Un fossé entre Perrin et Freysinger

 

Yvan Perrin reprend bientôt le travail. Il a adopté un style consensuel qui tranche avec la stratégie provocante d'Oskar Freysinger. Portraits croisés.

CHRISTIANE IMSAND

Dès la semaine prochaine, il y aura de nouveau cinq conseillers d'Etat à Neuchâtel. Après six semaines de repos, Yvan Perrin remonte en selle avec une image modifiée par ses problèmes de santé. Aujourd'hui, l'homme a pris le pas sur le politicien UDC.

Rien de tel en Valais où Oskar Freysinger incarne plus que jamais son parti. Un an après leur entrée en fonction dans deux cantons où l'UDC était associée pour la première fois aux responsabilités gouvernementales, le fossé s'est creusé entre les deux conseillers d'Etat. On les savait certes dissemblables, l'un est aussi introverti que l'autre est extraverti, mais l'expérience gouvernementale a amplifié ces différences.

Le Neuchâtelois, qui dirige le Département du développement territorial et de l'environnement, s'est rapidement glissé dans le moule de la collégialité. Le Valaisan, qui dirige le Département de la formation et de la sécurité, est resté le provocateur que l'on connaissait. Au jeu des différences, les deux hommes ne se rapprochent que par leur popularité. Etat des lieux.

1) LA SANTE

Yvan Perrin.
C'est un sujet de préoccupation constant. Le Neuchâtelois avait déjà été victime d'un burn out, en 2010, avant son entrée au Conseil d'Etat. Bileux, il supporte mal la pression et la fatigue qu'elle engendre. Il a tendance à la combattre à coup de whisky et de médicaments. L'avenir dira si sa dernière mise au vert suffit à le remettre durablement sur pied. Il sait que c'est sa dernière chance.

Oskar Freysinger.
Le Valaisan est un hyperactif qui veut tout mener de front. En dépit de son entrée au gouvernement, il restera conseiller national jusqu'à la fin de l'an prochain. Voici deux semaines, il a même renouvelé son mandat de vice-président de l'UDC. Mais il a lui aussi ses problèmes de santé. Début 2013, on lui a posé deux stents en raison d'un rétrécissement coronarien. Cela ne l'a pas conduit à ralentir le rythme.

2) LE STYLE POLITIQUE

Yvan Perrin.
Quand il était conseiller national, le Neuchâtelois a toujours exprimé ses opinions de façon directe. Devenu conseiller d'Etat, il a agréablement surpris ses adversaires politiques par sa capacité à s'intégrer au collège gouvernemental. Il est aussi resté en dehors des grands débats nationaux.

Le Conseil d'Etat ayant pris position contre l'initiative UDC sur l'immigration, il ne s'est pas engagé dans la campagne. Son handicap: il peine à décider.

Oskar Freysinger.
Malgré son changement de fonction, il se complaît toujours dans la confrontation. Ses relations avec le corps enseignant ont été d'emblée conflictuelles. Le bras de fer se poursuit avec les mesures d'économie touchant l'école. Il profite de sa casquette de conseiller national et de vice-président de l'UDC pour intervenir sur tous les sujets. Il a notamment fait campagne pour l'initiative de son parti sur l'immigration.

3) LES SOUTIENS

Yvan Perrin.
C'est un homme seul. Et pas seulement parce qu'il est célibataire. Malgré les difficultés du moment, il a de la peine à saisir la main tendue. Y compris celle de ses amis politiques. Dans son département, il est affaibli par l'absence de secrétaire général. Le détenteur du poste a été licencié par le Conseil d'Etat en raison de problèmes relationnels remontant à la période pré-Perrin.

Oskar Freysinger.
Outre sa famille (marié, trois enfants), le Valaisan peut compter sur le soutien indéfectible de son parti dont il est resté de facto le chef. Certains parlent même de gourou. Il a placé des hommes à lui dans le département et il s'est doté d'un conseiller externe, Slobodan Despot, dont on ne sait pas toujours s'il intervient à titre officiel ou à titre privé.

4) LES INTERETS DU CANTON

Yvan Perrin.
En 2012, Yvan Perrin a contribué à l'échec populaire du Transrun, la liaison ferroviaire qui devait rapprocher Neuchâtel de La Chaux-de-Fonds. En tant que chef du Département du développement territorial et de l'environnement, il lui incombe de présenter une alternative. Le temps presse. Il doit boucler un projet avant la fin de l'année pour prétendre au prochain programme de subventions fédérales. Son absence pour raison de santé ne facilite pas les choses. Il a dû se faire remplacer pour la rencontre de longue date qui était prévue avec Doris Leuthard.

Oskar Freysinger.
Impossible d'être au four et au moulin. Oskar Freysinger a raté 25% des votes lors de la session de printemps du Conseil national, 48% lors de la session d'hiver. Et les intérêts du canton ne sont pas toujours sa priorité. En mars, il a suivi son parti au détriment du Valais en refusant que le financement spécial prévu pour l'assainissement des stations d'épuration soit également affecté aux installations servant à la nitrification ou à la dénitrification. D'importantes subventions fédérales étaient en jeu.

5) L'AVENIR POLITIQUE

Yvan Perrin.
Le Neuchâtelois reste très populaire et son parti a tout intérêt à ce qu'il s'accroche à son poste. A défaut, le siège risquerait de glisser en mains libérales-radicales car il n'y a personne à l'UDC NE qui soit en mesure de briguer avec succès un mandat gouvernemental.

Oskar Freysinger.
Le Valaisan a perdu du soutien au sein du personnel de l'Etat, mais il bénéficie d'une forte base électorale. Elle lui assure un siège au gouvernement à titre personnel.

Par contre, l'an prochain, il ne sera plus là pour tirer la liste UDC du Conseil national. On pourra alors mesurer la force réelle du parti.

 

Extrait de: Source et auteur

 

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