José Bové à propos des loups : « prendre le fusil »

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Extrait:

 

"Il faut sévèrement limiter

le nombre de loups"

Interview de José Bové par GILLES BERREAU

 

Alors que le loup a refait parler de lui récemment en Valais, en tuant plusieurs moutons à Savièse, à trois kilomètres de Sion, le député européen écologiste José Bové ne s'étonne pas de la présence du prédateur aussi près d'une ville.
"Un loup a été tué en traversant une route au mois de mars dernier à trois kilomètres de Millau, ville de plus de 25
000 habitants, la plus proche de chez moi."
L'élu français avait donné un sacré coup dans la fourmilière écolo il y a quelques mois en prenant la défense des éleveurs et en se disant favorable au tir du loup. Aujourd'hui, interrogé par "Le Nouvelliste", il maintient plus que jamais ses propos. Pour lui, la présence du loup doit être fortement limitée chez nous. En Suisse comme en France.

"Prendre le fusil"

Le Français avait notamment déclaré l'été dernier sur une radio lozérienne:
"Si le loup risque d'attaquer un troupeau, la meilleure façon de faire c'est de prendre le fusil. La menace du loup fait que les gens ne dorment pas la nuit. Ce qui se passe dans les Alpes est absolument intenable pour les éleveurs. Je ne crois pas qu'au nom de la biodiversité on doit accepter
(ndlr.: le loup)
. Veut-on encore des bergers dans nos montagnes?"
Prendre le fusil, une solution qui aurait déjà été testée dans le Larzac, région d'où José Bové est originaire.
"Chez nous, nous avons eu une fois un loup sur le Larzac.
Ç
a s'est terminé avec la découverte du squelette du loup sur un clapas
(ndlr: amoncellement de roches)
. Personne ne sait ce qui s'est passé et c'est très bien comme ça!"

"Il ne tue pas que pour manger"

"Voilà le paradoxe: le loup fait partie des espèces que la Convention de Berne protège, sauf que ce n'est pas une espèce en voie de disparition, mais une espèce en voie d'expansion. Prétendre le contraire est une hypocrisie."

Pour José Bové, ce n'est pas tant le fait que le loup utilise les troupeaux ovins comme des garde-mangers qui pose problème, mais l'ampleur des dégâts provoqués par le prédateur.
"S'il se contentait de tuer une brebis pour la manger... Mais il attaque le troupeau et c'est une hécatombe. Le loup ne tue pas que pour manger."

Il est de bon ton d'applaudir le retour du loup. Aussi, pour une figure emblématique des défenseurs de la nature comme José Bové, le retour de bâton a été encore plus violent après sa prise de position.
"J'ai mis le doigt là où ça fait mal. La question centrale est: veut-on que la montagne continue à être habitée par des paysans? Car l'élevage en plein air est l'activité qui permet d'entretenir cet espace. L'éleveur est un aménageur du territoire."

"Les pro-loups fantasment"

Pour le député européen,
"des associations environnementales pro-loup spécifiques confondent l'Europe avec le Grand Nord canadien ou fantasment sur une certaine représentation du monde sauvage tel que cela a été fait dans le cinéma américain. Or, l'Europe, y compris la Suisse, s'est construite sur une occupation de tout le territoire pour y mettre de l'agriculture ou de l'élevage. Le territoire a été façonné par l'homme. Parler ici de nature sauvage n'a pas beaucoup de sens."

Sur la question de la régulation du loup, José Bové estime que
"ce n'est pas aux paysans de créer des milices, mais aux chasseurs et aux gardes-chasse. Je n'ai moi-même pas de fusil. Il faut laisser cela à ceux qui savent faire. Et des règles claires."

Le loup a-t-il néanmoins sa raison d'être, ne serait-ce qu'en matière de biodiversité?
"Mais la question ne se pose pas ainsi. Le nombre de loups augmente de 20% en moyenne par an. Il faut donc limiter le nombre de loups de manière drastique."

Lorsque "Le Nouvelliste" demande à José Bové, qui du loup ou des écologistes, l'empêche le plus de dormir la nuit, il répond, après un sourire:
"Ce sont surtout les industriels de l'agrochimie et ceux qui polluent complètement cette planète. Ce sont mes adversaires principaux. Avec les autres, qui veulent aussi préserver cette planète, je pense que nous pourrons trouver une harmonie, mais après avoir répondu à cette question préalable: l'homme est-il bien légitime sur l'ensemble du territoire?"

 

Source et auteur

6 commentaires

  1. Posté par Denis Calomens le

    Héhé, La réalité du terrain finit par rattraper les théoriciens et autres « experts », qui ont les postérieurs tranquillement installés derrière leur ordinateurs et qui se permettent de traiter de cul-terreux rétrogrades, les populations concrètement concernées par les retour prétendument naturel du loup (montagnards, chasseurs, éleveurs, etc.). Mêmes les grands pontes de l’écologie politique finissent par réaliser que l’Europe occidentale ne dispose tout simplement plus de milieux assez vastes et libres d’activités humaines pour permettre une cohabitation humain – loup. Si l’on rajoute à cela, le fait que leurs « solutions » (gardiennage permanents des troupeaux, chiens de berger , clôtures électriques) ne marchent tous simplement pas sur le terrain , comme l’ont prouvée les récentes attaques sur des moutons presque en plein cœur de Savièse, j’aimerais pas être dans la peau d’un pro-loup actuellement …

  2. Posté par TESSIER le

    Bonsoir,
    bien entendu c’est un véritable problème pour les bergers.
    On peut le nier,mais je vois la difficulté de ceux qui sont localisés en Drôme.
    J’ai connu sur le littoral atlantique une autre situation comparable sur le principe.Les marais à poissons activités anciennes complémentaires pour les agriculteurs de la mer et de la terre.La création de réserves à hérons à ruiner le complément de revenu de ces actifs,les marais à poissons ont été abandonnés,ils sont devenus des friches,classés aujourd’hui en zone Natura 2000….
    Je pense que monsieur Bové doit poser au plus haut niveau cette question du loup.
    A Tessier

  3. Posté par ouragan le

    « En Italie, la situation est beaucoup plus préoccupante qu’en France et en Suisse »…
    htthttp://leloupdanslehautdiois.blogspot.fr/2013/07/en-italie-tout-va-tres-bien.
    Les italiens saluent la vision de José Bové
    htmlp://www.ruralpini.it/Commenti05.01.14-Bov%C3%A9-ridurre-i-lupi.html

  4. Posté par ouragan le

    Contrairement au journal le Dauphiné qui fait dire a José Bové ce qu’il n’a pas dit : « Il faut éliminer le loup » pour relayer la manipulation des intégristes dont le rôle est de semer la discorde entre ruraux et citadins pour ne pas subir les reproches de la disparition des petits élevage de montagne respectueux de la nature et des animaux, au profit de l’élevage industriel qui lui ne risque pas la prédation a l’intérieur de locaux ou le soleil ne dardera jamais ses rayons!
    Contrairement a certains journaux donc, le Nouvel Obs applique tout simplement la charte de déontologie du journalisme, qui consiste a informer le lecteur sans idéologie interne!

  5. Posté par ouragan le

    Voila, José pense comme la très grande majorité des ruraux qui vivent de et en accord avec la nature, qui ne comprennent pas l’acharnement des défenseurs du loup. Aucun combat pour la protection des prédateurs ne peut trouver de légitimité en la conséquence de la disparition d’une partie de la population qui a su se préserver du miroir aux alouettes agité par nos civilisations occidentales.
     » Le loup ne peut pas être l’idole qui efface les erreurs humaines, dont la responsabilité incombe à nos civilisations, et dont les écologistes intégristes ne peuvent pas se targuer d’être les élus choisis pour les corriger, au mépris des populations qui vivent de et en accord avec, cette nature! » extrait de http://leloupdanslehautdiois.blogspot.fr/2013/03/temoignages.html

  6. Posté par colibri le

    Deo gratias l’humanité est sauvée avec un tel Messie

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