Roms: censurer la parole, n’est-ce pas casser le thermomètre ?

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

« ROMS, l’unique objet de mon ressentiment » semblent dire les uns après les autres les Maires de Cholet, de Croix ou de Roquebrune-sur-Argens. Ces « dérapages » verbaux, épinglés par les médias et sanctionnés ou au moins désavoués par les partis de rattachement sont faciles à stigmatiser. Il est plus intéressant d’analyser le processus dans lequel ils se situent.

 

La présence inopportune, non souhaitée et dérangeante des Roms est de plus en plus mal supportée par les riverains des campements insalubres dans lesquels il s’installent illégalement, en suscitant de nombreux soupçons sur leurs activités et l’origine de leurs ressources. Les élus locaux, parfois détenteurs de mandats nationaux, sont souvent dans la situation schizophrénique de tenir des discours « politiquement corrects », c’est-à-dire hypocrites dans leurs interventions officielles, et de se laisser aller à des boutades démagogiques dans la chaleureuse ambiance des réunions de proximité : un bon mot, un excès de langage ou un coup de colère qui rencontrent l’adhésion de l’assistance par le rire ou les applaudissements sont des tentations difficiles à éviter. Le fil du rasoir est particulièrement délicat pour les élus de centre-droit dont les électeurs sont majoritairement à droite mais les Etats-Majors soumis à la pensée unique parisienne. Soit ils se taisent au risque de décevoir leur public, soit ils encourent les foudres des médias qui les accusent de plagier le Front National, celles de leur parti et éventuellement celles de la Justice. Ils sont donc astreints au double langage : durs sur le terrain, et prudents ailleurs. On sait depuis Freud que les plaisanteries sont un retour du refoulé. Il est sûr que les Maires souhaiteraient voir les Roms ailleurs, mais lorsqu’ils l’ont dit de manière politiquement incorrecte, les voilà condamnés aux circonlocutions ou aux contorsions pour échapper au piège : ils n’ont fait que reprendre la phrase d’une personne de l’assistance. Eux-mêmes sont aux antipodes de ces mauvaises pensées. Comme disait l’autre, je ne parlais pas des Arabes, mais des Auvergnats. Ces retraites sans gloire masquent l’acuité de la question.

Cette question est celle de la tolérance. Lorsque la passivité à l’égard de l’illégalité voire de la délinquance accompagne la répression de la parole indignée contre elles, alors c’est la société qui dérape et devient injuste aux yeux de la plupart des citoyens. Spinoza écrivait : « Il est impossible d’enlever aux hommes la liberté de dire ce qu’ils pensent ». Si on les en empêche, ils n’en penseront pas moins, jusqu’au moment où la pression de l’inacceptable deviendra telle que faute de parole, on passera aux actes. La liberté d’expression est donc à la fois une libération salutaire, une « catharsis » et un indicateur de l’opinion qu’il faut prendre en compte avant qu’il ne soit trop tard. C’est une sorte de désobéissance civile « à blanc ». Toutes les désobéissances ne se valent pas. Lorsqu’une poignée de farfelus estiment posséder la vérité qui leur donne le droit de saccager un magasin ou un champ expérimental d’OGM, c’est doublement inacceptable, puisqu’aucune censure ne frappe leur discours et que leurs victimes sont dans la plus parfaite légalité. En revanche, comme le dit encore Spinoza : « Une mesure provoquant l’indignation générale a peu de rapport avec le droit de la Cité ». Autrement dit, lorsque l’opposition à une situation, même protégée par le Droit, soulève les foules, comme on le voit en Bretagne, il est nécessaire de lui trouver une solution politique et non judiciaire. Les dérapages verbaux ne sont que des signaux annonciateurs. Les réprimer aveuglément revient à casser le thermomètre lorsque la fièvre monte. Actuellement, les Roms sont nombreux à venir et à revenir en France, à s’y installer dans des conditions déplorables, à se livrer pour certains à la mendicité et à des activités délictuelles. Ils seront plus nombreux demain si l’on intègre leurs pays d’origine, assez incertains, comme l’affaire Leonarda l’a montré, dans l’application du Traité de Schengen. La lenteur de la Justice, la volonté et les moyens de l’Etat, le Droit et l’idéologie de l’oligarchie européenne irritent davantage encore l’indignation. Comme beaucoup d’autres en ce moment, il faut l’écouter, entendre un peuple qui pense à 88% que les gouvernants ne s’intéressent pas à ses problèmes.

Christian Vanneste

2 commentaires

  1. Posté par colibri le

    Excellent article qui montre tout l’intérêt qu’ont les Tsiganes à former un parti .La phrase de Spinoza a longtemps été de mise pour de nombreux enfants Suisses et il a été dit par certains ,a force d’avoir dû refouler pleurs et argumentations pour oser parler sans être punis,cherchez pas l’origine si le meurtre parfois nous démange les doigts .Ces enfants là pourtant n’étaient pas Roms mais ils seront peut.-être les seuls à connaitre vraiment le ressenti de ceux-ci .Cependant qui est responsable du cafouillage actuel ? l’UE ni plus ni moins.A force de toujours vouloir tout déléguer même les plus concernés en politiques lâcheront prise et au peuple de se débrouiller.Surtout qu’on ne demande plus aux Suisses d’adhérer à ce foutoir

  2. Posté par Denfer le

    Bravo pour cet article, nous les riverains sommes méprisés par cette classe d’ayatollahs de la pensée unique que sont les verts/et la gauche Ils s’engluent dans leur dogmatisme gavé de dénis , déni de démocratie, déni de nuisance .
    Le mode de vie des roms est en totale confrontation avec le notre, et les roms ne montrent aucune volonté de faire un pas vers une cohabitation paisible.
    Résultat de ce bazar moi d’origine algérienne, président d’association, ayant toujours voté à gauche je voterai FN Marre de ce que nous imposent les roms
    Ce lien donne un aperçu de la fronde du quartier le plus pauvre de la ville la plus pauvre lorsque son maire soumis à M Aubry veut leur imposer un camp de roms
    http://[email protected]
    Autre élément la presse locale VdN et Nord Eclair totalement partiale envers les roms, celle ci n’a fait aucun échos de la lettre ouvertes des riverains à ce maire

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