[Reprise] « La crise ukrainienne est en train de dégénérer en véritable génocide », par Francis Boyle

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Reprise d’une interview de RT du 4 juillet

“Alors que les russophones sont exterminés en Ukraine par le « mauvais » gouvernement dirigé par des fascistes néo-nazis, la Russie doit agir et prévenir le génocide, dit à RT Francis Boyle, Professeur de Droit International de l’Université d’Illinois.

 

 

RT : La situation à l’Est de l’Ukraine est désormais terrible. Au moins 200 personnes ont été tuées et 600 autres blessées dans les combats qui se déroulent dans les régions ukrainienne de Donetsk et Lugansk. Le premier ministre Yatsenyuk [ex. premier ministre – NdT] traite officiellement les Russes de « sous-hommes », tout comme le faisait Hitler. Dans les zones qu’elle n’a pas encore prises, l’armée de Kiev a coupé les couloirs humanitaires de sorte que la famine est désormais aussi catastrophique que le bombardement. Selon vous, le comportement de Kiev est-il génocidaire ?

Francis Boyle : Oui, je crains que ce à quoi nous assistons dégénère en génocide. Je le dis en m’appuyant sur mon expérience en tant qu’avocat de la partie Bosniaque dans le procès en génocide à la Cour pénale internationale [à la Haye – RT], ainsi que sur les deux ordonnances mesures provisoires de protection [technique judiciaire de protection des droits fondamentaux – NdT] prises pour eux. Nous constatons depuis un certain temps des crimes contre l’Humanité et des crimes de guerre manifestes. Et je crains maintenant que cela dégénère en véritable génocide, si ce n’est pas déjà le cas.

La Russie comme l’Ukraine sont signataires de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948 et, dans ces circonstances, ma première recommandation au président Poutine serait de couper le gaz à l’Ukraine, totalement, même plus un mètre cube de gaz. Couper le gaz puis annoncer que, étant donné que la Russie est signataire de cette convention, et selon son article Un, la Russie a l’obligation de « prévenir le génocide ». Si ce n’est pas encore un génocide, cela le deviendra très rapidement. Je pense que le président Poutine peut et doit le faire maintenant, et s’il coupe le gaz, cela forcera l’arrêt immédiat de tout cela. Nous savons qu’en droit international la doctrine du parens patriae (parent de la patrie) autorise un État à agir dans l’intérêt de personnes qui ne sont pas ses propres citoyens. En l’espèce la Russie peut sans aucun doute intervenir en tant que parens patriae au nom des russophones d’Ukraine qui sont actuellement exterminés par un gouvernement mauvais dirigé par un groupe de néo-nazis fascistes. Je pense que même le Président Poutine a utilisé le terme « exterminer » et c’est exactement ce qui se passe.

RT : Quelqu’un pourrait-il poursuivre l’Ukraine devant la Cour pénale internationale pour génocide contre les russophones ?

Francis Boyle : Oui, la Russie peut poursuivre l’Ukraine ; les deux États sont signataires, je pense que ça doit être fait aussi. Mais dans des circonstances aussi terribles, je pense vraiment que le président Poutine doit couper le gaz au nom de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Mais il peut bien entendu intenter un procès aussi, déposer plainte, demander un référé auprès de la Cour et obtenir un jugement provisoire demandant à l’Ukraine de cesser immédiatement ses actes de génocide à l’encontre des russophones. Ça risque de prendre un moment. Je pense que la situation est si grave qu’il faut que le président Poutine monte au créneau et coupe le gaz maintenant, et dise clairement pourquoi il le fait – pour que le génocide cesse sur le champ. Ça ramènerait l’Ukraine et ses soutiens européens et américains à la raison et, espérons-le, produirait des effets concrets et immédiats.

RT : Qu’est-ce qu’un jugement provisoire, et qu’empêcherait-il l’Ukraine de faire ?

Francis Boyle : Ce serait une ordonnance typique de cessation immédiate comme les deux ordonnances que j’ai gagné pour la Bosnie contre la Yougoslavie, lui intimant l’ordre de cesser immédiatement tout acte de génocide envers les Bosniaques. Et cette ordonnance est ensuite transmise au Conseil de Sécurité [de l'ONU – NdT] pour sa mise en application. Mais encore une fois, dans le cas des Bosniaques, ce processus m’a pris trois semaines, et je crains que nous soyons les témoins d’une catastrophe humanitaire là-bas [en Ukraine] dans les trois prochaines semaines. C’est la raison pour laquelle je propose que le président Poutine annonce immédiatement l’arrêt des livraisons de gaz à l’Ukraine sur la base de l’Article Un de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide – et l’obligation pour la Russie et le président Poutine de prévenir le génocide des russophones en Ukraine.

RT : Étant donné l’influence de la Maison Blanche, n’est-il pas peu probable que la Cour pénale internationale prenne position contre un gouvernement soutenu par les États-Unis, quand bien même il serait génocidaire ?

Francis Boyle : Non, je ne pense pas. Je suppose que si on voulait aussi poursuivre les États-Unis pour complicité dans le génocide ukrainien des russophones cela puisse être un facteur. Mais ce n’est pas ce que je recommande. Je pense que les États-Unis d’Obama sont coupables, vue leur complicité dans ce que Poroshenko et ces néo-fascistes font. En effet l’administration Obama et son porte-parole ont hier [le 3 juillet – NdT] et le jour d’avant apporté leur soutien à Poroshenko dans ses actes de génocide envers les russophones. Mais je pense que si la Russie poursuivait les États-Unis, cela compliquerait la situation politiquement et diplomatiquement, et je ne pense pas que le président Poutine voudrait faire cela parce que le Ministre des Affaires Étrangères Lavrov se réfère aux Américains comme « nos collègues » ou « nos partenaires ». Je ne pense pas qu’ils le croient vraiment mais ils doivent le dire pour des raisons diplomatiques, et pour cette raison je ne pense pas qu’ils poursuivraient les États-Unis ou l’Europe en justice, bien qu’en théorie cela puisse arriver.

RT : Vous avez écrit que la situation à l’Est de l’Ukraine ne pourra qu’empirer. Pourquoi pensez-vous cela ?

Francis Boyle : Poroshenko a utilisé le soit-disant cessez-le-feu, qui n’a jamais été un cessez-le-feu, pour amener des armes lourdes jusqu’aux villes du Donbass. C’est exactement ce que la Serbie a fait aux Bosniaques avant de déchaîner ces armes lourdes sur les quartiers les plus habités. Pourquoi apporterait-il des armes lourdes en bordures des villes russophones si ce n’est pour exterminer la population ? De même la rhétorique ici est clairement génocidaire. En les désignant comme des « parasites », des « sous-hommes », Timoshenko annonce qu’elle va « tuer tous ces chiens de Russes » à coups de bombes nucléaires, etc. Nous voyons donc à l’œuvre une mentalité génocidaire de la part de Poroshenko, Yatsenyuk, Timoshenko et bien d’autres parmi ceux qui dirigent le régime néo-nazi de Kiev. Lorsqu’on met bout à bout ces mentalité et déclarations exterminationistes et les armes lourdes qui entourent maintenant les villes russophones du Dombass, on peut craindre le pire et c’est ce à quoi nous serons bientôt confrontés.


Source : RT, via histoireetsociete.

Maison détruite par une frappe aérienne de l'armée ukrainienne dans le village de Stanitsa Luganskaya le 2 juillet 2014 (photo AFP).

 

Extrait de: Source et auteur

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Un commentaire

  1. Posté par Aude le

    Cette exactement ce qui est démontré dans la terrible vidéo sur Agoravox! V.Poutine a-t-il coupé le gaz à ces fachos Ukrainiens? Boubama et l’Union Ecervelée complices de ce génocide..Assez culottés pour nous brandir à tort et à travers les « Droits de l’homme » Là c’est….silence on tue…corpus médias y compris.
    Qui se tait consent. Leur pseudo-morale me dégoûte.

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