Le Président « reprisé »…

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

Pour la première fois, il y a maintenant plus de deux ans, les Français ont élu un secrétaire de parti à la tête de leur Etat. Cet homme n’avait jamais été Ministre de quoi que ce soit. Issu de l’ENA, cette prétendue grande école non seulement inutile mais nuisible puisqu’elle ne transmet que les travers du fonctionnement de notre pays, M.Hollande a appris à discourir sur tout et à protéger sous les artifices d’un discours convenu, les petites habiletés d’un carriériste malin. Cet homme n’est évidemment pas à sa place là où il est. Les Français en sont conscients. Mais ils auraient tort de croire que son élection n’a été qu’une méprise due à un concours de circonstances. Cette élection a été celle d’un homme qui regarde le monde par le petit bout de la lorgnette. Certes, on l’a bien vu hier lors de son interview de 14 Juillet, il n’a aucune vision cohérente et à long terme pour le pays. Certes, ses maladresses, son effacement sur la scène internationale, son manque total de prestance et de prestige constituent une humiliation constante pour les Français qui connaissent leur Histoire de manière classique. Et oui, le successeur de Saint-Louis, de Louis XIV, de Napoléon Bonaparte, de Charles de Gaulle, c’est lui. On a de la peine à y croire… Mais je crois qu’il s’en moque complètement. Né dans le sérail de la promotion Voltaire (pauvre Arouet qui ne méritait pas çà) de l’Ena, il connaît tous les détours de notre microcosme parisien du pouvoir, et cela suffit pour qu’il pense trouver les astuces qui lui permettront de rester accroché à son rocher. Les menus plaisirs y sont tellement agréables et peu coûteux qu’on peut accepter quelques sifflets et quolibets qui glissent sur celui qui ignore la fierté pour lui-même comme pour son pays.

Après avoir lamentablement échoué avec Ayrault dans la ligne des promesses démagogiques de sa campagne, il a changé de cheval à temps pour pouvoir user la monture avant la prochaine bataille. Il a inversé le discours, passant d’ennemi de la finance à ami des patrons, de justicier fiscal à la poursuite des riches à généreux redistributeur des impôts en faveur non seulement des plus démunis, mais aussi des classes moyennes. Ce lamentable tête-à-queue rhétorique est effectué sans fausse honte. « Je me suis trompé. Je vous ai trompés, mais ce n’est pas grave, il faut avoir confiance… en vous.  » En lui, ce serait plus difficile. Et il y a encore des commentateurs pour parler de la conversion libérale du Président, comme si notre niveau de dépense publique et nos prélèvements obligatoires poussés à leur sommet par le dernier gouvernement permettaient d’évoquer ce terme sans devoir cacher un fou-rire. L’arme principale du personnage est l’indifférence. Il a évoqué l’inversion de la courbe du chômage ? Raté ! L’année dernière, il évoquait la reprise ? Encore manqué ! Un Japonais se suiciderait. Un Américain s’excuserait, la main sur le coeur. Un Britannique démissionnerait. Non, tranquille, il continue, il persévère. Mais si ! La reprise est là, fragile. Oui, ailleurs, bizarrement bloquée à des frontières qui n’existent plus tellement, sauf pour les charges, la fiscalité, bref la gestion du pays, devenu le cancre de l’Europe.

Comme si de rien n’était, comme si ces échecs et ces revirements étaient dans un plan logique, le Président énonce les réformes à venir, année par année. L’économie en 2014, la santé, le vieillissement, l’éducation, bref, la vie des Français en 2015, et la société en 2016. Sous cette apparente maîtrise du calendrier, notre petit malin aligne 3 D. D’abord, celui de Démagogie avec son opposition entre l’emploi et les dividendes. Il sait très bien que l’emploi n’est pas un objectif pour les entreprises, mais un résultat, que l’embauche naît d’un besoin, non d’un pacte, et il dira quelques instants plus tard que les entreprises doivent avant tout investir, ce qui peut parfois se faire au détriment de l’emploi. Le capital est alors essentiel en plus des marges restaurées, et celui-ci est bien sûr attiré par les dividendes. Ensuite, on ne peut échapper au sentiment désagréable du Disque rayé : l’apprentissage, le numérique exemplaire à l’école, le service civique, la simplification, tant de fois évoqués par ses prédécesseurs avec des résultats dérisoires. Enfin, la Dénégation où à force de nier, il crée le doute, puis la certitude inverse. Il n’a pas « songé » à instrumentaliser la Justice. Il refuse qu’on « l’imagine ». Et puis patatras, le joli lapsus révélateur à travers lequel, disant Sarkozy « prisonnier » puis « présumé », il montre combien il songe à ce qu’on imagine. De même, il ne pense pas à l’élection de 2017… Soyons sérieux ! Il ne pense qu’à ça. Ses réformes de 2016 ? Des réformes électorales, en vue d’instiller de la proportionnelle, ou d’agiter le vote étranger. Un chiffon rouge pour faire monter le FN, Sarkozy empêtré dans les affaires, l’opposition affaiblie par ses rivalités, le PS au moins sauvé par la proportionnelle, et juste avant se retrouver seul devant Marine comme Chirac face au père en 2002. Nous n’avons pas un grand Président, mais un Monsieur petites blagues et petites combines. On aurait tort de ne pas y prendre garde. La légitimité est mitée, mais le Président a de la reprise, lui.

Christian Vanneste, 15 juillet2014

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