Sympathique Ecopop

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Contre l'establishment politico-médiatique qui nous martèle tout le mal qu'il en pense jour après jour jusqu'au 30 novembre, contre le Conseil Fédéral, contre le Parlement, contre mon parti même, je soutiens l'initiative Ecopop.

prise de position,votation du 30 novembre 2014septembre 2013,ecopop,initiativeThomas Minder s'est sans doute senti bien seul au Conseil des Etats en étant l'unique sénateur à soutenir le texte. Mais n'exagérons rien. Le rejet d'Ecopop par les partis n'est pas aussi unanime qu'il y paraît. Au sein de l'UDC Vaud, par exemple, le texte ne fut rejeté que de justesse en congrès par 25 Non contre 21 Oui et 13 abstentions. Sur le plan fédéral, l'ASIN décida de soutenir Ecopop. Elle sera évidemment suivie par une bonne partie des écologistes, quels que soient les mots d'ordre lancés par les dirigeants du parti. Le rejet d'Ecopop est pour l'instant bien plus le reflet du sentiment des élites - qui dominent les médias - que de celui de la population.

Ecopop part d'un raisonnement simple: les problèmes du monde - et en particulier de la Suisse - sont dus à la surpopulation. Elle s'applique à trouver une solution locale à travers la limitation de l'immigration pour préserver les ressources naturelles, et ailleurs en orientant 10% de l'aide au développement suisse pour promouvoir une planification familiale volontaire. Pourquoi pas, ce sera toujours ça de moins dépensé en Mercedes neuves par des tyrans corrompus.

Ecopop repose sur une logique malthusienne, donc évidemment fausse, comme démontré maintes fois à travers les siècles.

La pensée malthusienne part toujours du principe qu'il n'existe qu'une quantité limitée de quelque chose (travail, ressources naturelles...) et que, face à une augmentation continue de la population qui consomme cette ressource, une "pénurie inévitable" s'ensuivra. Les tenants de ce credo réclament ensuite des mesures drastiques à prendre au plus vite pour enrayer la trajectoire. Simple, séduisant, et faux.

L'erreur est dans le postulat de base, l'idée que les ressources soient en quantité limitée. Entre les approvisionnements alternatifs, les progrès technologiques diminuant la consommation, le recyclage ou bien d'autres solutions sorties de l'inventivité humaine, cela ne s'est jamais vérifié, même pour des ressources prétendument rares comme le pétrole. De plus, les êtres humains ne sont pas des robots et face à la rareté, ils adaptent leur comportement en conséquence.

"Certes", répondrez-vous avec un soupçon de méfiance, "mais qu'en est-il de notre cadre de vie? Nos campagnes, nos beaux pâturages? On ne peut pas tout de même construire à l'infini!" Et vous auriez raison - à ceci près que nous sommes très, très loin de cette situation. Comme je le relevais à l'occasion d'une autre initiative, la Suisse est peu peuplée. Le seul canton de Genève pourrait accueillir toute la population helvétique sans être densifié davantage que la ville de Genève que nous connaissons...

L'idée que notre pays ait atteint le sommet de sa densité démographique supportable est parfaitement risible. Quant au fameux "mètre-carré bétonné par seconde" dont on nous rebat les oreilles, il faudrait presque quatre siècles pour urbaniser le seul plateau suisse à ce rythme!

Alors pourquoi apporter mon modeste soutien à ce texte? Parce qu'il faut analyser Ecopop non selon ses postulats de départ (complètement délirants) mais selon ses effets. C'est un principe intellectuel de base:

Un projet politique ne doit pas être jugé selon ses intentions mais selon ses conséquences.

Il en va d'Ecopop comme du reste. Quelque chose de bon peut-il sortir d'une idée fausse? Je pense que oui et c'est là tout le sel de cette initiative.

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Contrairement à ce qu'on tente de faire croire aux citoyens ces temps-ci, Ecopop n'a rien d'apocalyptique. La Suisse peut tout à fait vivre, et même bien vivre, avec un solde net d'immigration de 0,2% annuels. Certains chefs d'entreprise seront peut-être un peu gênés au moment de recruter au sein des habitants déjà installés au lieu de les importer à vil prix d'une Europe en crise. Peut-être même devront-ils s'atteler à nouveau à former la population locale, rendez-vous compte! Certains projets d'aménagement pharaoniques lancés par les politiques et payés par les contribuables seront peut-être stoppés. Il faudra tenir compte de l'immigration réelle et surveiller les allées et venues de tout ce petit monde, comme ces hordes de demandeurs d'asile venus d’Érythrée ou de Syrie qui semblent apparaître spontanément en Suisse comme par téléportation.

Mais les véritables effets d'Ecopop sont ailleurs. L'initiative représenterait une authentique catastrophe pour nos élites, dépassant largement celle du 9 février en magnitude.

La Suisse serait forcée de se doter à nouveau d'une police des frontières digne de ce nom. Le dogme du multiculturalisme en prendrait un coup avec l'instauration d'une véritable immigration choisie. Le robinet des (faux) requérants d'asile serait coupé, mettant en péril les milliers d'emplois de fonctionnaires et assimilés qui vivent en Suisse de l'industrie de l'immigration illégale et de la misère humaine. Un grand coup de marteau viendrait planter pour de bon le dernier clou du cercueil de la participation de la Suisse à cette absurdité qu'est "l'Espace Schengen", mettant une fois de plus la construction européenne en défaut.

La Suisse redeviendra un eldorado de sécurité et de tranquillité en abandonnant une croissance artificielle basée sur la seule augmentation du nombre de bouches à nourrir, à vêtir, à loger, à soigner, à indemniser, à subventionner. Elle pourra pour une fois concentrer ses efforts sur sa propre population.

La démocratie directe helvétique sera citée en exemple par tous les Européens. La Suisse sera l'envie de tous les peuples, tout en suscitant une haine d'une intensité tout aussi forte à Bruxelles.

Cela peinera beaucoup à Berne.

Le jeu en vaut-il la chandelle? On peut répondre à cette question en en posant une autre. Considérant le peu d'empressement du gouvernement à respecter les décisions populaires en matière de renvoi des criminels étrangers, d'abus dans le droit d'asile ou d'arrêt de l'immigration de masse, avons-nous vraiment le choix?

Si le peuple baisse les bras sur Ecopop, il y a toutes les chances que la classe politique in corpore, après avoir poussé un soupir de soulagement, ne se dise que finalement les gens ne veulent pas "aller trop loin" et... Cessent séance tenante toute avancée sur les initiatives précédemment citées. Ils clameront juste que depuis, les citoyens ont changé d'avis, en attendant quelques années qu'une nouvelle votation ne vienne montrer le contraire. Le risque est bien réel, et si Ecopop est refusée nous verrons ces analyses livrées en prêt-à-penser dès le 30 novembre au soir.

Alors, Oui à Ecopop. Et je ne vous ferai pas l'affront de lancer des pseudo-stratégies politiques style "je soutiens Ecopop mais je souhaite en réalité qu'elle échoue" ou "obtenons une forte minorité pour Ecopop pour faire pression sur le gouvernement". Peut-être certains lancent ainsi des calculs qui leur échappent, des desseins stratégiques illisibles, à moins qu'il ne s'agisse simplement d'apparaître au coté des vainqueurs le dimanche soir quel que soit le résultat sorti des urnes. Ce n'est pas mon cas. Je souhaite qu'Ecopop passe la rampe, franchement. Cette position est le résultat d'un calcul politique si clair qu'il tient en une seule phrase: les conséquences désastreuses d'Ecopop sont préférables aux conséquences désastreuses de l'absence d'Ecopop.

Stéphane Montabert, 9 octobre 2014

6 commentaires

  1. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Belle argumentation. Mais « la fin de la surpopulation en Suisse et dans le monde » laisse présager ce que je me refuse à imaginer.

  2. Posté par François le

    En guise de participation à la discussion je propose la lecture de l’article suivant :
    La planète vit de plus en plus à crédit (http://www.euractiv.fr/sections/developpement-durable/la-planete-vit-de-plus-en-plus-credit-307845) Published: 20/08/2014 – 09:17

    Dont j’extrais les deux phrases suivante :

    « Les humains consomment environ 1,5 fois ce que la Terre pourrait leur offrir par an.
    Durant les huit premiers mois de 2014, l’humanité a épuisé l’intégralité des ressources naturelles que la planète est capable de renouveler chaque année. »

    Bonne lecture.

  3. Posté par colibri le

    Pour peu qu’on soit lu par les chinois de Chongqing ils riraient sans doute avec leurs 32 millions d’habitants sur une surface 7 fois moins grande que la France

  4. Posté par Alain de la Tour le

    Ecopop est une excellente initiative. La logique malthusienne, ici malmenée dans ses fondements est malgré tout juste et les écosystèmes qui disparaissent de la surface de la planète sous la pression de la surpopulation ne reviendront jamais. La qualité de vie, les épidémies, conflits armés ne sont jamais pris en compte et la question des identités, idem. La question de la prolifération de l’humain est le plus grand tabou de notre époque.

  5. Posté par KANDEL le

    Monsieur MONTABERT, j’ai lu votre article avec un émerveillement croissant de bout en bout.
    En effet, après avoir lu quelques lignes je me disais « tout ce qu’écrit Monsieur MONTABERT est parfaitement juste et vrai mais malheureusement il n’osera pas aller au fond des choses ce serait vraiment trop inconvenant pour la bienpensance qui nous assaille de tous les côtés ».
    Ô MIRACLE, j’avais tort, pas à pas Monsieur MONTABERT mettait tous les point sur les « i », nos pauvres esclaves du politiquement correct vont en avoir le souffle coupé: COMMENT OSE-T-IL DIRE TOUTES CES ÉVIDENCES ALORS QUE PAR AVANCE LES MÉDIAS AVAIENT DIABOLISÉS DE TELS CONTREVENANTS ?
    ALORS :
    • OUI À LA SAGESSE ET AU COURAGE DE MONSIEUR MONTABERT,

    • OUI À ECOPOP,

    • NON À NOS MAUVIETTES DU CF,

    • OUI AU COURAGE,

    • NON À LA LÂCHETÉ

    • PRENONS EXEMPLE SUR CES GRANDS-MÈRES KURDES QUI PRENNENT DES KALACHNIKOVS POUR DÉFENDRE LEURS VIES, LEURS PROCHES CONTRE LA BARBARIE DE L’EI.

  6. Posté par bigjames le

    Tout à fait d’accord. C’est la solution simple à tous les problèmes.
    Du bon sens élémentaire.
    Ecopop 3 x OUI.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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