Le peuple, cet organe de l’Etat

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

"Le peuple est un organe de l'Etat, ce n'est pas le chef". [1]

Cette réplique hallucinante a été prononcée ce jour par Cesla Amarelle, conseillère nationale socialiste, devant le plénum du Conseil National lors du débat urgent demandé par l'UDC pour l'application de l'initiative sur le renvoi des criminels étrangers.

Afin que personne ne m'accuse de tronquer une phrase ou de la citer hors contexte, l'intégralité de son intervention est disponible en ligne sur le site du Parlement. Voici le paragraphe incriminé dans lequel l'expression est mentionnée deux fois:

[L'initiative populaire de l'UDC "pour le renvoi des criminels étrangers"] constitue une illustration emblématique de la difficulté extrême que rencontrent aujourd'hui nos institutions à poser des principes de fonctionnement constitutionnel clairs, à savoir premièrement, c'est qu'en démocratie, le peuple est un organe de l'Etat, ce n'est pas le chef. Constitutionnellement, le peuple est un organe de l'Etat. Même s'il est symboliquement très important, il doit se soumettre aux règles. Et il n'y a pas de place pour le désordre à ce niveau du jeu démocratique. Les règles du jeu sont faites ainsi. Pour que la démocratie politique fonctionne, tout organe, y compris le peuple, doit être soumis à la séparation des pouvoirs. Le peuple ne saurait outrepasser ses compétences en violation de cet ordre juridique de base.

L'Etat, cette belle mécanique dans laquelle chaque chose est à sa place et le peuple, en bas.

A deux reprises, Mme Amarelle tient à rappeler que le peuple est un "organe" de l'Etat ; un rouage, en somme. N'allez pas croire que l'Etat soit une émanation de la société civile, non! Surtout pas, malheureux! Le tout, c'est l'Etat, l'alpha et l'oméga de la pensée socialiste. La société, c'est l'Etat. Le pays, c'est l'Etat. Le peuple, c'est (un bout de) l'Etat.

Avec un raisonnement aussi fondamentalement vicié, on n'a pas de mal à comprendre pourquoi les socialistes considèrent avec consternation les mauvaises décisions que le peuple helvétique est parfois amené à prendre: "l'organe" oublie sa place. Il dérange, il refuse de suivre la partition qu'on lui a écrit. Il empiète sur les couches plus élevées, plus importantes, de la hiérarchie politique, au sommet de laquelle trônent les socialistes puisque leur finalité est le contrôle de l'Etat.

Si le peuple est malade, il faut le guérir. L'éducation monopolistique prodiguée par l'éducation d'Etat y contribue mais ne parvient pas toujours à éradiquer les déviances des générations futures. Alors, on les soumettra à l'endoctrinement de plus en plus jeunes, dès la sortie des couches.

En parallèle, on fera preuve de pragmatisme en optant pour un remplacement progressif du peuple, le métissant de force avec d'autres morceaux de population importés, qu'on suppose plus perméables à la  pensée socialiste. Le renvoi des criminels étrangers est un sérieux pas en arrière dans cette optique et doit être fermement combattu.

En attendant, la plus élémentaire des précautions est de le corseter pour atténuer son pouvoir de nuisance, par exemple en muselant le droit d'initiative.

Enfin, dans l'hypothèse où le peuple serait par trop irrécupérable, on peut très bien imaginer qu'on s'en passe complètement. L'Etat n'a pas tellement besoin de lui, finalement. Cette approche pragmatique a été employée avec succès dans nombre de pays se réclamant du socialisme, parfois comme étape préalable à la suppression pure et simple du peuple. L'ablation est un remède radical mais doit-on guérir oui ou non?

Il ne faut pas badiner avec la maladie, et lorsqu'on considère le peuple comme un simple organe de l'Etat, bien des perspectives s'ouvrent.

Stéphane Montabert

http://stephanemontabert.blog.24heures.ch/

 

[1] "Cette affaire constitue une illustration emblématique de la difficulté extrême que rencontrent aujourd'hui nos institutions à poser des principes de fonctionnement constitutionnel clairs, à savoir premièrement, c'est qu'en démocratie, le peuple est un organe de l'Etat, ce n'est pas le chef. Constitutionnellement, le peuple est un organe de l'Etat. Même s'il est symboliquement très important, il doit se soumettre aux règles. Et il n'y a pas de place pour le désordre à ce niveau du jeu démocratique. Les règles du jeu sont faites ainsi. Pour que la démocratie politique fonctionne, tout organe, y compris le peuple, doit être soumis à la séparation des pouvoirs. Le peuple ne saurait outrepasser ses compétences en violation de cet ordre juridique de base. En l'occurrence, les juges sont tenus de s'abstenir de toute expulsion arbitraire et respecter le principe de proportionnalité quoiqu'en dise une loi émise par le Parlement. Les règles du jeu en démocratie sont faites ainsi. Le Parlement n'a pas le droit de grignoter le contre-pouvoir des juges. Du point de vue juridique, pour que ça fonctionne dans la durée, les processus de renvois requièrent nécessairement un équilibre constant des deux ordres juridiques, le droit international et le droit interne." (source)

8 commentaires

  1. Posté par SCHAER Jean--Jacques le

    Qui saurait être surpris par de telles remarques ! Vaud est avec Genève la terre d’asile des bolchéviques les plus violents, à l’exemple du président du conseil d’Etat. Demander à une immigrée toute récente ce qu’elle peut bien comprendre d’une démocratie comme la Suisse, c’est brûler des étapes. L’Uruguay c’est encore Pacheco et ses bandes armées.
    La question est bien plutôt celle-ci : jusqu’où les hordes bolchéviques vont-elles nous mener ?
    N’était-ce un important nid de résistance en Suisse centrale « La Suisse première et unique  » devrait-on dire, il y a bien longtemps que la Suisse romande, Valais excepté aurait basculé dans le Jacobinisme français dont on mesure chaque jour le désastre en devenir.
    Socialisme « plus précisément pensée bolchévique non encore aboutie » et droit de l’hommisme sont les deux tares qui nuisent à notre pays.
    Que la phrase lancée par Dame Amarelle ait été relevée devrait inciter à des manifestations de masse, hélas, notre bon pays est déjà anesthésié. Voilà ce qu’il en coûte d’envoyer à Berne des élus socialistes qui balbutient leurs rudiments de démocratie !

    PS : On notera en souriant que tel Jean Ziegler autre notoire bolchévique vouant la Suisse aux gémonies, ceux-ci ne se gênent pas de vivre aux dépends du bon peuple en encaissant les généreux salaires de ces fachos de Suisses !

    Jean-Jacques SCHAER Yverdon

  2. Posté par Vincent le

    3ème paragraphe: « Il empiète sur les couches plus élevées, plus importantes, de la hiérarchie politique, au sommet de laquelle trônent les socialistes puisque leur finalité est le contrôle de l’Etat. » Tiens donc ! Et la finalité de l’UDC, qu’elle est-elle ? Assurer le salut de l’âme des Suisses, peut-être ?

  3. Posté par JeanDa le

    Bonjour,
    J’aime bien quand cette prof de droit (!) dit « il doit se soumettre aux règles ».
    N’y a-t-il pas de règles qui disent que le peuple s’exprime notamment par l’initiative constitutionnelle qui lui donne droit de modifier la constitution, et que tout le monde (y compris les autorités) doivent se conformer à la constitution ?

    Evidemment pour les socialos-angélico-islamo-gaucho-bien pensants, il y a « bonnes règles » et « mauvaises règles ». Sont qualifiées de « mauvaises » toutes les règles contraires aux dogmes prêt-à-penser de la gôche.

  4. Posté par jessica le

    On se fera de toute manière avoir, les criminels étrangers ne seront pas renvoyer comme le demande l’initiative. Le CF incorpore cherche vraiment par tous les moyens, y compris en demandant à la CEDH de le soutenir. Argumentaire Morel , PLR(http://www.parlament.ch/ab/frameset/f/n/4912/434709/f_n_4912_434709_434966.htm)
    «  »C’est, par exemple, *à la Cour européenne des droits de l’homme de trancher* pour savoir si elle estime, comme nous, que certains éléments de ce texte sont contraires à la Convention européenne des droits de l’homme.
    *Alors là nous aurons des bases de discussion* qui seront nouvelles, nous aurons un vrai débat central *sur le fait de savoir si la Suisse est un Etat de droit et doit respecter la CEDH*. Nous verrons alors si **les initiants auront le culot de lancer une troisième initiative demandant que la Suisse révoque son adhésion à la CEDH.** Mais on n’en est pas encore là. Pour l’instant, nous – le Parlement – avons dit une fois notre opinion, à savoir que* nous estimions* que cette position était contraire à la CEDH, nous ne pouvons pas le dire une deuxième fois. C’est en tout cas l’opinion d’une partie de la majorité de la commission qui pense, avec l’autre partie de la majorité, que nous devons mettre en oeuvre la décision populaire avec tous les avertissements très clairs que vous avez entendus, à savoir que cette version n’est *probablement* pas compatible avec la CEDH. En clair ils vont aller chercher l’aide, le soutien et la confirmation de la CEDH pour empêcher l’application de cette initiative car « eux, le parlement » ne le savent pas ! On croit rêver… pardon….cauchemarder….. Il y a combien de majorités dans cette commission ? dixit Mme Morel dans cette même allocution…. « l’opinion *d’une partie de la majorité » de la commission qui pense, (tient donc?) avec *l’autre partie de la majorité*que …. » De vrais tartufes, dont je prends plaisir à rappeler le sens (L’hypocrisie est, chez une nation, le dernier degré du vice. C’est donc faire acte de citoyen que de s’opposer à cette tartuferie sous laquelle on couvre ses débordements (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1830, p. 350)

  5. Posté par jessica le

    Si cela ne représentait QUE l’avis de Mme Amarelle ce ne serait pas trop grave. Hélas elle ne fait que dire et redire ce que le PS s’acharne à faire et à démontrer depuis sa création. Le peuple n’est rien, l’Etat, les élus décident de tout, le peuple doit être totalement soumis et obéir à l’Etat. C’est l’idéologie du PS, on la retrouve tout ua long de son histoire. Malheureusement il semble que beaucoup de gens se laissent manipuler et ne le remarque pas. Pas pour rien que les seuls arguments du PS pour attirer des voix c’est de dire que tous les autres partis sont des pourris. Ils seraient incapables de dire ce qu’ils ont fait de positif pour les citoyens. De l’URSS à la Chine nous voyons ces gauchistes essayer de s’imposer par tous les moyens. Quelqu’un peut-il m’expliquer une partie de son argumentaire, que j’ai de la peine à suivre et à comprendre : « L’Etat de droit est le patrimoine juridique le plus précieux de notre démocratie. Il a été construit progressivement, consciencieusement. On ne le brade ni par le biais d’une loi **ni par le biais de la Constitution**. C’est QUOI déjà la constitution ? QUI peut modifier la constitution? C’est QUOI l’Etat de droit ? QUI a voté les lois pour en faire de la CH un état de droit? QUI doit respecter et QUI est au-dessus des lois et de la constitution? QUI est le souverain ? Depuis QUAND les juges ne sont-ils plus tenus de respecter les lois, qu’elles soient constitutionnelles ou juridiques? Les juges sont-ils au-dessus de toutes les lois ? Merci pour vos explications

  6. Posté par G. Vuilliomenet le

    J’ai appris que Cesla Amarelle était prof de droit à l’Uni à Neuchâtel. Je ne savais pas que Pif Gadget distribuait des diplômes de droit.

    Mais quel mépris ont du Peuple ces tristes sires.
    J’espère que ce même Peuple la renverra chez à coups de pieds au derrière aux prochaines fédérales.

  7. Posté par Olivier le

    Position absolument scandaleuse et qui devrait être dénoncée !

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