La catastrophe Obama…

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

 

Plus le temps passe, plus Obama passe du statut de Président de la première puissance mondiale à celui de symptôme. Si l’on voulait se persuader que les grandes démocraties occidentales subissent une crise profonde et insidieuse, sont atteintes par une maladie qui à long terme menace leur existence même, l’abîme qui sépare aujourd’hui l’image artificielle du Président américain élu en 2008 de la réalité du monde que ses deux mandats auront laissée en apporte un signe angoissant.

On se souvient des concerts de louanges qui avaient accompagné son élection. Obama était Prix Nobel de la Paix sur ses intentions. Il correspondait à l’attente de la majorité du microcosme médiatico-politique occidental, particulièrement dans notre pays. Son style décontracté, son discours politiquement correct, son multiculturalisme, ses orientations progressistes sur le plan sociétal, et cerise sur le gâteau, le fait qu’il fasse entrer à la Maison Blanche un couple « de couleur » dans un pays dont une partie institutionnalisait le racisme il y a peu encore, faisaient de lui l’icône de la pensée unique qui règne dans le monde des médias. L’obamamania mettait en transe, faisait chavirer les coeurs. La nuit du néoconservatisme symbolisée par Bush, mal élu et mal aimé, laissait place à la lumière d’une aube nouvelle. Le manichéisme buté et brutal de la lutte contre l’axe du mal, les guerres interminables et inefficaces, les entorses aux principes juridiques qui fondent les démocraties allaient prendre fin. Le célèbre discours du Caire donnait le départ d’une ère nouvelle où l’intelligence et le droit allaient remplacer la bêtise et la force.

L’Amérique étaie enlisée dans deux guerres à l’issue politique incertaine. Elle avait en revanche témoigné de son impuissance face aux catastrophes naturelles sur son propre sol lors des inondations de la Nouvelle Orléans. Enfin, la crise économique dont le détonateur avait été le crédit immobilier irresponsable depuis les années 90 y sévissait. Avec Obama, elle allait prendre un nouveau départ. Effectivement, la reprise économique est là. Avec des ressorts psychologiques et un contexte juridique ignorés chez nous, avec l’attractivité pour la matière grise mondiale, un culte de la destruction créatrice, mais aussi la fabrication d’une monnaie privilégiée et le gaz de schiste, les Etats-Unis se sont relevés. Les Américains, peu enthousiasmés par l’Obamacare et surtout moins persuadés que nous du rôle du pouvoir politique sur l’économie ont d’ailleurs redonné la majorité aux Républicains à la Chambre des Représentants.

C’est surtout sur la scène mondiale que l’on attendait l’homme le plus puissant du monde, le virtuose du progressisme politiquement correct. Le discours du Caire avait dressé la route. Il fallait cesser la croisade et inaugurer avec l’Islam des relations ouvertes et respectueuses afin que celui-ci puisse occuper dans le monde la part qui lui revient. En fait, il s’agissait de la poursuite de l’illusion bushienne par d’autres moyens et avec une autre philosophie. Les conseillers de G.W.Bush avaient voulu faire entrer l’Irak, régime militaire à parti unique, mais relativement riche et développé, dans le monde démocratique moderne, mais aux forceps. Désormais, il fallait s’y prendre par la douceur, le respect, et le dialogue pour l’ensemble du monde arabe. Le mirage du Printemps Arabe est apparu qui a semblé accréditer cette idée. Depuis longtemps, les Etats-Unis sont des alliés du royaume wahabite d’Arabie Saoudite. L’imperméabilité de l’Islam au communisme athée avait permis aux Américains de reprendre la main en Indonésie et surtout d’évincer les soviétiques d’Afghanistan. En revanche, les dictatures militaires nationalistes arabes penchaient plutôt vers l’Est, et l’Iran Shiite ne pardonnait pas à l’Occident son soutien au Chah. L’idée qu’un Islam sunnite modéré puisse jouer au Moyen-Orient le même rôle que la Démocratie Chrétienne en Europe au lendemain de la guerre a paru vraisemblable. La Turquie, cet autre vieil allié, qui n’a pas de problème avec sa minorité chrétienne, chassée ou exterminée, offre d’ailleurs un modèle puisqu’un parti islamiste conservateur y est majoritaire et a mis fin à la mauvaise habitude des coups d’Etat militaire.

Avec le soutien des régimes si peu démocratiques et rivaux du Golfe, les Américains ont donc soutenu le souffle du Printemps Arabe. Le résultat est calamiteux. Parce qu’on a cru sauver les habitants de Benghazi de la féroce répression de Kadhafi, c’est la totalité de la Libye qui est en guerre tribale. Les ambassades occidentales y ferment les unes après les autres. La situation libyenne pèse sur tout le nord de l’Afrique et singulièrement sur le Sahel où la France est engagée. La Syrie est en proie à une atroce guerre civile. L’Irak pour la démocratisation duquel des milliers d’Américains sont morts est tenu en partie par des fanatiques particulièrement sanguinaires. Dans ces deux pays, la minorité chrétienne est persécutée par les islamistes dans une relative indifférence occidentale. Lorsqu’il a été élu, Obama jouissait d’une aura internationale telle qu’il pouvait se concentrer sur le baril de poudre israëlo-palestinien. Il a laissé pourrir la situation, laissé se développer les colonies juives en Cisjordanie, s’ancrer le Hamas à Gaza et a accepté que l’autorité palestinienne soit privée de véritable pouvoir local et de légitimité internationale. Aujourd’hui, le baril explose à nouveau.

La leçon la plus angoissante pour l’avenir n’est pas que de tels hommes dénués de vision et de clairvoyance puissent être portés à ce niveau de responsabilité, c’est qu’ils soient adulés par la sphère médiatique superficielle qui fait l’opinion dans nos grandes démocraties et dont BHL est chez nous l’illustration parfois tragi-comique à force d’être caricaturale. Que le monde occidental soit un train qui fonce vers sa propre disparition avec pour fond sonore la musique gaie et entraînante des optimistes béats, des ravis du multiculturalisme et de la mondialisation, voilà la signification la plus lourde du bilan catastrophique d’Obama.

Christian Vanneste, 27 juillet 2014

 

13 commentaires

  1. Posté par Ueli Davel le

    Obama ou comment un prix Nobel de la paix fait la guerre! Qui pourra accepté un tel prix dans le future?

  2. Posté par Alex de Korodi le

    Merci Aude, c’est vrai la force de la pensée, cela peut déplacer des montagnes. Gandhi, j’y ai pensé. A noter quand même que le mouvement 99% n’a pas trop fait bouger les 1%…à discuter 022 9064343:) 

  3. Posté par Aude le

    Vous oubliez une chose, Alex, si importante et pourtant si simple. La puissance de la pensée….. Ce n’est pas un vain mot…
    Observez..5% des personnes pensent à changer les choses…Rien de perceptible…10% , 30 puis 50%…les changements deviennent perceptibles..80% et tout bascule…C’est ainsi que ce sont réalisées toutes les révolutions…Il y en a même UNE dont l’initiateur était un grand pacifiste…Il n’a versé aucune goutte de sang…et pourtant toute l’Inde a changé…vous devinez….LE MAHATMA GANDI… Rien n’est impossible..ce n’est qu’une question de temps.
    Ainsi balance l’horloge du monde…Lorsqu’un extrême n’est plus vivable..il disparaît………L’homme doit trouver le moyen, ( tel le funambule) celui de conserver ou trouver un juste équilibre, éviter la chute dans les extrêmes…cela commence en soi-même….Se libérer de ses chaînes…Etre libre…
    Cette philosophie concerne tout en chacun , Président d’une grande puissance…ou simple citoyen…Chacun à le choix….Il suffit de vouloir…C’est le sens même de notre existence…Entende…voie…comprenne et agisse qui veut!!!!

  4. Posté par Alex de Korodi le

    Bien que pas forcement fan de Mr. Obama, je ne partage pas votre constat. Ca serait de la naïveté de penser qu’un homme seul (‘Obama’) puisse changer la société. Nous vivons dans des sociétés complexes, ou rien n’est facile, peu est possible, tout est remis en cause/questionné systématiquement. Aux U.S. aussi. Un seul homme n’a que peu de pouvoir contre les oppositions politiques, les minorités de toutes sortes, les lobbies etc… Vous avez une bonne idée, bonne pour tout le monde ? Sûr ? Eh bien pas la mienne ou celle d’autres. Menteur Obama? Oui surement mais tout aussi menteur que Bush, et que bien d’autres politiques de partout dans le monde. Dénué de vision ? Quelle est la votre ? Suis-je d’accord avec vous, pas sûr. Quel homme ou femme a de la vision pour vous ? De nouveau, difficile de trouver des consensus fortement majoritaire, au contraire il y a un éclatement/multi polarisation des « visions » ; écologiste-low growth, LGBT, Bien-pensants, Pirates, Tiers mondialiste, conservateurs, libertaire… (Nb : Perso, j’ai juste j’ai un petit faible pour Madame Thatcher, Sh. Moh. Al-Maktoum, Ann Rand, C.G Jung). Le mode occidental en déperdition ? Vous pensez que le Brésil c’est mieux ? Disparité sociale, pauvreté. L’Inde ? de l’inflation, de la pauvreté non contrôlée. La Chine ? Corruption galopante, pauvreté, taux de croissance en déclin. La Russie ? Economie oligarchique, mafia, violence. Des oasis de croissance certes mais des problèmes gigantesques à venir en ligne avec des populations nombreuses.

    Que faire ? 1) Vivre 2) Accepter son temps, l’évolution irrémédiable du monde et des sociétés 3) Mettre certains contrôles « along the way » pour que ces changements se fassent progressivement 4) Pour les pays : se différencier et se positionner dans le monde

  5. Posté par petitjean le

    Ce n’est pas Obama qui gouverne. Ce sont les puissances de l’argent et du complexe militaro-industriel.
    La politique étrangère américaine est toujours la même que ce soit avec les « démocrates » ou avec les « républicains »
    Ingérence, déstabilisation, guerres pour défendre ses intérêts et sa vision unipolaire du monde. Ce qui se passe en Ukraine est édifiant.
    Le bilan des deux administrations américaines en orient et en extrême orient est tout simplement catastrophique…….et rien, pour l’instant, ne les arrêtent et surtout pas leurs vassaux européens. Les USA sont alliés des pires régimes et notamment des théocraties du golf persique. Quel exemple !
    ré informons nous ici :
    http://www.dedefensa.org/
    http://theatrum-belli.org/leurope-doit-declarer-son-independance-par-rapport-aux-usa-pour-lhistorien-journaliste-americain-william-pfaff/
    http://www.bvoltaire.fr/alaindebenoist/leurope-pourra-se-faire-contre-les-etats-unis,94760

  6. Posté par Adriaensen michel le

    Bravo pour cet article lucide,genre d’article que l’on ne retrouvera pas souvent dans les médias occidentaux.A lire,l’ouvrage de Guy Millière « le désastre Obama » ou l’auteur a prédit tout ce qui est en train d’arriver.Le non-président Obama est un des pires locataires de la Maison blanche,beaucoup d’américains commencent à ouvrir les yeux et il ne regne plus aux states cette adulation pour ce triste pitre!!

  7. Posté par Alticor le

    Parfaitement résumé Monsieur Vanneste, quand on repense à la manière d’on l’oligarchie nous a servi un Obama après huit ans de bush, on a eu sérieusement l’espoir de passer de l’ombre à la lumière, et ce fut tout l’inverse, là je fais mon mystique, mais un tel degré de manipulation, de fourberie, d’inversions des valeurs de mensonges et d’horreurs, n’est imputable qu’a une doctrine précise, mais la roue tourne et ils le savent, et ils font le forcing pour finir de pourrir le monde.

  8. Posté par Alex le

    Obama et Hollande sont la preuve que la démocratie amène le socialisme et le socialisme amène la décadence. (Lire ROME du libéralisme au socialisme. Leçon antique pour notre temps. de Philippe Fabry. Un must)

  9. Posté par Aude le

    Mr. Yes, we can….what…..Bilan nul….Soutien avouable à Morsi, le projet de la Grande Mosquée..sur l’emplacement de « Grund zéro »…Sa haine implacable à Poutine…ses mensonges répétées dans la presse..son enfumage à l’UE qu’il méprise cordialement…Faîtes…un petit effort…Frère musulman…on y est…
    Obamania…tout un cirque pour un homme, somme toute, plus qu’ordinaire..2016…bon débarras..pour l’Amérique…

  10. Posté par Jean Vittori le

    La dernière phrase est terriblement évocatrice !

    Depuis son discours du Caire quel changement ! Il se dévoile seulement maintenant ou a-t-il été retourné ? A moins que cela soit un alignement venu de la sensation que l’empire se désagrège. Cela rend aigri et dangereux. La propagande guerrière américaine en Ukraine est encore plus inquiétante que ce qui se passe au moyen orient. Comme si c’est la confrontation directe qu’ils recherchent face à la Russie nucléarisée de Poutine.

  11. Posté par Totovelo le

    Il est le champion de l’endettement de la dette publique. Il pourra toujours se recycler en joueur de Poker menteur. On a attend toujours de voir les cartes dans son jeux! Je fais allusion au soit-disant preuves qu’il détient contre tous les pays avec lesquels il désire entrer en conflit.

  12. Posté par Danielle Borer le

    Formidable résumé de la trajectoire de « saint Obama ». Merci à l’auteur pour sa lucidité !

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