Infrarouge: le collectif « Syriens de Suisse » censuré in extremis

Frappe préventive de la RTS contre la liberté d’expression ? Interview exclusive !

 

L'édition d'Infrarouge de ce soir sera-t-elle aussi objective que les précédentes ? Jean-Souhel Gowrié, porte-parole du collectif "Syriens de Suisse", opposé aux frappes militaires en Syrie sans être pour autant à la botte du régime, a des raisons d'en douter.

Contacté par la Production de l'émission de débat politique du service public romand, Jean-Souhel Gowrié, après ce qu'il considère comme la garantie d'une invitation formelle, a été... oublié, pour ne pas dire ignoré par l'équipe d'Esther Mamarbachi, qui l'a finalement remplacé par Emma Suleiman, de la Coalition nationale syrienne en France, favorable à des frappes punitives à l'encontre du régime de Bachar Al-Assad.

"Je vous laisse imaginer quel genre de personne, quel que soit le sentiment qu'on peut avoir, peut appeler à bombarder son propre pays",

réagit le porte-parole des "Syriens de Suisse", sur un ton qui ne parvient pas à dissimuler la tristesse. Ce soir, il n'y aura "aucune voix" opposée aux frappes. "J'en ai fait mention au producteur de l'émission, sans aucune réaction de sa part". La cause de ceux qui seront sous les bombes ne sera pas défendue.

En Suisse depuis trente ans, Jean-Souhel Gowrié, qui n'a pas oublié sa patrie d'origine, s'insurge contre la violation de son droit de s'exprimer librement dans les médias de son pays.

"Je dois vous dire à quel point nos médias sont "officiels", et j'insiste, médias à redevance, médias publics, régis par l'article 93 de notre Constitution, à quel point ils respectent notre propre loi, la neutralité et l'équilibre de l'information."

Pourtant, il y a bien eu d'autres émissions où le collectif avait pu exprimer sa voix:

"Les deux fois où il nous a été donné de participer quelques minutes à Infrarouge, c'était précisément sur plainte à l'autorité de surveillance, qui les a obligé à nous inviter."

 

Les invités

Le panel d'intervenants peut laisser songeur, un chercheur libanais - quand on sait le tendre souvenir laissé par la Syrie au Liban... La fille d'un ministre d'Hafez Al-Assad tombé en disgrâce, un politologue aux frais d'un gouvernement, le nôtre, qui ne cesse de demander que les tenants du régime syrien soient traduits en justice, un général du seul pays en lice pour aller au feu, fût-ce seul, sur le théâtre d'opération,  les ONG de service dont les déclarations précédentes, du moins pour le cas de MSF, ont déjà dévoilé les penchants et l'utilité, et, forcément,  l'"Opposition":

"Jusqu'à ce matin, son nom ne figurait pas, il y avait: "Un membre du Conseil national syrien". Qu'est-ce que ça signifie ? Ca signifie qu'Infrarouge insiste absolument pour avoir le Conseil national syrien, même si on ne sait pas qui on veut inviter."

Manquait peut-être un point de vue, mais lequel ?

 

Message

Jean-Souhel Gowrié se prend alors à douter:

"Je ne veux pas aller trop loin, mais je crois que la RTS affiche une volonté manifeste. Je crois qu'ils agissent très sciemment dans un sens, je ne veux pas dire de désinformation - parce que ça on ne peut pas l'affirmer effectivement - mais, en tout cas, vers une manipulation de l'information, voire, en fait, présenter une information unidirectionnelle, représentant le même point de vue depuis deux ans et demi, un matraquage presque quotidien."

Le  porte-parole du collectif "Syriens de Suisse" aurait eu cependant quelque chose de bien précis à demander sur le plateau d'Infrarouge:

"De présenter aux téléspectateurs les informations telles qu'elles sont, informations objectives. Et même si l'on ne souhaite pas présenter une information objective, au moins présenter, ce qui est leur mission, légalement parlant, j'insiste là-dessus, des points de vue de sorte que le public - je prends les mots de la loi - puisse forger sa propre opinion."

De toute évidence ce n'est pas pour ce soir; et puis ça apprendra aux Syriens à croire en la démocratie !

 

Interview exclusive de Jean-Souhel Gowrié 10.09.2013

 

 

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9 commentaires

  1. Posté par Marie-France Oberson le

    Il faut relever que la RTS adore, admire Obama, peut-être que c’est parce qu’il est le 1er président US noir et en plus Démocrate, donc à gauche?
    Imaginez la même situation face à la Syrie avec à la tête des USA G.W Busch; soyez certains que la RTS et la Mamarbachi seraient farouchement opposées aux frappes. et que les débatteurs sur le plateau n’auraien tpas été les mêmes !

    Ceci dit, je ne regarde pas cette émission et le moins possible la RTS si ce n’est pour la météo; comme le dit Marasine, c’est mieux pour ma santé !
    Une question : qui a vendu des armes chimiques à la Syrie ?

  2. Posté par G. Vuilliomenet le

    « Le chemin qui nous reste est probablement celui du droit d’initiative… »

    Et encore lorsque l’on voit le mépris de nos élus vis-à-vis de certaines décisions populaires.
    Dans combien d’années allons-nous ressembler comme deux gouttes d’eau à l’UERSS?

  3. Posté par Philippe le

    Mamarbachi, moi j’ai des frissons d’effroi quand je la vois, partialité affichée, arrogance, c’est du grand n’importe quoi, en plus elle n’a aucun talent de présentatrice.
    Le jour ou elle change de job ou elle se fait foutre dehors(on peut rêver ), moi je débouche le champagne.

  4. Posté par Zeller Philippe le

    En effet, Madame la journaliste d’InfraRouge méprise les personnes qu’elle invite par sa suffissance et son ego.
    Que doivent penser ses parents qui, sans aucun doute , l’on bien éduquée?

  5. Posté par Andrea le

    Je réitère mon rappel au mandat de service publique donné à SRG SSR qui permet à cette entreprise de collecter une redevance de force (http://www.srgssr.ch/fr/service-public/):
    1. Elle tient compte des régionalismes et des minorités.
    Quand on se permet de diffuser un’émission à portée internationale, j’estime que le respect des régionalinmes et des minorités doit s’appliquer au delà des régions et frontières suisses.
    2. Elle promeut la diversité des sujets, des contenus et des formats.
    3. Elle crée aussi de la culture, elle ne se contente pas de la propager.
    Si infraruge est considérée comme création culturelle, il faudrait le mentionner.
    4. Elle mise sur la qualité, sur la crédibilité et sur la pertinence, non sur la recherche de l’audience pour elle-même.
    La qualité suppose le respect des différences d’opinion. Or la RTS connaissait la disponibilité à s’exprimer d’une personne représentant un point de vue différent. Il semble que celle-ci ait été sciemment écartée.
    L’attitude manifeste de la « modératrice » de l’émission tend à diriger le débat en une direction. Je conviens que l’appréciation de de point soit soumise à une certaine subjectivité. Il y aurait lieu de soumettre la question à une commission d’experts pour trancher (au moins que l’on ne considère cette évaluation comme partie intégrante du mandat de SRG SSR).
    5. Elle fait fi des intérêts politiques ou économiques.
    La défense de certain intérêts politiques où, du moins, d’une certaine position politique est manifeste.
    A mon sens il y a ici une violation patende du mandat public conféré à cette entreprise. Cette situation tend à se répéter au travers de plusieurs émission (à commencer par le TJ). Il y aurait lieu de soumettre la question de la légitimité su service public au Parlement en vue d’une éventuelle révocation.
    Toutefois, au vu du rôle que joue l’ « information » dans une carrière politique, on peut douter du sérieux des débats (il n’y a pas besoin de s’appeler Berlusconi pour avoir des conflits d’intérêt).
    Le chemin qui nous reste est probablement celui du droit d’initiative…

  6. Posté par Gaétan Porcellana le

    J’espère que l’on va enfin avoir une explication rationnelle sur la misandrie du gaz magique syrien.

    « Plus étrange encore, les gaz auraient tué des enfants et des hommes adultes, mais auraient épargné les femmes (sauf 2). »

    http://www.voltairenet.org/article180127.html

    [La Rédaction: Remarque faite deux semaines plus tôt par LesObservateurs http://www.lesobservateurs.ch/2013/08/22/syrie-la-rts-a-nouveau-dans-le-panneau-des-rebelles/%5D

  7. Posté par Antonio Giovanni le

    Et si l’on boycottait tout simplement la RTS ? Evidemment on continuerait grâce à son fidèle serviteur Billag, à payer des royalties à une chaîne qui se moque bien de tous les publics, sauf de celui qui partage les mêmes opinions politiques.. suivez mon regard.. que les satrapes cooptés des rédactions. Qu’est-ce donc qu’un service public à la RTS et à quoi sert-il ? Réponse: ça dépend de quel bord politique on est!
    La radio, la tv, mais c’est très simple…
    Je ne reviens pas su l’attitude constante de Mme Esther Mamarbachi, son cas est désespéré … pour l’honnêteté intellectuelle.

  8. Posté par Noël Cramer le

    @ Marasine. Pro-sionisme – je n’en suis pas si sûr. Idéologie de gauche – certainement. Mais, pour tout le reste de ce que vous avez dit, je ne l’aurai pas dit autrement que vous.

  9. Posté par Marasine le

    Esther pro-sionisme, c’est connu depuis longtemps. Infra-Rouge est une émission à boycotter, c’est la journaliste qui se met en avant, pose des questions en donnant sa propre réponse, coupe la parole à celui qui tente de donner son point de vue…. Après 5 minutes d’écoute, on peut zapper, c’est mieux pour la santé mentale.

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