En finir avec les ringards soixante-huitards

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Jean-Christophe Buisson, rédacteur en chef du Figaro Magazine, écrit (extraits adaptés ; voir source en bas de page) : La France est devenue tellement socialiste qu’elle en a perdu tout esprit d’initiative, de curiosité, d’innovation, d’étonnement, d’enthousiasme. Des études d’opinion effarantes le soulignent régulièrement: près de 3/4 des 18-34 ans rêvent de devenir fonctionnaires (sondage Ipsos de mars 2012). Un pays dont la jeunesse aspire à la non-responsabilité, l’anonymat et la sécurité de l’emploi a-t-il réellement de l’avenir ?

Ce conservatisme qui ne dit pas son nom a fini par toucher la critique culturelle. Plutôt que découvreuse, elle s’est faite suiveuse. Paresseuse, elle n’a d’yeux que pour les rassurantes institutions qui font office de phares de la création depuis un demi-siècle. Ou plutôt depuis mai 68.

Les artistes installés, statufiés, décorés par la rue de Valois, ressemblent aux vaches sacrées en Inde: inamovibles, incontournables, inusables. Au fond, leur seul talent réside dans leurs artères. Ils ont tous plus de 65 ans. C’est-à-dire qu’ils ont tous connu adultes mai 68. Comme les directeurs de maisons de disques, les producteurs de cinéma et les éditeurs qui comptent en France. Comme les grands patrons de journaux ou de programmes audiovisuels.

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Consciemment ou non, les uns et les autres ont le sentiment d’appartenir à une génération. Et tous rechignent à abandonner leurs fauteuils. Alors, ils s’autocélèbrent, s’autocongratulent, s’autopromeuvent. La lutte des classes était leur rêve d’adolescents ; la lutte des places est leur combat de sexagénaires. «Professeurs, vous êtes vieux, votre culture aussi», ânonnaient-ils il y a 45 ans : on pourrait leur renvoyer le compliment aujourd’hui.

A quoi correspond cet étrange phénomène ? Les croyances qu’une génération tient pour acquises forment « un bloc historique ». Institutionnalisées, promues au rang d’évidences dont la remise en cause relève de l’acte criminel, voire fasciste, ces croyances sont diffusées par des « intellectuels centraux » (écrivains, penseurs, artistes, philosophes, universitaires) vers des « intellectuels secondaires » (professeurs, journalistes, etc.) qui les transmettent à leur tour en direction du bon peuple qui n’a plus qu’à approuver.

C’est-à-dire acheter les produits recommandés. Des barricades aux codes-barre : les 68tards sont devenus les plus grands promoteurs de la société de consommation capitaliste qu’ils vouaient naguère aux gémonies. Mais aussi les moins enclins à céder à leurs cadets les clés de l’avenir. Ils croient que sous prétexte qu’ils l’ont été en mai 68, ils demeureront toujours jeunes.

Reproduction autorisée avec mention :

www.dreuz.info

Source :

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/04/04/31003-20140404ARTFIG00277-pour-en-finir-avec-le-conservatisme-des-soixante-huitards.php

 

Extrait de: Source et auteur

3 commentaires

  1. Posté par Philippe Druey le

    L’aspect « culturel » de cet article est parfaitement transposable en Suisse romande. Et il s’applique encore mieux à tout ce qui touche aux médias, en particulier notre média d’Etat (RTS).
    Alors, qu’on se le dise, les soixante-huitards au placard !

  2. Posté par Bose Birgitt le

    Que ce n’est pas du tout l’apanage du socialisme, mais des froggys. Ils sont les plus conservateurs : la preuve, ils n’ont jamais été au bout de leurs révolutions, bien qu’ils en appellent toujours à se révolter. Les Suisses se sont réformés beaucoup plus et bien plus vite dans son Histoire. Avec un Napoléon qui s’était sacré lui même, nous avons l’image de leur République, qui perdure: celle d’un royalisme increvable et de son cortège de privilèges : que je sache, ils n’ont toujours pas virés la moitié de leurs ministres -le double de l’Allemagne!!!- bien qu’en crise depuis des plombes… c’est au peuple de se serrer la ceinture…

  3. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Wow! Voici qui est bien dit! Et qui me renvoie à une lecture très personnelle du deuxième « commandement ». Qui est, si je me souviens bien, le premier assorti d’une promesse. A savoir: « tu honoreras ton père et ta mère, afin que tu vives longtemps dans le pays que l’Eternel ton Dieu te donne ». Ce commandement a servi de pilier à ce que la psychanalyste et psychiatre Alice Miller a nommé la « pédagogie noire ». Ce qui lui a valu l’exclusif de la société des psychiatres suisses. On ne touche pas aux dieux. Les parents sont des dieux, parfaits. Et insatiables… Et, qui en disconviendra, ils sont aussi tout-puissants. Je peux donc comprendre le mouvement impétueux de 68! Dans lequel n’ont pas manqué de s’engouffrer nombre de débauchés. Je viens de recevoir deux témoignages directs concernant Kohn-Bendit et d’autres, dont un cinéaste.
    « honorer père et mère » vu selon l’iconographie chrétienne, limite mon ascendance à papa, maman et, à la rigueur, la bonne! Ce qui cadre avec Adam et Eve, Marie et Joseph, et la crèche avec âne et boeuf! Autant dire une fumisterie enjolivée par les fragrance de l’encensoir.
    Pour ma part je veux orner mon propos avec l’hébreu. En hébreu on peut « verbaliser » des noms et des substantifs. Ainsi on peut « briquer » des briques (comme pour faire la tour de Babel) et « brebifier » des brebis, comme en Genèse 1:28! A cette différence près qu’en Genèse 1:28 l’unanimité est sur l’autre sens du mot « brebis », qui est, je vous le donne en mille, « soumettre ». Qui fait pendant au « dominer » du verset 16 du même chapitre. Ceci pour introduire « honorer ». Qui, en hébreu, s’enracine dans « gloire » et « poids ». J’ai retenu « poids »! Autrement dit je lis « tu accorderas poids à tout ce dont tu procède »! Papa, maman, la bonne, grand-papa et grand-maman, la famille, la société dans son ensemble. Ce qui n’implique ni prosternation dévote, ni rejet, ni révolte et ni fuite dans la marge! Mais plutôt une invitation à la connaissance. Laquelle est exprimée dans le commandement qui suit: « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».Vous ne voyez pas le rapport? Ce n’est pas moi qui vous en blâmera. Je ne puis que donner ce que j’ai reçu. Oui, ce verset en français sonne comme fleur au fusil et « peace and love », ce qui, eut égard à l’hébreu, est une niaiserie. Voici ma conclusion: je suis fondé de croire que les 68tards n’on rien à cirer des propos qui précèdent, donc et pour ce motif, je les vomis!

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