L’Etat, par ses interventions, finira bien par avoir la peau de Lavaux

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Dans moins de deux semaines maintenant une nouvelle fois les droits de propriété en Lavaux seront bafoués.

Lavaux? Un magnifique site de dix communes, au bord du Léman, où, cultivée en terrasses, domine la vigne, fruit du travail des hommes, sur une superficie actuelle de 574 hectares sur 898 hectares au total.

Lavaux a été inscrit au Patrimoine mondial de l'UNESCO en 2007. Qu'est-ce à dire? Il a été inscrit parce qu'il remplissait trois critères culturels sur les dix critères - six culturels et quatre naturels -, possibles:

Critère (iii) : Le paysage viticole de Lavaux présente d'une manière très visible son évolution et son développement sur près de mille ans, à travers un paysage et des bâtiments bien préservés et la continuité et l'évolution de traditions culturelles anciennes spécifiques à cette région.
Critère (iv) : L'évolution du paysage de Lavaux illustre de manière très vivante l'autorité, le suivi et la protection de cette région viticole hautement appréciée qui contribua pour une large part au développement de Lausanne et sa région et a joué un rôle important dans l'histoire géoculturelle de la région.
Critère (v) : Le paysage de vignoble de Lavaux est un exemple exceptionnel témoignant de siècles d'interaction entre la population et son environnement d'une nature très spécifique et très productive, optimisant les ressources locales pour produire un vin hautement prisé qui fut une ressource importante de l'économie locale. Sa vulnérabilité face aux centres urbains au développement rapide a suscité des mesures de protection fortement soutenues par les communautés locales.

Dans ces trois critères, ce qui apparaît c'est que le paysage viticole de Lavaux est culturel, qu'il n'est pas le moins du monde naturel et qu'il a été façonné par les hommes au cours des siècles sans qu'il n'ait été besoin de le protéger par les hommes de l'Etat.

Comme l'UNESCO est une organisation mondialiste, elle mentionne avec complaisance et ravissement les mesures de protection dont Lavaux a fait l'objet...

En 1977, une première initiative a été adoptée, puis, en 2005, une deuxième initiative, pour réintroduire l'article de 1977, supprimé dans la Constitution vaudoise adoptée en 2003.

Figer Lavaux dans la naphtaline

Une troisième initiative a été lancée en mars 2009 et a abouti en août 2009. Elle a recueilli 16'839 signatures valables. Ce nombre est à comparer à celui des habitants des dix communes de Lavaux, 14'000 au total. Ce qui veut tout simplement dire déjà que ce sont surtout des personnes extérieures au site qui ont été convaincues de figer Lavaux dans la naphtaline, au lieu de le laisser évoluer librement.

Car que demande cette initiative sinon d'empêcher quasiment toutes nouvelles constructions, sinon souterraines (sic), d'étendre la protection à de nouveaux territoires en bordure du site actuel et de donner à l'Etat cantonal tous pouvoirs en matière d'affectation du site, sans que les communes n'aient leur mot à dire.

Le Conseil d'Etat vaudois a concocté un contre-projet, cote mal taillée, voté par le Grand Conseil, qui poursuit le même but de renforcement de la protection du site que l'initiative, mais par d'autres moyens, tout aussi interventionnistes.

Ce contre-projet propose ainsi de réduire de moitié les zones constructibles existantes (de 40 à 20 hectares): cela permettrait généreusement à la population d'augmenter d'environ 1'800 habitants; de ne pas étendre le site protégé à de nouveaux territoires; de donner une marge de manoeuvre aux communes sous le contrôle du Canton (qui se réserve le droit de décider de l'affectation de 80% du site), et de subventionner à 35% les dépenses des communes et des privés pour la préservation, l'entretien et l'amélioration du paysage actuel.

Dans un cas comme dans l'autre, c'est en somme l'Etat qui décidera de ce qui est bon, bel et bien pour les habitants du Lavaux, considérés comme des enfants, dont le sort sera décidé par d'autres qu'eux, de manière arbitraire et néfaste. En opposition flagrante avec le principe de subsidiarité, qui devrait toujours prévaloir, et, même, au-delà de ce principe, avec l'efficacité, l'Etat étant toujours moins compétent et responsable que les intéressés.

Car, qui sont les plus à même de décider de ce qui est bon, bel et bien pour eux, sinon les propriétaires du site. Ce sont les premiers à n'avoir aucun intérêt à ce que leur patrimoine se dévalorise et à faire en sorte qu'il soit viable à tous points de vue, comme ils l'ont toujours fait par le passé. Il n'est pas de meilleurs protecteurs de leur environnement, mais l'exercice de ce droit naturel de propriété sur leurs biens leur sera refusé aussi bien par l'adoption de l'initiative que par celle du contre-projet.

Francis Richard

Publication commune avec Le blog de Francis Richard

Un commentaire

  1. Posté par Ueli Davel le

    Cher Monsieur, vous avez raison, le problème c’est l’état. La démocratie Suisse est baffouée le citoyen est au service des fonctionnaires technocrates et des politicards vivants souvent de nos impôts. L’UNESCO est un immense fumisterie que certains fumistes du terroir on utilisés pour faire leur publicité. Pas une bouteille de vin n’a été vendue grace à l’UNESCO. Personne ne pourra sauver Lavaux sans que son vin ne soit vendu. Weber et les vignerons qui soutiennent Sauver Lavaux l’ont toujours dit. Sans ces vignerons qui ont été chercher Weber, Lavaux serai Ronco. Je vous recommande de prendre un bateau et de regarder les ghettos construit dans les zones non protégée en particulier sur les hauts ou des villas de 4 étages au bord du lac! Encore une fois l’état et ses sbires ne respectent pas la volonté populaire, la démocratie fout le camps. Denis Fauquez, n’était pas encore né quand Lavaux à été sauver il y a 40 ans

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