Obama : Service minimum avant vacances…

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

 

Obama a assuré un service minimum avant de partir en vacances. La baudruche fabriquée par les médias a montré ce qu’elle avait dans le ventre : du vent et quelques idées bien dissimulées ! 100 000 Chrétiens et 200 000 Yézidis, après avoir subi massacres et humiliations, sont sur les routes. Plusieurs dizaines de milliers ont trouvé refuge dans la montagne sans eau ni nourriture. Les autres ont fui chercher la protection des Kurdes qui plient sous la supériorité de l’armement des djihadistes. Tous ont été dépouillés de leurs biens et sont sans ressource. Devant cette tragédie prévisible qu’il a laissée se produire, l’homme le plus puissant du monde, l’idole du monde médiatique occidental révèle sa véritable dimension de politicien américain médiocre. Avant de partir se reposer, il a tenu à éluder sa responsabilité en rappelant à plusieurs reprises les torts de l’administration précédente. Cette attitude est minable. Certes, l’intervention américaine de 2003 en Irak a été une erreur aggravée par la totale incompétence du proconsul américain Paul Bremer qui a détruit l’appareil d’Etat irakien, l’armée et le parti Baas en créant une situation absurde où les victimes d’hier, les Chiites devenaient les bourreaux, par ailleurs alliés à l’Iran, le principal adversaire des Etats-Unis dans la région. On mesure l’imbécillité d’une guerre qui voulant créer une démocratie fédérale et pluraliste amie a abouti à une anarchie violente dans un pays ayant désormais des accointances avec l’ennemi. Mais, un homme d’Etat responsable assure la continuité de la politique de son pays. S’il change celle-ci, il ne peut s’exonérer du devoir d’en assumer les conséquences notamment sur le plan humain. Or, Obama semble oublier qu’il dirige la politique américaine depuis 6 ans. L’opération Surge, en 2007, avait permis de réduire la violence et de réintégrer les tribus sunnites dans le maintien de l’ordre. Ce sont donc bien ses décisions, à partir de 2008, et non celles de l’administration précédente qui ont conduit au désastre actuel : d’abord le calcul de politique intérieure de retirer les troupes américaines d’Irak à tout prix, ensuite l’absence de garantie quant à la bonne gouvernance du gouvernement Maliki qu’il était évidemment en droit et en situation d’exiger, enfin l’encouragement suicidaire à la rébellion syrienne, plus lourd en vies humaines au travers de la guerre civile qui perdure que l’intervention en Irak. On observera simplement que l’invasion déclenchée par Bush était maladroite mais claire dans ses intentions alors que le soutien indirect à la rébellion contre Damas porte la signature du Président américain actuel. C’est une demi-mesure assez perfide.

On retrouve ce style dans les objectifs définis pour les frappes aériennes. Celles-ci sont extrêmement limitées, et leurs buts sont très modestes. A plusieurs reprises, le « Prix Nobel de la Paix » prématuré a dit qu’elles avaient pour but de protéger la vie des citoyens américains présents dans les lieux menacés par l’avance djihadiste. Il a également évoqué la nécessité de créer un couloir d’évacuation pour les personnes encerclées sur le mont Sinjar. Autrement dit, l’homme qui dispose des moyens militaires les plus puissants du globe ne paraît pas songer à mettre fin à la soumission  d’un vaste territoire à des bandes barbares (15 à 20 000 hommes) qui y font régner une terreur qu’on dirait moyenâgeuse, si cette expression n’était pas offensante pour le Moyen-âge. Une zone de non-droit s’est implantée à la taille d’un pays, et on ne la remet pas en cause. Manifestement, le fait que les minorités religieuses soient persécutées et privées de leurs droits fondamentaux n’empêche pas l’Oncle Sam de prendre des vacances. On a bien sûr la clef politique de cette attitude que les médias semblent accepter, et même saluer pour sa mesure, dans un étonnant reste d’obamamania . D’abord, il y a la volonté de répondre à l’opinion américaine. Les bombardements ciblés sont un message non aux djihadistes comme il le prétend mais aux électeurs du mi-mandat : « vous voyez, on ne laisse pas tomber les Chrétiens, mais on n’expose pas nos boys, contrairement à l’administration républicaine. » Obama communique. Les djihadistes avancent sur le terrain et massacrent. C’est toute la différence. Ensuite, le Président s’aperçoit tardivement que le gouvernement irakien de Maliki porte une lourde responsabilité dans la scission du pays. C’est le Premier Ministre depuis 2006. Il est un peu tard pour découvrir la nocivité de sa politique, mais manifestement, la retenue de l’intervention est une manière de peser sur son départ. Pendant ce temps, c’est un génocide notamment envers les Yézidis qui est perpétré ! Il y a urgence ! Enfin, le troisième tour de clef tient en un mot. La confession religieuse la plus souvent citée par Obama est le sunnisme, selon lui insuffisamment pris en compte par la minorité qui gouverne la Syrie et la majorité au pouvoir en Irak, le sunnisme des riches amis des monarchies pétrolières qu’on a secourus au Koweit, soutenus dans leur déstabilisation de la Libye et de la Syrie, qui ont pu en revanche réprimer sans vergogne le printemps de la majorité chiite du Bahrein et qui financent les Frères Musulmans ou le Djihad islamiste. Les plus vieux alliés des Etats-Unis dans la Région sont l’Arabie Saoudite et la Turquie. Comme elle l’avait déjà montré dans les Balkans à l’encontre des Serbes, les Chrétiens comptent moins aux yeux de la Maison Blanche que ces vieux complices-là. Obama salue la solidarité de la France et du Royaume-Uni. Qu’il faille écraser au plus vite le « calife » et ses fanatiques est une évidence. Qu’il faille en permanence suivre les méandres de la politique de Washington est moins sûr.

Christian Vanneste, 10 août 2014

 

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