Ecopop : on a le droit d’être pour !

Pascal Décaillet
Pascal Décaillet
Journaliste et entrepreneur indépendant
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Dans un peu plus d’un mois, l’initiative Ecopop, dont je parle ici depuis plus d’un an, aura été tranchée par le peuple et les cantons. Dans quel sens ? Je l’ignore absolument. Nous verrons bien. En attendant ce verdict, un mot sur la campagne. Pour l’heure, on ne voit et n’entend que les opposants. Tous les partis politiques, y compris l’UDC (ce que je peine à comprendre). Le patronat. Les syndicats. L’écrasante majorité des éditorialistes. Bref, tout ce que la Suisse compte d’officialité représentative, de médiateurs agréés, de porteurs de parole officielle, de Feuilles d’avis de l’opinion majoritaire, entendez par exemple à Genève l’édito de la Tribune, le diapason du pouvoir installé, celui qui ne trompe pas.

 

Comme pour le 9 février, les opposants rugissent. De leur voix, ils couvrent l’ensemble de l’univers sonore, ont même de leur côté les humoristes. Ils accaparent le texte, le contexte, la marge, l’apparat critique. C’est le livre des opposants, édité par les opposants, financé par Economie Suisse (pas assez, à leur goût, à entendre hier soir Filippo Lombardi), défendu et illustré par les opposants. Fort bien. C’est le jeu. Nous sommes dans un pays libre. Chacun a le droit de s’exprimer. Même si l’insulte face au texte proposé au peuple et aux cantons dépasse parfois la ligne rouge, comme ce communiqué du NOMES (Nouveau mouvement européen suisse), publié ce matin, qui, nous invitant à un « Concert contre Ecopop », parle d’une « initiative raciste et arbitraire ».

 

Reste à savoir en faveur de qui joueront ce tintamarre, cette diabolisation. Nous verrons bien, le 30 novembre. Ce qui est sûr, je l’annonce ici depuis plus d’un an, c’est que les thèmes de la masse migratoire et de la protection de l’environnement sont particulièrement chers aux préoccupations des Suisses. Liés l’un à l’autre (pour la première fois), ils pourraient bien avoir la charge explosive nécessaire à dynamiter les réseaux de propagande du camp adverse.

 

Cette charge, elle est à chercher dans le cœur de nos compatriotes, leur attachement à un pays qui demeure vivable, donc leur rejet d’une Suisse à 12 ou 15 millions d’habitants. Parce qu’ils comprennent très bien, les Suisses en voyant une carte de leur pays, que ce dernier, constitué principalement de montagnes, n’est pas extensible à souhait : nous ne sommes ni dans la plaine lombarde, ni dans celle de Silésie. Dès lors, vouloir limiter l’augmentation (étrangère ou autochtone) de la population ne relève ni de malthusianisme, ni surtout d’une quelconque xénophobie, ce mot-valise tellement utilisé, et totalement à tort, dans la campagne du 9 février. La question migratoire, en Suisse, ON A LE DROIT DE LA POSER. Le droit de la mettre à l’ordre du jour. Sans se faire insulter, ni traiter de fascistes. Ensuite, les consciences citoyennes diront oui ou non à Ecopop. Mais la question migratoire n’a pas, dans notre pays, à relever du tabou.

 

Cette question fut d’ailleurs posée le 9 février dernier, Et tranchée dans le sens que l’on sait. Ce jour-là, le peuple et les cantons, souverains, ont dit au Conseil fédéral ce qu’il devait faire. Eh bien notre gouvernement, notre Parlement, nos très chers élus, depuis plus de huit mois, qu’ont –ils entrepris pour mettre en application cette décision du peuple ? Réponse : RIEN ! Ils ont temporisé. Freiné. Empêché. Fait barrage, au maximum. Déjà, ils parlent de revoter. Comme s’il s’agissait de corriger une anomalie passagère, une parenthèse de l’entendement. Le peuple du 9 février aurait été comme estourbi. Réveillé, il reviendrait à la « Raison ». Eh bien croyez-moi, cette suintante lenteur dans la mise en application du 9 février, elle va aider le camp du oui dans l’affaire d’Ecopop.

 

Parce qu’il y a, dans ce pays, des citoyennes et des citoyens qui en ont marre. Ils en ont plus qu’assez que des initiatives, dûment munies des signatures requises, soient menacées d’invalidation par des corps intermédiaires, ou alors diabolisées, vilipendées, comme s’il émanait d’elles quelque chose de sale, d’indigne. Alors qu’une initiative est un ORGANE de notre démocratie, dûment reconnu et codifié par notre ordre constitutionnel. Non seulement elle a le droit d’exister, mais lorsqu’un beau dimanche elle est acceptée, elle prouve à quel point, contre tous les corps intermédiaires, elle avait raison d’exister. Sur les thèmes combinés de l’immigration et de l’attachement à l’environnement et au paysage, on l’a vu par exemple avec l’initiative des Alpes ou encore avec Franz Weber, oui, il y a le mélange explosif capable de créer la surprise. Le détonateur sera-t-il assez puissant ? Je l’ignore. Mais chaque insulte des opposants contribue à le renforcer. Verdict le 30 novembre, nous verrons bien. Et demeurerons citoyens fraternels, unis dans une même démocratie, au-dessus des clivages et des divergences.

 

Pascal Décaillet, Sur le Vif, 21.10.2014

 

8 commentaires

  1. Posté par tchiakpe le

    Etant donné que la votation du 9 février ne sera jamais appliquée et que je n’ai pas besoin de leçons des partis et que j’ai un cerveau pour réfléchir je voterai OUI à ECOPOP!

  2. Posté par KANDEL le

    Conrad Hausmann: « Pouvons nous avoir des autoroutes à six pistes, des chemins-de-fer à 8 voies…et surélever des immeubles pour des attiques de 2 pièces à 2600frs.par mois ? Agrandir gares, aéroports, hôpitaux, avoir une suisse de 10 ou 12 millions d’hab. Freiner cette dinguerie c’est voter OUI à ecopop. »

    « Freiner cette dinguerie », super, comme c’est bien dit!
    Personnellement je dis « Stopper cette dinguerie … et revenir à une Suisse de six millions d’habitants ».
    Vive la Suisse chrétienne, indépendante, libre et fière de 1291.

  3. Posté par Lafayette le

    Voter oui c’est une action responsable, le problème posé par des textes mal écrits ne concerne pas la volonté populaire. Chacun sa compétence !

  4. Posté par Pierre Cocasse le

    Oui à Ecopop, comme Pascal ! Le refus du Conseil Fédéral de légiférer selon le vote du 9 fév. et les réactions des anti-démocrates entendues et lues m’ont de suite décidé de confirmer le vote du 9 fév. en votant OUI à Ecopop ! …non mais, nous aimons notre pays et je déteste l’UE et les magouilles des USA.

  5. Posté par gaspard le

    Je pense également voter oui, pour préserver notre pays, marre de la croissance exponentielle capitaliste.
    Meilleur temps de privilégier une politique familiale décente pour les familles du pays, on aimerait voir plus de familles suisses avec 3 ou 4 enfants

  6. Posté par Pascal le

    je voterai oui à Ecopop. On attend toujours l’application de la votation du 9 février.

  7. Posté par Aude le

    J’ai bien peur, pour ces opposants si tonitruants, que le 30 novembre 14 soit la réédition du 9.2.14 qui risque cette fois-ci d’être un peu plus radicale.
    Quelle soit au plus des 20’000 supérieure,clouera un tant soit peu le bec de certains médias. Si tel serait le cas, l’on n’échappera pas à la horde furibonde. Mais la leçon peut se transformer en une sérieuse sanction à leurs batifolages au regard de l’UE.

  8. Posté par conrad hausmann le

    D’après certaines prévisions statistiques il semble que l’unamité des partis politiques n’ ait pas le resultat escompté,bien au contraire.On nous parle de richesse, mais pour qui? Seuls les magnats de l’immobilier et les bétonneurs en profitent.Pouvons nous avoir des autoroutes à six pistes, des chemins-de-fer à 8 voies…et surélever des immeubles pour des attiques de 2 pièces à 2600frs.par mois? Agrandir gares,aeroports,hopitaux,avoir une suisse de 10 ou 12 millions d’hab. Freiner cette dinguerie c’est voter OUI à ecopop.

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