La France est en guerre, elle n’a pas confiance en ses chefs

Bruno Bertez
Bruno Bertez
Analyste financier anc. propriétaire Agefi France

Les chefs actuels ne protègent pas des dangers extérieurs, ils se dressent contre leur peuple et le manipulent, pour, au contraire, imposer les volontés de l’étranger, qu’il soit américain, allemand ou émir ou prince.
Comment faire face au défi terroriste, comment faire face à la nouvelle bataille qui se prépare sur le front financier et bancaire avec 26% seulement des Français derrière soi et les gens dans la rue?

 

Les deux événements les plus importants de notre histoire récente sont incontestablement les attentats terroristes du 11 Septembre, d'une part ,et la crise financière dite de 2008, d'autre part.

 

Le présent article ne cherche, ni à analyser, ni à commenter ces événements, peu importe qu'ils aient des causes anciennes, multiples et que, finalement ,ils soient surdéterminés. Si nous les qualifions d'événements, c'est en tant que point de départ, pour la commodité de l'exposé.

 

Aussi bien le 11 Septembre que la crise financière nous ont plongés dans une situation de guerre. Une situation où les règles normales de gouvernement, de fonctionnement de nos systèmes, sont suspendues. La guerre justifie tout, autorise tout. Les Pouvoirs publics bénéficient en quelque sorte des pleins pouvoirs. Ils ont droit de vie et de mort, droit au secret, droit du plus fort. Les acquis de la démocratie sont, avec la bénédiction d'une large partie des citoyens, suspendus. C'est parce que le passage à cette situation de guerre est grave que, dans nos sociétés, la déclaration de l'état de guerre doit être préalable et votée par la représentation nationale. Après, une fois tous les pouvoirs donnés, tout en découle. C'est le blanc-seing.

 

On a coutume de dire que la première victime, dans une  guerre, c'est la vérité. Et cela est profondément vrai. On le voit quotidiennement dans les deux registres que nous avons évoqués en liminaire, le terrorisme et la crise financière.

 

Le point commun entre ces  deux malédictions, c'est la menace sur la sécurité. Le terrorisme met en danger votre vie et celle de vos proches; la crise financière, bancaire et économique, met en danger votre patrimoine, votre emploi, votre avenir et celui de vos enfants. Dans les deux cas, c'est de votre vie qu'il s'agit, de votre temps de vie puisque, dans nos sociétés, le travail et son produit sont ce autour de quoi tourne votre activité.

 

De tous temps, sécurité et liberté ont été liées. Une liaison complexe, organique, bien difficile à clarifier.  Dans la situation présente, la simplification suggérée par la propagande publique est que vous, citoyens, vous devez abandonner une partie de vos libertés afin que le  Pouvoir, les pouvoirs,  puissent assurer votre sécurité. Il y aurait une sorte de trade-off, d'arbitrage à  faire, entre, d'un côté,  votre demande de sécurité et, de l'autre, votre demande de liberté. Les deux seraient antagoniques, en opposition,  et vouloir un peu plus de l'un impliquerait que l'on se contente d'un peu moins de l'autre.

 

Cette propagande est facile à lire dans les deux cas: d'abord, terrorisme avec les contrôles, écoutes, gênes à vos déplacements ;  ensuite, crise financière avec confiscations directes et indirectes, répressions financières et fiscales, cela est tellement évident que nous n'insistons pas.

 

Le vieillissement de nos sociétés, et, quand nous parlons de vieillissement, nous ne désignons pas seulement l'âge et la démographie, mais le vieillissement culturel, la perte de l'élan vital, la perte du  goût du risque, ce vieillissement crée un biais, une préférence pour la sécurité, la protection, l'assistanat, l'égalité. On préfère s'affaisser tous ensemble, mourir doucement et égalitairement plutôt que d'accepter le combat avec la sélection des plus forts et des plus adaptés qu'il suppose.

 

Ce que nous voulons dire, c'est que le trade-off, l'arbitrage, aussi est surdéterminé par l'état de nos sociétés, le choix qui n'est pas dit, mais est fait, est celui de la sécurité et tant pis pour la liberté. Sans qu'elle soit balisée, on suit la route de la servitude, the road to serfdom parce que c'est la plus facile à suivre, la moins périlleuse. Ne vous y trompez pas, nous ne sommes pas dans la polémique, nous sommes dans le constat, dans la sociologie, pas dans l'idéologie.

 

Mathématiquement, en fonction des statistiques,  la masse des citoyens, sans en avoir conscience, sans que ce soit un choix délibéré,  glisse vers le toujours plus collectif ou plus public, qui lui parait être la garantie de sa sécurité. Et il est évident que les gestionnaires du collectif, car c'est leur intérêt, car c'est de cela qu'ils vivent, vous poussent dans cette voie. Abandonnez toujours plus votre liberté, votre individualité, renoncez à choisir et conduire, nous prenons tout cela en charge. Nous prenons tout cela en charge avec, bien sûr, les honneurs, les richesses, les femmes, et maintenant il faut ajouter les hommes, qui ont toujours été la récompense des chefs. Monopole de la force, du pillage et du cuissage.

 

Quand le trade-off est éclairé, quand l'arbitrage est fait en toute connaissance de cause, avec exposé honnête de la situation,  avec les tenants et aboutissants, ma foi il n'y pas trop de problème. Mais en revanche, quand, dès avant le trade-off , les dés ont été pipés, quand la propagande a déformé le réel, faussé  la vision, tripatouillé pour enfumer, alors la question se pose de la valeur de l'acquiescement des populations. Si le consentement est obtenu par des manœuvres dolosives, il est, c'est évident, entaché. Il est quasi violence.

 

Nous soutenons que c'est le cas dans nos sociétés dites de Communication, mais en réalité de manipulation. Nos sociétés  escamotent. C'est leur grande, très grande spécialité, avec la mystification. Elles escamotent les vraies causes du terrorisme fondamentaliste, elles escamotent les vraies causes de la crise financière. Elles escamotent le sens des soi-disant solutions qu'elles mettent en œuvre.

 

L'art de gouverner est devenu l'art de présenter les choses, d'occulter la réalité, de tracer des faux liens de causalité, de présenter à l'opinion de fausses évidences dont elle ne peut s'extraire.  On montre, on juxtapose des choses, des événements, afin de faire croire, afin d'implanter de faux mécanismes de compréhension. Mécanismes sur lesquels on va s'appuyer par la suite.

 

En conséquence de ces pratiques, les abandons auxquels consentent les citoyens  sont extorqués,  et ce que l'on fait au nom de ces abandons est illégitime.

 

 

A à la faveur du glissement  social provoqué par la peur, il faut dire le mot, la peur, une caste, une classe de gens émerge comme sachant mieux que vous, comme prétendant  vous protéger. Au fond, si les choses en restaient là, il n'y aurait pas grand chose à dire. La masse préfère le collier et le cou pelé du chien à la liberté sanglante du loup, pourquoi pas? C'est un choix de société qui n'en vaut pas un autre pour tout le monde, mais en vaut certainement autant que d'autres pour la masse. Et en démocratie, c'est la masse qui choisit. Et si elle choisit non seulement d'être trompée, mais en plus d'être serve et d'en jouir,  c'est que c'est son optimum!

 

Hélas, comme en toute matière humaine, les choses ne sont jamais noires ou blanches, elles évoluent. Se complexifient, mutent, les contrastes se fondent, les contraires se mélangent, les oppositions font synthèse.  Le réel réapparaît là où on ne l'attend pas. Et puis il n'y aurait pas grand chose à dire si, même au nom des mensonges, la classe des chefs faisait bien son travail, accomplissait correctement sa mission. Comme ce n'est pas le cas, la masse revient, remet en question son consentement. Soit par les manifestations de rue, soit par l'expression dans les sondages.

 

Il n'y aurait  pas grand chose à dire, disons-nous plus haut,  si la classe des dominants, des chefs dont nous parlons ci-dessus était  bien « produite », nous insistons sur « produite », par la situation ; dans ce cas, ils seraient les plus légitimes, les plus adaptés, les plus à même de faire ce pourquoi on les a acceptés comme chefs. Bref, il n'y aurait  rien à dire si, et seulement si, ils étaient  capables de faire leur preuve, s'ils étaient  bien ce qu'ils prétendent être, des chefs.  Bref, nous disons qu'il n'y aurait  rien à dire si ce petit rien qui est tout, la CONFIANCE  était  là. Même si cette confiance a été donnée « les yeux fermés ».

 

La confiance, cette sorte d'abandon optimiste que l'on fait de soi ou d'une partie de sa vie, est la pierre angulaire, la pierre sur laquelle se constitue le mythe du contrat social. Plus encore que sur les votes ou sur les textes. C'est la confiance qui fait que l'on accepte de déposer les armes, de croire ce que l'on nous dit, d'espérer ce que l'on nous promet. De baisser la tête et de continuer de tirer la charrue.

 

Mais, dans le cas présent, dans le cas historique présent, la Confiance n'est pas là.  Elle n'est pas là pour compenser, pour effacer le caractère dolosif du consentement obtenu des Français.

 

Les chefs actuels, en France, ont été élus sur des mensonges.

Les chefs actuels ont été élus sur des promesses qu'ils savaient ne pouvoir tenir.

Les chefs actuels ont raté l'épreuve de réalité.

Les chefs actuels ont provoqué la désunion de leurs troupes.

 

Les chefs actuels ne protègent pas des dangers extérieurs, ils se dressent contre leur peuple et le manipulent, pour, au contraire, imposer les volontés de l'étranger, qu'il soit américain, allemand ou émir  ou prince.

 

Comment faire face au défi terroriste, comment faire face à la nouvelle bataille qui se prépare sur le front financier et bancaire  avec 26% seulement des Français derrière soi et  les gens dans  la rue?

Bruno Bertez

 

 

 

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