Politique: sondages, reculades, les vraies questions sont occultées

Bruno Bertez
Bruno Bertez
Analyste financier anc. propriétaire Agefi France

Ce jour, le Premier ministre Ayrault vient d’annoncer l’abandon de l’écotaxe. C’est une reculade de plus du gouvernement qu’il est censé diriger. C’est peut-être un bon point et une sage décision que d’abandonner cette écotaxe. La colère grondait et il est évident pour tout le monde, nous l’avions pressenti dès le début de cette affaire, que les victimes de cette écotaxe n’allaient pas se laisser égorger comme la majorité de moutons français que l’on égorge quotidiennement.

Les combattants de l'écotaxe sont des gens motivés, courageux, de tradition rebelle, ils sont rudes à la peine et au combat, pas comme les citadins qui, eux, mènent des luttes d'un autre genre comme,  par exemple, faire reconnaître et propager l'homosexualité et le malthusianisme. Les citoyens des  campagnes luttent pour vivre dignement, ceux des villes luttent pour jouir confortablement. Et, au besoin, sur le dos de l'épargne des campagnes.

 

La France ne peut connaître de vraie opposition que de la part de ceux qui sont restés près de la vie,près de la nature, que de la part de ceux qui croient aux traditions partagées, à l'héritage, à l'histoire, à l’identité,  à la nation comme bien commun et, surtout, ceux qui ont envie de maintenir ce que nous appellerions « le vivre ensemble ».

 

La France peut connaître une vraie opposition de la part d'autres groupes ou classes -mais pas au sens de Marx-, nous pensons à ceux qui sont les grands perdants de la crise: les jeunes. A force de les  spolier, de détruire leur futur, ils finissent par ne plus rien avoir à perdre. Ils sont donc candidats au refus, à la rébellion.

 

Hélas pour eux, ils sont sous la coupe des enfumeurs professionnels, syndicats et partis qui se servent d'eux comme chair à canons et les envoient au casse-pipe, à chaque fois, sur des combats qui ne sont pas les leurs, sur des combats qui ne sont jamais que ceux des « vieux » qui les mystifient. Le noyautage des organisations des jeunes est l'un des plus grands crimes des partis et syndicats. Les vieux se servent des jeunes... pour spolier les jeunes, pour maintenir leurs propres avantages acquis, lesquels ne peuvent être maintenus qu'en b.....t  les jeunes. Ce n'est pas pour demain que la classe –aucun rapport avec les classes de Marx encore une fois- des jeunes sera en ordre de combat. Elle est plongée dans l'ignorance, elle est mystifiée, elle se vautre dans les Nike, le football, la liberté/licence sexuelle et autres imbécilités. Ceux qui sont les rebelles actifs dérivent dans l'asocialité et la délinquance. Mais on ne sait jamais, la conscience peut progresser et un évènement, une opportunité, peuvent mettre le feu aux poudres... pour de mauvaises raisons comme Leonarda, par exemple.

 

L’évènement, c'est le statut de Hollande et du gouvernement. Hollande a pulvérisé les records de rejet. Le dernier sondage BVA dit que 26% seulement des Français ont une bonne opinion de lui. C'est le record de 32 ans. Jamais on n'a vu cela. Nous vous rappelons que Hollande a commencé son mandat - peut-on oser appeler cela un mandat?- avec 61% d'opinions  positives.  Les médias tirent à boulets rouges sur l'ambulance qu'ils ont offerte à Hollande en 2012, ils se gargarisent de cette dégringolade. Nous ne voyons personne parmi ceux qui lui ont élevé le piédestal présidentiel faire de mea culpa. L'électeur, c'est l'autre, n'est-ce pas.

 

Nous avons développé en son temps une provocation que nous maintenons. En France, c'est le peuple qu'il faut changer, y compris les Bretons qui ont voté pour Hollande! Tout dysfonctionne, rien ne marche, il faut changer de peuple. Les Français n'ont à s'en prendre qu'à eux-mêmes. S'ils veulent à nouveau Sarkozy, ils l'auront, ils ne se rendent même pas compte du fait que Hollande, précisément, fait du Sarkozy, depuis qu'il s'est mis dans la seringue de la ratification du Traité Merkel-Sarkozy.  Il le fait encore plus maladroitement, avec encore moins de courage, avec encore plus de kludges, avec encore plus d'emplâtres et de cataplasmes, mais il fait la même chose. Avec la même ligne directrice: obéir à Merkel, obéir aux banques, obéir aux Commissaires européens, le tout sous la surveillance des Américains, tout en ne prenant pas de grosse, de vraie décision ou  mesure, afin de ne pas avoir de levée de boucliers sociale ingérable.

 

Hollande fait la même chose  que ferait Sarkozy, mais il y rajoute, parce qu'il se croit habile -héritage de son poste au PS- une pincée d'idéologie. Et c'est là où il se trompe, car les mesures réelles ne satisfont pas ses électeurs, tandis que la pincée d'idéologie irrite ses non-électeurs. La différence entre Sarkozy et Hollande a l'épaisseur d'une feuille à cigarette, elle est à la marge. Un peu plus de ceci, un peu moins de cela, en fonction du clientélisme.

 

Tout cela est normal car l'état du monde est ce qu'il est. Et le carcan de l'Europe est également ce qu'il est, étroit. L'état du monde, c'est la crise et la lutte pour ne pas être laminé par les compétiteurs stratégiques et le carcan européen, c'est un mix, une combinaison de dictature de la finance, d'une part, et de l'Allemagne, d'autre part.

 

C'est l'une des originalités de la situation, c'est qu'elle est contre nature, cette alliance de la Finance et de l'Allemagne. Normalement, l'Allemagne est « hard », elle du côté du réel, du côté de la production, pas du côté de la manipulation des signes, du « soft » comme les Anglo-saxons. Normal,  elle vit de production. Mais, comme elle a un secteur bancaire hyper-développé avec la Deutsche Bank et ses banques de Länder en faillite, elle est alliée temporaire de la finance et des grandes banques internationales pour presser le citron des citoyens des autres pays européens.

 

Nous disons qu'il faut changer de peuple. Il n'y a pas trente-six alternatives, il n'y en a que deux,  comme dans toute véritable alternative qui se respecte.

 

La première est celle des socialistes, universalistes, négateurs de l'état-nation, elle consiste à la fois à imposer la transformation des Français,  à détruire l'identité, la spécificité nationale française et à compléter cette action par le remplacisme, l'immigration tous azimuts. Ainsi, on reconstruit une majorité de gens dociles, de clients, en quelque sorte.

 

La seconde est celle des vrais démocrates,  elle consiste à faire progresser la conscience des citoyens au lieu de les tromper. Elle consiste à organiser et accepter les vrais débats. Pour ce faire, à poser les vrais diagnostics et tracer les véritables pistes de sortie de la crise et de l'affaissement/régression. Au lieu de s'adresser au-dessous de la ceinture, aux émotions, aux parties sombres et basses des individus, il faut les élever à la conscience de citoyens. S'adresser à leur intelligence, au besoin, à la faire progresser, c'est vrai, ils en ont besoin.

 

Les sondages, les consultations électorales parlent. Mais ils parlent par défaut, négativement, par rejet.  Ils parlent pour dire quoi? Qui interprète honnêtement ce qu'ils disent, qui même fait l'effort de le faire? Quelle est l'articulation entre les citoyens, leur consultation et le mandat qu'ils donnent? Il n'y en a aucune, puisque les champs de discussion, diagnostics, les débats, les enjeux, tout est occulté, dissimulé. Il n'y a pas de gens de bonne volonté, il n'y a que des idéologues d'un côté, des gens  assoiffés de pouvoir de l'autre, et des profiteurs au milieu.

Bruno Bertez, 29 octobre 2013

 

 

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