Vins suisses : quelle réglementation?

Nos lecteurs nous écrivent

 

Le vignoble helvétique est sur-réglementé par des lois cantonales et par des conflits d'intérêts qui ne tiennent pas compte des attentes du consommateur.

Avec à peine 15'000 ha le vignoble suisse n'a aucune incidence sur la scène internationale. Même si la qualité des vins suisses est reconnue et pas du tout remise en question, la concurrence internationale peut se targuer d'avoir une mainmise de plus en plus importante sur le marché du vin en Suisse. Il en ressort une concurrence déloyale où les acteurs du marché ne luttent pas à armes égales.

Alors que les vins suisses sont soumis à des lois régulant de manière pointue la provenance, les cépages, la vinification et l'élevage, les vins provenant, par exemple, du Nouveau Monde (Etats-Unis, Amérique du Sud, Australie, Afrique) sont en partie soumis à des lois très libérales. En Australie par exemple il n'existe pas encore de loi viticole comparable aux standards européens et suisses. Ainsi la provenance est régulée de manière très souple et des méthodes de vinifications bien diverses sont tolérées ou simplement pas réglementées. Si un vin a un taux d'alcool trop élevé, il est tout à fait usuel d'y ajouter… de l'eau ! Un vin dont la provenance est mentionné sur l'étiquette doit certes provenir à 85% de la dite région mais la superficie de ces régions est énorme, contrairement aux régions viticoles suisses. La Nouvelle-Zélande autorise l'ajout de raisins provenant de l'étranger, dans la mesure où ce fait est simplement mentionné sur l'étiquette. Le vin reste toutefois un produit néo-zélandais.

Bien évidemment il ne s'agit pas de tolérer tout et n'importe quoi, mais de se rendre à l'évidence que à moyen terme les vins suisses n'ont aucune chance face à des produits issus de marchés nettement moins régulés et où les coûts de production sont bien plus bas. Ainsi par une tendance exagérément régulatrice, les instances mises en place prétéritent la place vinicole suisse en ignorant les réalités d'autres pays dont les régulations sont bien plus tolérantes. Les conséquences ne vont d'ailleurs pas tarder à se faire ressentir pour les vignerons helvétiques qui n'ont d'autres choix que de se soumettre à des normes partiellement superflues ou caduques. Des acteurs tels que le CSCV (Contrôle Suisse du Commerce du Vin), un organisme qui n'est même pas reconnu par L'Union Européenne, influence des normes et des décisions alors que c'est en fait L'OIC (Organisme Intercantonal de Certification) qui a été reconnu comme l'organe de contrôle des vins par l'ordonnance émise par la commission des contrôle des vins en 2000. Il en résulte une situation complexe et disparate aux dépens des intérêts économiques des producteurs de vin.

Pour le consommateur, ce genre de débats est bien trop superficiel et il ne correspond pas vraiment à ses attentes. Il lui importe peu, fondamentalement, de quelle région le vin provient ; le produit doit être abordable, qualitatif et à son goût. Du moment que le consommateur est informé des particularités d'un vin sur son étiquette (Région, millésime, etc.) son intérêt se concentre alors sur la qualité du produit. Les vins de nouvelle génération (vins aromatisés, vins issus à base de concentrés de fruits, vins agrémentés par des épices ou du chocolat) sont déjà disponibles en Suisse. Il y a un public pour ce genre de "vins" qui sont disponibles tout à fait légalement sur notre marché, alors qu'un vigneron n'aurait aucune chance de pouvoir commercialiser ce genre de produits. Avec des régulations parmi les plus sévères, les cantons de Vaud et du Valais pénalisent non seulement les producteurs mais également les consommateurs au travers de réglementations qui veulent réguler chaque détail mais qui ne tiennent absolument pas compte des réalités du marché moderne du vin.

En voulant réguler tout dans le moindre détail, les acteurs des instances régulatrices se tirent une balle dans le pied et dans ceux des vignerons. Il faut savoir répondre aux attentes du consommateur et promouvoir des vins suisses qui plaisent aux consommateurs de par leur qualité et leur capacité à rivaliser avec la concurrence étrangère. On relèvera aussi la puissance que l’interprofession peut avoir, mais en s’attaquant uniquement à des marchés susceptibles de plier à ses exigences. Ainsi l’interprofession du Champagne, sévèrement régulée, à bien réussi à faire plier les dirigeants helvétiques en interdisant la commercialisation de Chasselas avec la mention de la commune de Champagne, qui pourtant faisait partie d’une AOC officielle et agréée. Pendant ce temps, aux Etats-Unis, les mousseux locaux continuent d’être nommés et/ou appelés « Champagne » les vins blancs  « Chablis » et certains vins rouges (la Syrah) par exemple « Hermitage ». Ces exemples nous prouvent combien le consommateur s’intéresse à la qualité et pas forcément à des régulations qu’il ne peut de toute façon pas vérifier. Ainsi il serait bien plus judicieux de lui garantir que tel ou tel vin est issu du vignoble helvétique et que, surtout, il est d’une grande qualité. 15’000ha et une seule régulation ? C’est probablement une direction à suivre…

Source : Rubrique « Nos lecteurs nous écrivent »

 

3 commentaires

  1. Posté par Ueli Davel le

    Le Passant je vous recommande le Red Bull aux normes de l’UE et le Coca. Que du plaisir, la nature pure.

  2. Posté par Alexandre Truffer le

    Il est faux de dire que l’interprofession de la région de Champagne (CIVC) a fait plier les instances helvétiques. Si le village de Champagne en Suisse ne peut utiliser cette appellation, c’est parce que a) les autorités fédérales ont oublié d’inscrire Champagne parmi les appellations que la France devaient reconnaître et que b) à la fin des années 90, la Confédération abandonne
    ses prétentions sur l’appellation Champagne en échange d’avantage pour Swissair.
    L’histoire complète sur:
    http://www.romanduvin.ch/index.php?IDcat=12&IDarticle=770&IDcat12visible=1&langue=F

  3. Posté par Ueli Davel le

    Excellent article. Le vin Suisse, c’est pas nouveau est en mains de deux ou trois gros distributeurs, COOP, MIGROS,.. C’est eux qui font et défont le marché suisse et d’importation. Leurs règles sont la marge et le CA. Il faut voire et entendre les achteurs de ses groupes!

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