La  gauche ne reconnaît pas son enfant : le Nouvel Antisémitisme

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

 

La bonne conscience de gauche, habituellement sûre d’elle-même et dominatrice, regarde avec effarement cet objet idéologique imprévu, le nouvel antisémitisme. On comprend son émoi. Après avoir vainement tenté pendant des années d’associer la haine des Juifs et l’extrême droite, également coupable de détester les Arabes, elle découvre que les attentats, les violences, les paroles assassines et les assassinats eux-mêmes dont les Juifs sont victimes proviennent essentiellement de musulmans soutenus par l’extrême-gauche. Déboussolée, la gauche ne déchiffre plus la géographe politique. Sa lecture westernienne de l’histoire situait les mauvais à droite, plus ou moins héritiers de l’Ancien Régime, catholique et qui traitait les Israëlites en sujets de seconde zone, anti-dreyfusards, collabos, racistes également à l’encontre des immigrés musulmans. La minorité juive libérée par la Révolution, majoritairement ancrée dans la gauche progressiste, attachée à l’Etat d’Israël, dont le fer de lance politique avait été pendant longtemps le Parti Travailliste, était chez les bons, à côté des autres opprimés des heures sombres de notre histoire, esclaves, colonisés, immigrés. Et voilà que des immigrés musulmans s’en prennent à des synagogues comme les nazis en d’autres temps !

L’homme est un animal social, comme le disait Aristote. Mais cet « instinct » ne va pas chez lui sans des catégories qui mêlent la sensibilité et l’intelligence, la distinction du même et de l’autre. Qui se ressemble s’assemble, comme dit la sagesse populaire, sauf pour les sexes, ce qui poserait un problème de conservation de l’espèce. La gauche nie ces évidences. Il serait plus intelligent de les reconnaître et d’en maîtriser les effets pervers, c’est-à-dire l’hostilité entre les groupes pour en tirer l’avantage de l’échange. Lorsqu’on nie l’identité d’un peuple et de son histoire, on n’a plus qu’une masse d’individus superficiels juste capables de commenter ce qu’ils ne comprennent plus par des banalités et qui reçoivent sans plus rien à donner. C’est le cas des « convertis » qui vont se faire massacrer au nom d’une religion qui a occupé le vide dans lequel on les a abandonnés. La France est un pays qui comme son nom l’indique est issu du Royaume Franc, bien avant 1789, dont la réussite a été liée au choix du catholicisme. Que cette identité, passée sous silence alors que le 27 Juillet on célébrera le huitième centenaire de Bouvines, ait parfois conduit à des excès ne peut être nié. Les Juifs, réfugiés dans quatre villes du Vaucluse actuel et protégés par le Pape, les Protestants chassés par Louis XIV pour aller en Prusse ou ailleurs ne sont pas les épisodes les plus reluisants de notre histoire. Mais ce n’est pas en ne retenant que l’ombre et en oubliant la lumière qu’on favorise le patriotisme d’un peuple, ni celui des nouveaux arrivants. Contrairement aux Etats-Unis, la France n’est pas structurellement un pays d’immigration. Elle n’a pas la force d’attraction de la première puissance mondiale où tout semble possible pour celui qui veut y faire sa vie. Encore le remplacement des WASP aux USA n’a-t-il pas fini de produire ses effets…

C’est pourquoi il faut en finir avec le discours qui surévalue les minorités au détriment de la majorité et présente notre pays comme une collection de communautés. On comprend le lien entre cette vision des choses et les intérêts électoraux du PS, mais les minorités qui ont perçu leur poids à la marge électorale peuvent jouer un rôle disproportionné et sans rapport avec l’intérêt national. C’est le cas lorsqu’elles sont mêlées à des conflits étrangers. La surprise de la gauche face au nouvel antisémitisme n’a d’autre raison que la fausseté de son manichéisme et le choc de ses contradictions. Les Juifs ne sont pas une race, mais les fidèles d’une religion. La permanence de cette communauté est un phénomène rare. Les Français qui sont, paraît-il, des Gaulois parlent une langue issue de leurs colonisateurs romains et portent le nom de leurs envahisseurs germains… Encore faut-il s’interroger sur la permanence du judaïsme, peu enclin au prosélytisme, et constant dans sa transmission. Alfred Koestler, dans la 13ème Tribu avait formulé l’hypothèse selon laquelle les Juifs d’Europe Centrale étaient des convertis et non des victimes de la Diaspora. De même, l’antisémitisme du XIXe siècle était plutôt de gauche à son origine et fondé sur la dénonciation de la richesse mal acquise. Son évolution actuelle n’a rien de surprenant. Mais il n’a aucun sens dans notre pays d’abord parce que la communauté juive est très minoritaire et ne menace en rien l’identité nationale. Ensuite, parce qu’elle a joué un rôle positif. Qui pourrait se dire antisémite après avoir visité le Musée Nissim de Camondo ? Il porte le nom d’un aviateur français mort héroïquement durant la Grande Guerre. Son père en a fait don à la France avec sa prestigieuse collection d’art décoratif du XVIIIe siècle, l’apogée française dans ce domaine comme dans d’autres. Il avait demandé que le Musée portât le nom de son fils. Sa fille, Béatrice, son ex-mari, Léon Reinach, leurs deux enfants sont morts à Auschwitz. Cette histoire doublement tragique justifie que rien ne soit commis contre la communauté en France et qu’un pays capable de les protéger puisse accueillir les Juifs du monde, même si tous les arrivants n’ont pas pour ancêtres des Juifs de Palestine. Sous prétexte que la cause palestinienne est aujourd’hui celle des damnés de la terre, en lien avec celle des populations immigrées des quartiers sensibles, l’extrême-gauche cultive un antisionisme difficile à distinguer de l’antisémitisme. La gauche est écartelée entre ses préférences pour les minorités. Elle en ignore évidemment une troisième, celle de ces Chrétiens d’Orient, ces « arabes » chrétiens massacrés ou chassés de chez eux par les cousins du Hamas.

Un discours vraiment national doit d’abord rappeler l’identité française, exiger une maîtrise de l’immigration telle que cette identité soit préservée, agir sur la scène internationale pour qu’un Etat Palestinien soit instauré sur la base de la reconnaissance de l’Etat d’Israël, afin que les Palestiniens, musulmans ou chrétiens, puissent vivre dignement, ce qui n’est pas le cas actuellement. En ayant nié le premier point, contredit le second et laissé filer le troisième dans la confuse politique américaine, la gauche a du mal à reconnaître le monstre qu’elle a engendré : le nouvel antisémitisme.

Christian Vanneste, 24 juillet 2014

 

Un commentaire

  1. Posté par Olivier MILZA de CADENET le

    L’IDEOLOGIE « PRO-PALESTINIENNE »: UN NOUVEAU NEGATIONNISME.
    25 juillet 2014, 11:17

    J’ai déjà expliqué sur FB comment la « nazification » d’Israël faisait partie de la stratégie rouge/vert et débouchait sur ce que j’appellerais un nouveau négationnisme. Celui-ci, plus pervers que l’habituel négationnisme d’une frange de l’extrême-droite, fondé sur la négation de la Shoah, fonctionne à partir, non plus de cette négation, mais d’une relativisation de l’extermination des Juifs d’Europe par recherche d’une « équivalence » entre celle-ci et les « crimes » d’Israël. Fondé sur une vision « romantique » de « l’errance arabe » ( censée se substituer à l’errance juive du temps de la Diaspora), ce nouveau – et déjà ancien – dispositif idéologique de l’extrême-gauche – débouche sur une victimisation ontologique des Arabes justifiant, ou excusant, les crimes et génocides – bien réels ceux-là comme la mise en place d’une « solution finale » des Chrétiens en Irak – commis par les différents « califats » en essor dans le monde. Au delà de l’extrême-gauche, c’est la gauche dans son ensemble qui, ayant quant à elle substituée au « prolétariat », qui ne vote plus pour elle, un nouveau « peuple de gauche » composé des « idiots utiles » issus de l’immigration nouvelle ( communautariste et hostile à toute assimilation), développe sciemment, dans notre pays, un communautarisme arabo-musulman légitimé par la même justification victimaire. Les Français d’origine européenne et les Français de confession juive qui depuis le XVIII° siècle ont choisi la France, devenant des…Français de confession juive, se retrouvent dans la même résistance à cette destruction de la République, en fait une destruction de l’Histoire au profit des réécritures « mémorielles » perméables à toutes les manipulations iconiques à l’ère spectaculaire. L’Etat d’Israël doit faire face à la même stratégie de « remplacement » et c’est en cela que nous devons défendre la France et Israël, réunis ici en un même combat contre le panislamisme. A partir de là, il est normal que les défenseurs de la « cause palestinienne » passent de l’antisémitisme anti-israélien à l’antisémitisme tout court. Les images, présentées en boucle sur les chaînes de télévision, participent de cette nouvelle forme de négationnisme: dans l’inconscient collectif, elles se substituent peu à peu aux images des camps. En résumé: « Ils se comportent comme des nazis, donc Israël, fondée en partie à partir de la Shoah, est illégitime, donc les Arabes sont légitimes, donc ils sont fondés à combattre pour la disparition d’Israël ».CQFD. Au fond, la digue que les négationnistes néo-fascistes n’étaient pas parvenus à rompre commence à se fissurer sous les coups des « pro-palestiniens » « anti-sionistes » de gauche. Hélas, l’antisémitisme de gauche est aussi ancien que son homologue d’extrême-droite (cf « De l’antisémitisme » d’Hannah Arendt). Dans la manifestation pro-palestinienne, on entendait ce slogan: « Jaurès, réveille-toi, ils sont devenus fous ». Dois-je rappeler que l’icône absolue des socialistes avait demandé la tête de Dreyfus au nom de la raison d’Etat?

    Faute de mieux pour le moment, j’appellerai ce nouveau négationnisme, d’origine, non plus réactionnaire mais « progressiste »: « NEGATIONNISME DE RELATIVISATION SYMBOLIQUE PAR SUBSTITUTION VICTIMAIRE ».

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