L’ordre des journalistes contre Magdi Cristiano Allam

 L'ordre des journalistes contre Allam : c'est ainsi qu'on piétine la liberté d'opinion.

pierluigi-battista Par Pierreluigi Battista (Journaliste au Corriere della Sera)

Transformer une opinion en crime, même si cette opinion est critiquable, ne devrait jamais être accepté dans un pays qui désire conserver son âme libérale, ne devrait jamais exister dans un Ordre professionnel comme celui des journalistes.

Mais voilà, mettre en accusation un commentateur comme Magdi Cristiano Allam pour ses prises de positions est devenu l'occupation estivale de l'Ordre des journalistes. Une parodie d'Inquisition [...], un tribunal non-autorisé qui interprète à sa manière les principes de la liberté d'expression et qui se permet d'asséner un verdict sur les opinions d'un collègue.

L'Italie s'est chargée d'une pléthore de délits d'opinion, jamais digérés durant toute la période de la République post fasciste.

 Pas besoin d'instruire de procès pour qui s'arroge le droit de juger les opinions d'autrui avec l'unique excuse de posséder la carte de l'Ordre professionnel. Si un journaliste commet un délit, il devrait être jugé, comme n'importe quel citoyen, par un Tribunal de la République.

Les petits tribunaux populaires qui se posent en juges de l'éventuelle islamophobie d'Allam sont de pâles imitations d'époques autoritaires où on ne faisait pas de différence entre délit et opinion. Pourtant, la liberté d'opinion, nous devrions l'avoir appris, est indivisible et ne devrait pas être manipulée selon ses préférences idéologiques.

 

On veut critiquer Allam ? En Italie il existe le pluralisme de la critique et de l'information. Le conflit d'idées est le sel d'une démocratie libérale.

Cette justice personnelle, ces "tribunaux" de corporations qui se permettent de juger, non pas un comportement ni une négligence grave, mais le contenu d'un article est un résidu d'intolérance antique qui ne supporte pas la diversité des opinions, même les plus extrêmes.

Les censeurs de l'Ordre devraient ranger leurs procès dans les tiroirs, s'enlever leurs toges d'Inquisiteurs et admettre avoir commis une erreur.

Il n'est jamais trop tard pour découvrir la liberté. 

Pierreluigi Battista

Source en italien (trad. D. Borer)

(Article écrit suite à des plainte de l'Ordre des avocats contre Allam pour certains de ses articles : L’Ordine dei giornalisti contro Magdi Allam: «È islamofobo» )

 

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