Austère Valls ce n’est pas Austerlitz…

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

 

Nos politiciens professionnels sont vraiment forts, les plus forts du monde. Valls qui commença sa vie politique dans un cabinet, à Matignon, auprès de Lionel Jospin,  y est revenu après quatorze ans pendant lesquels il a soutenu les politiques calamiteuses de la gauche, dépensières et improductives, nationalement et localement. Avec quelques phrases bien senties sur la délinquance inacceptable, intolérable, dont il a accepté l’augmentation, quelques vérités matraquées sur les Roms, dont il n’a pas enrayé la présence, Manuel Valls a joué les Sarkozy de gauche, mais pas trop, et fait maintenant son Fillon sur le thème de la France en faillite. Pendant trente ans, la France (comme la ville d’Evry, lorsqu’il en était le Maire, d’ailleurs ) a vécu au-dessus de ses moyens, nous lance-t-il. Le malheureux ! Il a dû souffrir de devoir endurer ce long silence, surtout pendant ces presque deux ans passés dans une équipe ministérielle qui ne voyait pas la gravité de la situation. Dans l’opposition, mais pas trop, il a appris de Sarkozy, cette manoeuvre habile qui consiste à transformer en victoire dans la communication, ce qui est une défaite sur le terrain. La France ne pourra pas, une fois encore, obéir aux critères de Maastricht, faire passer son déficit public sous la barre des 3% du PIB. Comme la cigale de la fable, elle est allée demander une rallonge à la fourmi allemande, enfin européenne, faut-il politiquement et correctement dire. Celle-ci lui a dit « nein », et notre cigale est revenue nous chanter son air de victoire. C’est avec une « bravitude » sans doute due au retour de Mme Royal au gouvernement, que le Premier Ministre a annoncé qu’il n’avait rien demandé, ni délai, ni crédit, mais qu’il avait, avec son volontarisme bien connu, proposé une feuille de route du redressement français.

Du sang, de la sueur et des larmes face au danger. L’attitude est belle, toutefois il s’agit ici de répondre non à une menace étrangère immédiate, mais de mettre fin aux conséquences d’une mauvaise gouvernance de trente ans. Trente ans, c’est-à-dire, depuis Mitterrand… Merci de le rappeler. Valls qui se disait « blairiste » annonce la couleur. Après cette révélation, on pouvait attendre du sérieux, du « lourd », ces fameuses réformes structurelles dont l’opposition ne cesse de réclamer la venue depuis qu’elle a perdu un pouvoir durant lequel elle ne les avait pas introduites. Caramba, comme on dit au pays d’où vient Manuel, c’est encore raté ! Les 50 Milliards, on va les trouver avec un bon coup de rabot et un jet de neige carbonique : gel du point d’indice des fonctionnaires, des prestations sociales, diminution des dotations aux collectivités, restriction de la politique familiale… Les réformes structurelles sont une fois de plus remises aux calendes grecques, ce qui est de bien mauvaise augure. On a simplement eu droit dans la panique à une opération de communication pour calmer les marchés et à la réponse française la plus classique, les expédients comptables, simplement plus lourds que d’habitude. Quand un mot est trop utilisé, on peut douter de l’existence de la chose. Lorsqu’un mot est banni, on doit au contraire être persuadé de la présence de la réalité qu’il désigne : nous sommes dans l’austérité ! La petite musique de fond du PS et de son nouveau premier secrétaire essaie bien de faire entendre que les 3% ne veulent rien dire, que la crise devrait amener l’Europe à revoir ce critère, mais elle ne couvre pas deux faits bien ennuyeux : d’abord la France fait moins bien que les autres, l’Allemagne, en excédent, l’Italie qui est à 3% , tandis qu’elle est à 4,2%. Ensuite, l’objectif de ces économies est-il de financer le pacte de responsabilité ou simplement d’obéir à Bruxelles ? Dans les deux cas, le Premier Ministre va devoir affronter une gauche française fort peu « blairiste » qui va crier à l’appauvrissement et à la précarité tout en s’inquiétant des mesures qui touchent ses électeurs de la fonction publique, et menacent ses pouvoirs locaux.

Manuel Valls n’est pas un économiste. Contrairement à la conclusion de son discours de l’Assemblée, sa prestation à la fin du Conseil des Ministres sentait l’artifice. Ni le ton, ni les quatre ministres embarrassés posés comme des plantes vertes à ses côtés ne lui donnaient de l’authenticité. Il s’agissait d’un montage précipité, mêlant une série de mesures comptables contraires au pouvoir d’achat, et à la solidarité naturelle au sein des familles, à des signaux idéologiques sur les minima sociaux, le Smic ou la création de postes, jugés inutiles par la Cour des Comptes, dans l’Education Nationale. On ne voit pas comment une baisse insuffisante du coût du travail associée à une diminution réelle du pouvoir d’achat pourra créer croissance et emploi.  Mais, si la France veut se redresser, ce n’est pas un ersatz de Blair qu’il lui faut, mais un vrai Thatcher que je ne vois guère dans notre triste paysage, celui d’une profession politique où même les moins mauvais sont encore très loin d’être bons.

Christian Vanneste, 18 avril 2014

 

Un commentaire

  1. Posté par tartemolle le

    « Mais, si la France veut se redresser, ce n’est pas un ersatz de Blair qu’il lui faut, mais un vrai Thatcher que je ne vois guère dans notre triste paysage ». Regardez du côté de « Nous Citoyens » avec Denis Payre, la solution est là, ça vient de sortir. Non je plaisante, c’est sorti il y a 6 mois et c’est l’avenir si les médias le laisse accéder à leurs caméras, micros, tribunes….

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