La voix de l’Etat: de gré ou de force

Le Conseil fédéral veut imposer le financement de son monopole sur les médias à l’ensemble de la population.

Forcé de payer pour les brushing de Top Model où la rhétorique lénifiante d'Infrarouge, alors qu'il y a belle lurette que vous aviez expurgé Radio et Télévision d'Etat de votre vie pour apprendre à penser librement ? Le Conseil fédéral l'a fait, ou du moins essaie de le faire.

De même que les impôts servent à publier la brochure d' "explication" du Conseil fédéral, qui sert toujours à propager, avec son argent, un avis contraire à une bonne partie de la population, cette même population sera désormais contrainte de porter une fois de plus la main à la poche pour financer les inepties déversées en boucle par les pas moins de... 26 chaînes de radio et TV d'Etat, pour la bagatelle de 1,2 milliard de francs; une paille.

 

Chronique d'une mort annoncée

A l'origine de toute cela, l'inévitable extinction du média de papa en première ligne de la diffusion d'informations et la transfusion de son cadavre encore chaud dans le monde merveilleux de l'internet. Il s'agirait de ne pas perdre la main sur le contrôle des masses.

Partant, la possession d'un récepteur de radio/TV n'est plus relevante pour justifier de la taxation. Ainsi:

"Tous les ménages et entreprises devraient payer la nouvelle redevance."

Le Conseil fédéral tente de justifier ce petit coup d'état par l'exemption des prestataires AVS/AI ainsi que des petites sociétés. Les ménages paieront pour tout le monde.

"La proposition du Conseil fédéral, qui répond à la demande du Parlement, ne prévoit pas de possibilité pour les ménages qui ne disposent d'aucun appareil radio/TV de se faire exonérer de la redevance."

Les communes auront à charge de dénoncer leurs habitants à un organisme privé:

"Les données relatives aux ménages lui seront communiquées par les registres des habitants des cantons et des communes."

La raison de tout cela restant, dans le fond, la capacité d'accès à du matériel audiovisuel d'Etat par l'intermédiaire d'ordinateurs, de smartphones ou encore de tablettes. Or, personne n'a jamais demandé à la SSR de diffuser son contenu sur internet.

 

Violation

Outre que la nouvelle forme, obligatoire et inévitable, de la redevance représente ni plus ni moins qu'un impôt déguisé sur l'internet, et que l'obligation faite aux communes de délivrer des données sur leurs habitants à une entreprise privée pose un problème sensible quant à la protection des données, cette nouvelle directive du Conseil fédéral viole le droit individuel à la liberté de conscience.

Car il y a, dans ce pays, des consciences à ce point fatiguées de l'horizon mental effondré de la communication d'Etat qu'elles ont pris le parti désormais de se passer de ses avis. Le droit de refuser l'information est un droit au même titre que le droit à l'information. A plus forte raison, dans le contexte actuel, le droit à une réelle information est de plus en plus souvent lié au fait d'éteindre sa télé et de jeter sa vieille radio par la fenêtre.

L'article 16 de la Constitution dit ceci:

" 1 La liberté d'opinion et la liberté d'information sont garanties.

2 Toute personne a le droit de former, d'exprimer et de répandre librement son opinion.

3 Toute personne a le droit de recevoir librement des informations, de se les procurer aux sources généralement accessibles et de les diffuser."

Or la liberté d'information induit de fait la liberté de choisir ses canaux d'information, voire même de renoncer à être informé, et le droit de recevoir des informations, celui de ne pas en recevoir.

Ce droit de ne pas participer à la conception de l'information de l'Etat et d'en refuser le financement en en refusant la consommation est aussi un acte de conscience politique digne d'être protégé.

Si l'article 15 dit que:

"1 La liberté de conscience et de croyance est garantie.

2 Toute personne a le droit de choisir librement sa religion ainsi que de se forger ses convictions philosophiques et de les professer individuellement ou en communauté.

3 Toute personne a le droit d'adhérer à une communauté religieuse ou d'y appartenir et de suivre un enseignement religieux.

4 Nul ne peut être contraint d'adhérer à une communauté religieuse ou d'y appartenir, d'accomplir un acte religieux ou de suivre un enseignement religieux."

Chacun doit, par extension, être habilité à choisir librement son média pour ainsi se forger ses propres convictions et ne doit en aucun cas être contraint d'adhérer à une communauté médiatique ou d'y appartenir, d'accomplir un acte de consommation de média ou de suivre un enseignement médiatique. En clair, personne ne devrait être contraint d'adhérer financièrement à la vaste entreprise de prêchi-prêcha de l'Etat.

Par cette simple modification, le Conseil fédéral franchit allègrement la ligne rouge de la démocratie en intégrant de force la totalité de ses concitoyens dans le cercle de ses consommateurs, sans le moindre souci pour leur liberté de conscience et sans la moindre considération pour le dommage causé à l'initiative médiatique privée. Cette taxe inégalitaire au regard du revenu privera nombre d'individus de la liberté de privilégier économiquement d'autres sources d'information.

Que l'Etat dispose de la liberté d'exploiter des entreprises médiatiques, soit, mais qu'il impose la consommation de ses prestations et étouffe ainsi la concurrence privée, c'est trop. D'autres pays autrement moins démocratiques ne s'y sont pas risqués, il n'y a pas de raison que la Suisse s'y mette. D'autres solutions, moins radicales et contraignantes, comme, par exemple, de fournir un code d'accès sur internet au matériel d'Etat à tout tributaire de la redevance, existent qui épargnent avantageusement les libertés individuelles.

La liberté de conscience est trop précieuse pour être livrée de fait aux politiques. Aujourd'hui comme hier, la Pravda de force, c'est nyet !

 

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