préserver le pays.

 

  • En d’autres termes et sous couvert de transition et d’efficacité énergétique, c’est tout autre chose que les autorités politiques fédérales tentent de mettre en œuvre : la prétendue « Stratégie énergétique 2050 » du Conseil fédéral fait partie d’une politique de planification de l’économie et des comportements sociaux par l’État. Et, que ce soit politiquement correct ou non de le dire, cela porte un nom : le dirigisme d’État, avec les conséquences que l’on sait sur les économies et les sociétés qui l’ont déjà subi dans l’histoire ou en souffrent encore.

Le lecteur trouvera, en annexe à cette introduction :

4 commentaires

  1. Posté par Laemmler le

    Je suis contre les éoliennes et depuis longtemps c’est improductif cela abime les paysage, or la Suisse étant un pays de tourisme il serait bien de ne pas abimer nos paysages tout cela pour satisfaire l’égo de quelques personnes

  2. Posté par Ph.Tauxe le

    Parfaitement juste.Il n’y a rien à retrancher.Devrons-nous renoncer au magnifique cadre de vie qui nous entoure au profit de ces machines qui ne nous rapporteront rien,sinon des nuisances à la pelle et de l’argent dans la poche de leurs promoteurs?C’est un problème de société,et non pas de disponibilité d’énergie.

  3. Posté par Jean-François Dupont le
  4. Posté par Myrisa Jones le

    En parlant de ces fameuses énergies renouvelables, quels sont les lecteurs du site qui savent que l’Arc jurassien sur toute son étendue, ainsi que le plateau, vont être sacrifié pour y construire des dizaines de parcs éolien, comprenant des machines atteignant la hauteur incroyable de 200m de haut ???
    Petit rappel: nous n’avons en Suisse jusqu’à aujourd’hui aucun bâtiment, y compris dans les villes, qui atteignent cette taille. Et de plus elles seront implantées sur les crêtes, en pleine nature à coup de dérogation sur la LAT. ( Loi d’Aménagement du Territoire)
    Il est question à terme de 1000 à 1500 machines !!!
    (Dixit: Nordmann, Van Singer, Recordon, De Quattro, Chevalley, Thorens, Kramer, pour ne citer qu’eux. Ils ont par ailleurs tous signé pour la protection de l’environnement et du paysage… Cherchez l’erreur!)
    Je vous laisse imaginer ce que cela va représenter en terme d’impact sur un territoire aussi exigu et aussi densément peuplé. Nous vivrons bel et bien au milieu d’une immense zone industrielle, faite d’hélices gigantesques, qui envahiront notre horizon où que se tourne notre regard.

    Savez-vous également qu’en dehors du bruit audible qui peut atteindre jour et nuit des pics sonores de plus de 80 décibels selon les conditions de vent, les infrasons, eux , bien qu’inaudibles, provoqués par la rotation des pales, portent jusqu’à 10km à la ronde?
    Les infrasons ne sont-ils pas connus pour rendre les gens malades?
    Ex: les ventilations de bureaux sont soumises à une réglementation stricte.
    Par contre, ô merveille de la communication publicitaire, pour les grandes éoliennes, qui sont de gigantesques ventilateurs à ciel ouvert, et qui brassent chacun des surfaces de 13 000 m2, comme par hasard, les infrasons n’existent pas! Donc ils ne sont pas mesurés. C’est aussi simple que cela.
    Or les distances réglementaires entre éoliennes et habitations en Suisse sont de 500m. Alors que les recommandations dans de nombreux pays à travers le monde et suite à de terribles expériences pour la population riveraine, sont désormais de 2 km à 5 km des habitations…
    Mais nos autorités politiques font la sourde oreille et ne veulent pas entendre parler d’une augmentation des distances de sécurité.
    Evidemment, puisque en appliquant le principe de précaution et pour des raisons de santé publique, très peu de parcs éoliens pourraient ainsi être autorisés à la construction sur ce petit territoire, dont seul 40 % est habitable, massif alpin oblige.
    Ils préfèrent donc sacrifier la population, qui finalement à tord de prendre la place des éoliennes industrielles, au nom d’intérêt politique et d’une dogmatique pseudo écologique qui tente par tout le moyens de cacher les dérives du « greenwashing ».

    Quant à la production prévue en Suisse, à part le fait qu’elle est surestimée de 30% en moyenne comme partout ailleurs en Europe, car il faut attirer les investisseurs, à cause de la situation géographique au centre du continent, et donc de l’absence de vent forts et réguliers indispensables au bon fonctionnement des machines, elle ne dépassera pas 1 jour sur 6 par semaine en moyenne et sur l’année.
    Il faudra donc effectivement palier à cette intermittence, avec la construction d’au moins 5 centrales à gaz comme annoncé par notre ministre de l’énergie.
    Il est donc prouvé qu’il est totalement absurde, dans ces conditions, d’ériger des machines qui produiront aussi peu d’électricité, mais aussi parce qu’elles feront exploser notre facture d’électricité à cause des subventions fédérales (RPC) indispensables à leur survie économique.
    De plus elles détruiront définitivement le peu de patrimoine environnemental et paysager qu’il nous reste. Chaque parc éolien nécessite des milliers de m3 de béton armé, des km de terrassement pour créer des routes d’accès, des abattages de pans entiers de forêts dans certains endroits, des nouvelles lignes électriques et des transformateurs, etc…bref des chantiers pharaoniques en pleine nature.
    Rien que dans la région du Chasseront, flanc sud et nord ce sont pas moins de 50 machines qui sont prévues.

    Alors pourquoi persister dans la volonté de construire ces éoliennes industrielles qui ne feront aucun poids dans la transition énergétique, comme le souligne très biens le professeur Borner, et avec les conséquences désastreuses parfaitement connues, sur les plan économique, environnemental, social et médical?
    Parce que cela rapporte beaucoup, beaucoup d’argent aux constructeurs (étrangers), aux promoteurs, aux bureaux d’ingénieurs, à des communes aux abois financièrement, à des particuliers, aux investisseurs (subventions étatiques, locations des terres, spéculation foncière, certificats verts, etc.)
    Il n’y a pas d’autre raison.

    Et pour finir une question ironique:
    100 000 personnes de plus par année à accueillir sur le territoire, avec le développement des infrastructures qui vont avec, c’est combien de machines de ce type à construire chaque année, juste pour répondre à l’augmentation de la consommation d’électricité ???
    Si 1000 éoliennes industrielles produisent 8 % du total de l’électricité consommée en Suisse en une année, en précisant que ce chiffre provient des promoteurs et est grandement exagéré, avec une augmentation de 2 % par année de la consommation d’électricité, 4 ans plus tard, il faudra à nouveau avoir construit 1000 éoliennes supplémentaires…

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