Roger de Weck dresse l’éloge de Cohn-Bendit

Il est de ces jours où le soutien de ses amis est plus cruel que les accusations de ses ennemis, il est de ces matins où les voiles se déchirent sur les complicités entre politiques de gauche de pire facture et médias de nos Etats. Chronique d’une incarcération culturelle, la nôtre.

De droite, il serait mort et enterré depuis longtemps, mais Daniel Cohn-Bendit est de gauche, ce qui explique et suffit largement à justifier les crimes les plus sombres de l'âme la plus ténébreuse. L'univers hurle son horreur, la tour du pouvoir n'entend pas. Bienvenus dans un monde où tout ce qui est vrai et peut porter à conséquence est décidé préalablement; voilà le vrai visage de ceux que nous avons laissés nous emporter.

 

Récompense

L'on a appris que Dany le Rouge savait slalomer entre les cérémonies de remises de récompenses où il risquait de se faire lyncher en place de grève et celles où il savait ne rien devoir craindre. C'est donc sans le moindre problème qu'il a pu se rendre à la fondation Theodor Heuss pour aller chercher son prix.

Sans problème, pas tout à fait, puisque une centaine de manifestants l'y attendaient et que le président de la Cour constitutionnelle fédérale, Andreas Voßkuhle, avait annulé l'hommage prévu en guise de protestation contre le récipiendaire. Andreas Voßkuhle, qui a jugé que Daniel Cohn-Bendit s'était exprimé dans son ouvrage, Le Grand Bazar, "d'une façon qui n'est pas sans poser problème sur la sexualité entre adultes et enfants", et qui ne voulait surtout pas paraître "approuver de telles déclarations", suivi en cela par la ministre de la justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger.

 

Un ami dans la nuit

Grâce à Dieu, dans cette vallée de larmes, l'auteur du Grand Bazar, écrit en 1975, et où l'on peut lire, entre autres, ce genre de choses:

"Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais: «Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas les autres gosses?». Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même",

a trouvé un soutien in extremis et inattendu en la personne de... Roger de Weck.

Le directeur général de la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) servira au député européen des Verts allemands un éloge (vidéo) sans (commune) mesure.

L'entrée en matière est d'une lourdeur confondante:

"S'il était né quelques années plus tôt, personne n'aurait connu le nom de Daniel Cohn-Bendit. Des noms familiers. Avec un peu de probabilité, il aurait été l'une des millions de victimes sans nom de la dictature d'extermination allemande."

A quoi l'on est tenté de répondre, que, s'il était né quelques années plus tard, il aurait probablement été abusé dans une crèche autogérée par un pédophile du même nom.

Un panégyrique sans nuance, une louange grotesque, qui insiste essentiellement sur la capacité du jeune Daniel à avoir échappé à la Shoah (il est né en France en avril 1945) et permet de s'interroger sincèrement sur le monde dans lequel peut bien vivre le directeur de la SSR. Le grand maître de la communication enquillera toute une succession de lieux communs sans s'essouffler mais pour s'effondrer pesantement sur cette conclusion:

"Le prix Theodor Heuss rend hommage à un grand démocrate, un citoyen et un homme. Il est un homme, ce qui est dans la tradition juive, et, je l'espère, non seulement dans la tradition juive, le plus grand compliment qu'un homme puisse faire."

Mais quelle mouche a donc bien pu le piquer ?

 

Réactions

Acculé par 20min.ch, il se disculpe, prétendant trouver quelques critiques à l'endroit du principal intéressé dans son discours, et d'en fournir le manuscrit au quotidien en guise de preuve.

Christine Bussat, de l'organisation Marche Blanche, tacle sévèrement le directeur de la SSR:

"Un homme qui ne montre aucun respect pour l'intégrité sexuelle des enfants, n'est pas un modèle pour son prochain."

A droite, l'on s'amuse:

"Je n'aurais jamais pu tenir un éloge de Cohn-Bendit. Et certainement pas en tant que directeur de la télévision suisse."

déclare Christophe Darbellay, président du PDC.

Et l'on trouve forcément un député Vert, Balthasar Glättli, pour défendre son coreligionnaire:

"La limite de la diffamation, de la part de ceux qui critiquent de Weck, est dépassée si l'on accuse Cohn-Bendit d'actes qu'il n'a pas commis."

Ce qui n'est, en somme, que reprendre la faible défense de Daniel Cohn-Bendit lui-même (vidéo dès 00:50) tendant à différencier ce qu'il a écrit et ce qu'il prétend n'avoir pas fait. Or, cette distinction ne s'entend pas du tout à la lecture du Grand Bazar. Mais l'on se souvient encore, qu'il y a peu, les Verts qualifiaient de "productifs" les rapports sexuels entre adultes et enfants. Tout est donc, tellement, relatif.

 

Innocent mais pas coupable

Roger de Weck, honteux et confus, jurant, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus, assure avoir critiqué le destinataire du prix en mentionnant la polémique. La "critique" ressemble plutôt à une justification de piètre facture, jugez-vous même:

"Grâce à Churchill, nous savons que la démocratie est la pire forme de gouvernement à l'exception de tous les autres. Et, par bonne démocratie, l'on doit comprendre aussi la tenue de débats de qualité très variable. C'est précisément cette circonstance que vient illustrer la légitime discussion démocratique sur le prix et son lauréat. Cependant, après tous les actes criminels dans l'Eglise, l'Odenwald et sur Internet, le fond du débat est trop grave et trop décourageant pour convenir aux coulisses de luttes de pouvoir politiciennes."

Critique détonante en effet. Daniel Cohn-Bendit en tremble encore, qui l'a mise sur son blog, sans doute pour ne pas en oublier la terrible leçon. Prétendre adresser une critique quand on fait feu de tout bois, et surtout de la multiplication des cas, pour justifier l'injustifiable, est fondamentalement révélateur de la mentalité qui domine les médias d'Etat dans notre pays. Daniel Cohn-Bendit n'est pas coupable parce que d'autres font ou ont fait ce qu'il a écrit avoir fait, c'est la démocratie qui est coupable parce que, malheureusement, elle est encore trop libre de parler...

Et c'est le même homme qui écrit:

"L'Europe a besoin de personnes qui pensent en dehors des systèmes de pensée, au lieu de tourner en rond dans une mentalité bornée à caractère nationaliste, prisonniers de leur propre mentalité".

La Suisse aussi.

 

Source

5 commentaires

  1. Posté par Ueli Davel le

    Notre télévison d’état SF1 a engagé Cohn-Bandit pour modérer son émission Sternstunde philosophie! Donc nous payons (billag)gracement un europédophile. Il est vrai qu’il n’y a que 50% de chance qu’ils ne le soit pas selon SF1. Il a donc le bénefice du doute qu’il soit ou qu’il l’a été. La télévision a décidé de nous l’imposer.

  2. Posté par Alain Favre le

    Cette connivence soulève de délicates questions et des soupçons peu recommandables.
    étrange…

  3. Posté par Marie-France Oberson le

    Une question , non deux:
    1)Quel est le critère sur lequel s’est appuyée la Fondation Théodor Heuss pour récompenser Cohn-Bendit ?
    2)Qu’est donc allé faire de Weck à cette cérémonie ? Cette Fondation est spécifiquement allemande que je sache ?. Quel lien avec la Suisse et de Weck ?
    Si quelqu’un peut éclairer ma lanterne…

  4. Posté par Jean-Baptiste Aegerter le

    Ils sont tous cul et chemise, et aucun des deux n’est propre, En lisant ça on n’est plus étonné que Cohn-Bendit soit invité tous les 6 mois sur la RTS. Pouah !

  5. Posté par Derek Doppler le

    Ha ha, sacré Roger, toujours tel qu’en lui-même. Mais qu’attendre d’autre de ce personnage qui en plus se trouve être un euroturbo obsessionnel. Mais bon, c’est une habitude, avec lui, les éloges indéfendables, c’est à la truelle.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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