La burqa de Valls… et des autres

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire
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Il y en a qui portent des grillages devant les yeux et la bouche : en Afghanistan, çà s’appelle une burqa, et en France c’est interdit dans l’espace public parce que cela cache l’identité, ce qui pose un problème à l’époque de la vidéoprotection.

Les casques intégraux, aussi, dont sont munis les tueurs à moto… On devrait rappeler que l’interdiction du voile intégral ne peut être fondée en droit que sur cette raison de sécurité : ni la religion, ni le sexe n’ont à être invoqués puisque les principes fondamentaux de liberté et d’égalité seraient alors brandis pour abroger l’interdiction. Mais la vraie question, c’est celle de la grille que portent les politiciens, Valls en particulier, mais pas seulement, devant les yeux et devant la bouche, et qui déforme la réalité qu’ils voient et les mots qu’ils utilisent pour en parler.

Chez notre Ministre de l’Intérieur, c’est pathétique : il y a la volonté affichée de parler vrai et de ne pas nier les évidences, et, aussitôt après la burqa retombe sur le visage tandis que la langue de bois socialiste énonce ses préceptes habituels. Au moins, un moment de vérité nous aura appris que depuis 2007, le pouvoir précédent « sortait » 130 000 faits de délinquance des statistiques, chaque année, comme vient de le révéler l’IGA. Il nous aura également fait entendre dans la bouche du ministre le mot d’émeute, vite remplacé par le plus politiquement correct « violences urbaines ». Le reste appartenait au discours habituel du déni et de l’aveuglement. Il n’y aurait eu que des « tensions ». Le calme serait revenu à la suite de la mise en place d’un dispositif exceptionnel. Les mots de « violences communautaires » seraient inappropriés. A suivi une invraisemblable tirade sur ces quartiers qui veulent « faire France », à travers une aspiration à se retrouver dans l’histoire, la langue et la culture de notre grand pays. Plus modeste, Benoît Hamon a tenu à dire que « tous les jours, on vivait normalement à Trappes. »

Manque de chance, un auditeur d’Elancourt, une autre commune touchée par les émeutes avait justement rappelé que le quotidien, c’était la provocation permanente des niqabs dans les lieux publics afin de tester, avec une agressivité latente, la capacité de la République de faire respecter ses lois. Le quotidien, c’est aussi l’économie souterraine de la drogue. Le quotidien c’est le remplacement de la population avec « les yeux grands fermés » sur l’immigration comme l’a montré Michelle Tribalat ou avec le refus de reconnaître que, l’assimilation des immigrés appartenant à l’histoire ancienne, le déni des difficultés d’ordre culturel voile le lien entre la violence et l’origine, comme l’a souligné avec objectivité Hugues Lagrange. Non seulement ces sociologues se plaignent de l’absence de statistiques, politiquement incorrectes, mais encore du refus idéologique de prendre en considération certaines données ou enfin de l’illusion qu’entretiennent certains chiffres. Par exemple,on va souligner le rôle du chômage mais oublier que le choc des structures familiales avec notre mode de vie est un facteur beaucoup plus grave des difficultés d’intégration.

Ou encore, on va se féliciter du grand nombre de mariages mixtes, en oubliant que dans ces unions, si la nationalité est différente, en oubliant au passage les cas de double nationalité, l’origine et la religion sont les mêmes, et qu’il s’agit bien d’un processus communautaire. 56% des mariages contractés à l’étranger conduisent à une régularisation en France. En Ile-de-France, la population d’origine étrangère est passée de 16 à 37% entre 1968 et 2005. A Grigny, 31% des jeunes sont issus de l’immigration. Or, non seulement, on se voile la face, mais on développe un discours qui rend l’assimilation impossible et l’intégration difficile.

Comment peut-on parler de laïcité et ne pas manquer une occasion de mettre en avant les rites et les spécificité de l’Islam au point de renforcer inutilement le sentiment d’appartenance communautaire et même de favoriser la conversion à une religion sous son aspect le plus extrémiste ? Comment peut-on dénoncer le fondamentalisme et soutenir la rébellion syrienne dont il est le fer de lance ? Comment réunir les habitants de notre pays dans le culte de notre histoire en pratiquant en permanence une absurde et injuste repentance ? Le résultat de cette cécité idéologique et de ce discours confus et mensonger, c’est que des policiers qui ont voulu, pour une fois, appliquer la loi, se sont retrouvés assiégés dans leur commissariat, comme la cavalerie dans un fort du far-west, et n’ont pu être sauvés que par l’arrivée de renforts, tandis que biens publics et privés n’étaient plus protégés. Manuel Valls s’est interdit de commenter la décision de justice qui a remis en liberté, sous contrôle judiciaire, le « compagnon » de la femme voilée qui avait cependant physiquement agressé des policiers.

On notera qu’un certain Nicolas qui manifestait contre le mariage unisexe, sans violence, est allé en prison immédiatement. Mais pourquoi s’en étonner lorsqu’on prend conscience de la burqa idéologique de ceux qui nous dirigent ou nous « informent ». Le Syndicat National des Journalistes ( 38,56 % des voix aux élections professionnelles) n’hésitait pas, dans un communiqué appelant à la manifestation du 23 Juin, à faire l’amalgame entre la mort de Clément Méric, l’extrême-droite et les manifestations contre le mariage unisexe en affirmant que « les groupes fascistes refont surface ».

Le monde westernien des porteurs de burqa idéologique est divisé en deux : les méchants fascistes qui contestent la loi sur le mariage et les gentils « citoyens » qui la refusent en pénétrant dans l’enceinte d’une centrale nucléaire. La liberté passe évidemment par le retrait des burqas, mais la plus dangereuse est celle que portent ceux qui nous dirigent, c’est l’idéologie qui empêche la France d’être une démocratie équilibrée et réaliste qui ait le courage de voir et d’affronter les problèmes qui l’assaillent.

Christian Vanneste

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