Le PC Français rejoint le camp des authentiques « quenelleurs »

Bruno Bertez
Bruno Bertez
Analyste financier anc. propriétaire Agefi France

Comme nous l’avons dit, personne ne peut récupérer la quenelle, à chacun ses connotations. Laurent est un quenelleur, je suis un quenelleur, et nous pensons qu’il y a beaucoup d’autres quenelleurs en ce moment en France.

 

Pierre Laurent du PCF, en délicatesse avec Mélenchon, était mardi sur les ondes de RMC. La tâche du leader communiste est difficile. Il doit en même temps critiquer Hollande et accepter des listes communes avec les socialistes! Il doit, comme disait Marchais, faire le grand écart et « cela fait mal aux c......s.

C'est sur ce point qu'il diverge avec Mélenchon, lequel souhaite que Laurent démissionne puisqu'il brouille le message du Front de Gauche. Mélenchon a manifesté son refus de cette situation en boudant le FGE, le Front de Gauche Européen, tenu par les communistes. Il verra, plus tard, s’il y a lieu de réviser sa position. Au sein du Front de Gauche, c'est la tension car certains amis de Mélenchon sont partisans d'aller à la soupe et donc de passer sous les fourches des solfériniens.

C'est dans ce contexte donc que Laurent est passé sur RMC.

Il est évident qu'il tenait à faire passer un message national et non régional, donc il lui fallait se montrer bon opposant aux solfériniens et critiquer Hollande. Cela n'est pas incompatible avec les listes communes PC-PS car les socialistes ont les idées larges, cela ne les dérange pas qu'on les critique du moment que l'on obéit et que l'on fait ce qu'ils veulent. C'est la même tactique qui consiste à se couvrir sur sa gauche avec l'appui de complaisants, cette tactique a été utilisée à maintes reprises avec  les soi-disant activistes trotskistes.

Donc notre Laurent a critiqué Hollande.

Voici ce qu'il a dit  en français approximatif. Le chef de l'Etat tourne le dos à ce qu'espéraient les électeurs de la gauche qui l'ont élu, il cède au MEDEF. Hollande est en train de trahir sa propre parole, il a dit : je vais mener le combat contre la finance, il fait tout le contraire, il en rajoute tous les jours.

C'est un tournant politique.

C'est la continuité avec Nicolas Sarkozy.

Pas de rupture en la matière, c'est pour cela que le Président est si bas dans les sondages.

Analyse.

Ce que le leader autorisé du PCF  dénonce, c'est l'alliance entre Hollande et la finance. Nous buvons du petit lait, même si nous nuancerons plus bas en fin de texte.

Que dit Dieudonné le 31 décembre 2013 : je dénonce les banquiers, la finance, ceux qui enchaînent les gens  en esclavage. Ceux qui les rendent esclaves. La presse britannique a bien traduit, « les slavers ». Les mots auraient-ils un sens différent lorsqu'ils sont prononcés par Mbala et lorsqu'ils sont prononcés par le chef du Parti Communiste Français ?

Bien sûr que non, la finance, c'est la finance, que l'on soit Laurent ou Mbala.

Et comme Dieudonné soutient que le signe de ralliement de la quenelle est le signe des gens qui critiquent, s'opposent aux excès de la finance, alors Laurent rejoint le camp des quenelleurs, nous préférons quenelliers, mais peu importe.

Les beaux esprits, qui sont aussi les plus malhonnêtes intellectuellement, si ce mot est adapté pour eux, soutiennent que cette histoire de quenelle a à voir avoir la connotation antisémite que lui apporte Dieudonné. Donc par extension, amalgame, si ce n'est toi, c'est donc ton frère, par extension et responsabilité collective, les gens qui aiment la richesse du symbole de la quenelle doivent subir l'opprobre qui, normalement, ne devrait rejaillir que sur Dieudonné. Il suffira à partir de maintenant qu'un imbécile utilise un mot pour que le chef 1984ien décide que l'on n'a plus le droit d'utiliser ce mot.

Le symbole de la quenelle n'a pas été inventé par Dieudonné, il vient de loin et traduit exactement le sentiment des Français et c'est pour cela, parce qu'il en résonnance profonde avec ce que les Français ressentent, qu'il marche bien, qu'il prend, qu'il a du succès. Avant le symbole de la quenelle, pour dire la même chose, on utilisait celui du suppositoire. C'est le même geste, celui du fisting, je t'en mets une, à toi qui veut m'avoir.  Même connotation scatologique, sexuelle, il ne viendrait à l'idée de personne de déclarer que l'on n'a plus le droit de faire le geste du suppositoire que l'on reçoit dans le c.l d'une part et que l'on met dans le c.l de l'autre, d'autre part. Dans certaines régions,  on utilise d'ailleurs l'image de l'olive pour exprimer la même chose.

La connotation qui est importante, ce n'est pas celle qui se passe dans la tête de Dieudonné, mais celle qui se passe dans la tête du quenelleur, car il n'y a que lui qui soit responsable de son geste et il ne doit rendre compte que du sens que cela a pour lui et lui seul.

Les fachos qui prétendent régenter la vie de la société civile seraient-ils dans la tête des gens, de tout un chacun ? D'accord, nous sommes écoutés, épiés, mais ils ne peuvent en faire état. Il leur faut faire semblant d'être encore dans un Etat de droit et considérer que chacun garde ses connotations pour soi. Bientôt,  ils vont, sous prétexte  que le mystificateur Soral utilise le terme Système, réécrire les ouvrages de sociologie, corriger les écrits de Levi Strauss !

La preuve que ce que nous avançons est vrai est que les anciens quenelleurs, comme Tony Parker par exemple, disent : « Je ne savais pas ». Triste pitre, il faut le reconnaitre, qui s'humilie pour soigner ses contrats de pub et sa popularité, en baissant son pantalon. Comme le sinistre Anelka qui lui n'a pas d'excuse car il connaissait le sens de la quenelle, le sens de la révolte contre... le fait de se faire m....e.

Laurent est un quenelleur fondamental, authentique, car c'est au sens profond de la quenelle que ses déclarations renvoient, les Français qui ont voté pour Hollande se font m....e. Le retournement du révolté qui, conscient de se faire m....e, retourne l'action en un geste obscène n'est pas très différent du bras d'honneur de l'automobiliste. Les apprentis fachistes vont-ils aussi interdire le bras d'honneur ? Cela ne changera rien, car, dans ce cas, au lieu de faire le bras, on fera le doigt, et si on interdit aussi le doigt, on le pensera très fort. Car, on y revient, tout se passe dans la tête des gens et le fachisme  commence là, quand on veut contrôler ce qui se passe dans la tête. Nous préférons fachisme, à fascisme, car dedans il y a bien la racine « fâche » qui indique ce qui nous fâche.

C'est dévaloriser la France et les Français que de se lancer dans ces entreprises salissantes. La quenelle, la belle quenelle, est bien française, n'en déplaise à Mbala qui veut s'en réserver les bénéfices commerciaux et la notoriété. La connotation antisémite n'est pas la nôtre, ce n'est pas la vôtre, Ce n'est pas parce que Dieudonné a retourné sa veste et que, de combattant du racisme, il a choisi le créneau iranien anti-Israël et anti-juif, que nous devons nous sentir responsables et solidaires. Nous ne sommes pas salis par les délires contre espèces sonnantes et trébuchantes des stipendiés de l'Iran. Nous sommes salis par ceux qui veulent nous salir par des amalgames honteux, ignobles et scélérats, anti-français.

Pour lutter contre le racisme, contre les professionnels de la salissure, récupérez votre quenelle, la quenelle bien française de la révolte de celui qui sait qu'il se fait avoir et qui promet que cela ne durera pas toujours.

Voici notre ajout sur l’ambiguïté du Front du Gauche sur la finance et le capital.

Nous avons remarqué sans la commenter la dérive de l’analyse du Front de Gauche sur la lutte des classes.

Le Front de Gauche maintient officiellement la thèse de l’existence concrète de la lutte des classes et, par conséquent, l’utilité politique du concept. Ceci a été rappelé avec force lors du débat entre Mélenchon et Cahuzac. Mélenchon a jeté la lutte des classes au visage de Cahuzac et ce dernier a esquivé en affirmant son libéralisme social ou son social-libéralisme. Il a mélangé les deux, mais peu importe. Cahuzac n’est pas un penseur, mais un arriviste tricheur.

Le PS attrape les mouches avec du vinaigre, car, vis-à-vis de sa gauche, il continue de se référer à la lutte des classes afin de ratisser plus large. La pratique du PS est en réalité sociale-démo, et même socialiste Fabien c’est-à-dire socialiste caviar, socialiste des riches à la Tony Blair.

La sociale-démo fait alliance avec les riches afin d’éviter les contradictions marxistes du capitalisme. Elle le fait par le recours au crédit et au déficit pour financer ses largesses et ses achats de votes. Le recours au crédit est un procédé dont la logique profonde est de contrer les tendances affirmées par Marx à la paupérisation des travailleurs. On leur donne du pouvoir d’achat par la dette au lieu de leur en donner par les salaires.

Ce faisant, la sociale-démo repousse l’antagonisme de classes et fait le jeu de l’ordre établi. En fait, la sociale-démo est conservatrice et, dans une optique marxiste, on doit considérer qu’elle repousse le temps de la Révolution ; elle est structurellement contre-révolutionnaire, ce qu’était son maître à penser en matière économique Lord Keynes.

Par construction, la sociale-démo est conservatrice et, à ce titre, elle devient inéluctablement alliée des kleptos et des ploutos au fil du temps. Elle prend et occupe le Pouvoir pour désamorcer les  luttes populaires considérées comme inéluctables par les marxistes orthodoxes. Voilà sa fonction, voilà la mission systémique. Et c’est pour cela, par exemple, que la finance quasi partout, lorsque les temps deviennent difficiles, favorisent l’accession au Pouvoir de la sociale-démo. La sociale-démo est son rempart contre l’émergence d’un ordre social neuf plus adapté, plus satisfaisant, moins scandaleux. La sociale-démo, c’est : Ô temps suspend ton vol.

Mélenchon veut lui aussi ratisser. Volonté de puissance et petite ambition personnelle obligent. Au lieu d’accepter de se montrer le couteau entre les dents, ce qui le marginaliserait, il ne ferait que quelques pourcents comme le Facteur, il veut exister, avoir des tribunes et pour cela, il doit tricher. Il n’attaque plus le capital, ce qui le couperait de beaucoup de petites gens, il choisit de faire l’amalgame entre le capital et la finance. Il sait que la finance n’a pas bonne presse dans l’inconscient collectif et il essaie, c’est le cas de le dire, de capitaliser sur le rejet de la chose financière. Donc il ment à ceux qui l’écoutent en leur disant : la finance est responsable de vos maux et en sous-entendant que la finance et le capital, c’est la même chose. Bien sûr, ce n’est pas la même chose, et vous-mêmes, vous le savez.

Nous, qui sommes capitalistes, nous qui défendons becs et ongles le capitalisme productif et les  libertés qui y sont associées, nous tirons à boulets rouges sur la finance, précisément pour éviter les amalgames du type Mélenchon et montrer jour après jour que la financiarisation tue le capitalisme productif. Nous montrons que la logique cachée de la finance est destructrice du vrai capitalisme et des libertés et que cette logique conduit à la recrudescence des inégalités, au chômage, à la régression, à la destruction sociale, à la perversion de la démocratie et, on le voit de plus en plus clairement, à la tyrannie qui débouche sur les tendances fascisantes.

Dénoncer la finance est pour nous un moyen de défendre le capitalisme et son ordre social fondé sur l’effort individuel, l’épargne, l’innovation, la formation, les progrès de la conscience politique, bref, la réalisation de l’Humain au travers de nous en tant qu’individus producteurs.

C’est ce qui nous distingue de tous ceux qui croient que ce ne sont pas les individus qui sont à la base des progrès, mais que c’est la société, le collectif. Car nous soutenons que ce que l’on appelle le collectif, le social, sont des abstractions qui n’existent pas ailleurs que dans le camp des concepts et des idées. Ce sont des abstractions utiles, certes, mais pour réfléchir, pour théoriser le Réel. La réalité, celle qui a une existence, c’est l’Homme. Et le progrès, c’est le mouvement vers l’individuation et l’identité ; le progrès, c’est advenir ; le progrès, c’est devenir soi-même, c’est le mouvement de sortie du magma indifférencié. Le progrès, ce n’est pas la fusion dans la masse devant le maître socialiste qui ne veut voir qu’une seule tête.

Comme nous l’avons dit, personne ne peut récupérer la quenelle, à chacun ses connotations. Laurent est un quenelleur, je suis un quenelleur, et nous pensons qu’il y a beaucoup d’autres quenelleurs en ce moment en France.

Bruno Bertez, 9 janvier 2014

2 commentaires

  1. Posté par Renaud le

    Si des quenelles ivres poussent au milieu du champ de blé faut-il les arracher ou commencer à se demander ce qu’on fait du blé?

    Le blé qui ne pousse que pour lui-même enfle et se décompose en molles et putrides quenelles.

    L’ugence n’est donc pas d’arracher les quenelles mais d’arrêter le processus de décomposition du blé.

    Les quenelles sont recyclables et peuvent fertiliser le champ dans une certaine limite.

    Pour autant que le blé reste ce qu’il est, un moyen pour tous et non une fin pour quelques uns.

    Sinon, il ne restera dans le champ que des quenelles et finalement plus rien.

  2. Posté par Ueli Davel le

    La France commence 2014 sur les chapeaux de roue! C’est sérieux, Dieudonné, les quenelles et la possible copine du président, de vrais problèmes. La compagne actuelle ne semble pas pouvoir compenser le désamour de ceux qui l’ont élu. Vraiment dramatique pour le peuple Français. Peut-être cherche-t-il auprès de la charmante artiste de nouveaux scénarios pour la France, de nouveaux acteurs. Souvenez-vous Clo Clo:

    « J’ai besoin qu’on m’aime
    Mais personne ne comprend
    Ce que j’espère et que j’attends
    Qui pourrait me dire qui je suis ?
    Et j’ai bien peur
    Toute ma vie d’être incompris
    Car aujourd’hui : je me sens mal aimé

    (Refrain:)
    Je suis le mal aimé
    Les gens me connaissent
    Tel que je veux me montrer
    Mais ont-ils cherché à savoir
    D’où me viennent mes joies ?
    Et pourquoi ce désespoir
    Caché au fond de moi

    Si les apparences
    Sont quelquefois contre moi
    Je ne suis pas ce que l’on croit
    Contre l’aventure de chaque jour
    J’échangerais demain la joie d’un seul amour
    Mais je suis là comme avant mal aimé

    (refrain)
    Car je suis mal aimé
    Le mal aimé, Claude François, 1974

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