Pour libérer ses otages, la Suisse aurait versé 11 millions

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Le "New York Times" montre du doigt la Confédération.

Olivier David Och et Daniela Widmer avaient échappé à leurs ravisseurs en mars
2012 au Pakistan.

KEYTONE

A chaque libération d'otages, les soupçons de payement de rançon par les gouvernements fleurissent et aussitôt ceux-ci nient catégoriquement. Une enquête fouillée et accablante du "New York Times", parue dans son édition d'hier, décortique le phénomène. Le journal américain révèle que depuis 2008, Al-Qaïda et ses différentes composantes auraient tiré pour 125
millions de dollars de revenus (114 millions de francs suisses) de ses activités de kidnapping, transformées en véritable business aux mécanismes bien huilés et de plus en plus rentable. Celles-ci seraient même devenues sa principale source de revenus:
"Le groupe finance l'essentiel de son recrutement, de sa formation et de ses achats d'armes par des rançons payées pour libérer des Européens"
, soutient le quotidien.

La Suisse en bonne place

Dans les pays que l'enquête montre du doigt figure la Suisse. Celle-ci aurait payé 12,4
millions de dollars (11,3 mio de francs) en 2009 pour la libération d'un couple helvète et d'une Allemande retenus comme otages au Mali par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), selon le témoignage d'un des négociateurs suisses. Une rançon de 8
millions d'euros (9,7 mio de francs) aurait été versée directement, le reste par l'entremise d'une
"nouvelle ligne apparaissant subitement pour le budget de l'aide humanitaire au Mali",
toujours selon ce négociateur cité par le "New York Times".

Un citoyen anglais avait été enlevé en même temps que ces trois otages au Mali. Lui n'a pas eu leur chance. Il a été tué par ses ravisseurs. Or, le gouvernement britannique, à l'instar de celui des Etats-Unis, est réputé pour se montrer intraitable avec les demandeurs de rançons...

Décompte révélateur

Une différence d'attitude qui se traduit dans le décompte des 53 otages retenus par les différentes branches d'Al-Qaïda ces cinq dernières années. Il y a un tiers de Français et l'Hexagone arrive très largement en tête des payeurs de rançons dans le classement établi par le journal new-yorkais, avec 58,1
millions de dollars. Derrière elle, on trouve le Qatar et Oman, puis... la Suisse.

Dans le décompte des otages, la Suisse, l'Autriche et l'Espagne représentent 20% des victimes contre seulement 5% pour les Etats-Unis. En clair, Al-Qaïda ciblerait les otages qu'elle capture en fonction des pays qui sont susceptibles de verser des rançons.

"La Suisse ne paie pas"

Du côté de Berne, on s'en tient à la version officielle donnée en 2009 à la libération des otages.
"La Suisse ne paie pas de rançons, parce que cela crée un appel d'air"
, répète Jean-Marc Crevoisier, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). "
C'est la politique qu'a réaffirmé Didier Burkhalter à de nombreuses reprises."

Dans sa prise de position écrite, le DFAE précise que
"verser une rançon constitue une manière indirecte d'induire de nouveaux enlèvements et fait courir de plus grands risques aux citoyens de tous les pays".
C'est pourquoi la Confédération s'engage publiquement contre le versement de rançons ou les concessions politiques au sein des Nations Unies, du Forum mondial contre le terrorisme et d'autres forums mondiaux. C'est aussi l'une des priorités qu'a fixées Didier Burkhalter en cette année de présidence suisse de l'OSCE (Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe). Il en a notamment été question lors d'une conférence de l'organisation à Interlaken il y a trois mois.

Tableau peu éclairant

Quant au tableau, fourni par le DFAE, de l'évolution du budget de l'aide au développement pour le Mali, il n'est pas vraiment éclairant par rapport aux accusations du "New York Times". Il ne les étaie ni ne les contredit. On y voit que le total de l'aide au Mali ne cesse de croître passant de 9,5 mio de francs en 2008, à 11,7 mio en 2009, puis 16,3 mio en 2010 pour aboutir à 21,8 mio en 2013.

Pour ce qui est de l'aide qualifiée spécifiquement d'humanitaire, elle apparaît effectivement pour la première fois au budget de 2009, mais à hauteur d'un demi-million. Elle fluctue ensuite, passant de 1,6 mio en 2010 pour retomber à 1,1 mio en 2011 avant de grimper à 3,9 mio en 2012, puis de redescendre à 1,55 mio en 2013.

LA LIBERTE

PHILIPPE CASTELLA

 

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