L’étrange combat du conseiller Sommaruga

Ces neuf dernières années, le conseiller national socialiste genevois Carlo Sommaruga s’est employé a lutter contre les initiatives de la Marche avec une constance et une persévérance qui suscitent l’étonnement.

Au commencement était l'initiative populaire de la Marche blanche « pour l'imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine », lancée en 2004, validée en 2006, acceptée en votation populaire à 52% des voix en 2008, appliquée au code pénal en... 2012; les victimes peuvent bien attendre.

En 2008, au Parlement, Carlo Sommaruga, déjà membre de la Commission des affaires juridiques du Conseil national, recommandait le rejet de l'initiative en raison de « défauts rédhibitoires ». A savoir que l'imprescriptibilité en pareille matière était « disproportionnée », la chose étant réservée au génocide, que le fait que la prescription courût « au moins jusqu'au jour où la victime a 25 ans » était largement suffisant et, surtout, que ladite imprescriptibilité ne permettait pas... « le pardon de la société »; étant acquis, pour le socialiste, que la société pardonne non pas quand le fauteur a payé mais quand il a su se montrer discret. C'est sur une telle argumentation que Carlo Sommaruga comptait se faire l'architecte d'un contre-projet interdisant tout pour la victime et n'empêchant rien pour son bourreau. Il parvint à faire rejeter l'initiative à une forte majorité, qui en dit assez long d'ailleurs sur le fossé qui peut parfois séparer les votants de leurs représentants.

Une "distinction"

Parallèlement à l'initiative populaire, lors du traitement en commission d'une initiative parlementaire UDC réclamant la non-radiation du casier judiciaire des condamnations pour pédophilie, le même Carlo Sommaruga fit opposition exigeant qu'une distinction soit faite entre « pédophilie et pédocriminalité » (sic)... Propos qui vinrent à se retrouver dans la presse, suscitant l'effroi du public, et que la présidente de la Marche blanche, Christine Bussat, qualifia sans plus de ménagement de « ramassis de conneries ». Acculé de toutes parts, Carlo Sommaruga, pour sa défense, mit la pédophilie sur le compte de « culture catholique » (resic).

Détournement

L'initiative finalement acceptée par le peuple, commença alors pour Carlo Sommaruga une nouvelle lutte pour transformer, par voie parlementaire, le sens de l'initiative en celui du contre-projet pourtant rejeté par le peuple. Longue marche pour le socialiste, qui parvint à ne pas faire reconnaître comme "enfant" les mineurs de 14 à 16 ans, sans arriver toutefois à imposer la limite de dix ans qu'il s'était fixée. N'étant pas un parti, la Marche blanche ne disposait guère de soutiens dans ce combat. Quatre ans plus tard, l'affaire était faite, Carlo Sommaruga déclarait, triomphant, dans la presse: « On ne peut même pas nous accuser d’avoir traîné des pieds », et qualifiait encore l'initiative de « populisme pénal », flanqué de la verte libérale Isabelle Chevalley, fustigeant, quant à elle, l' « absurdité » du texte « puisque le viol d’un enfant sera imprescriptible et non son meurtre »; entendez, parce que la loi est lacunaire sur les infanticides, elle doit l'être aussi sur la pédophilie.

Eloignement des enfants

Une dernière chose tenait à coeur à la Marche blanche, empêcher la récidive. En 2004, une affaire avait fait grand bruit, le conseil communal de Bienne, à majorité socialiste, avait réengagé un professeur condamné préalablement pour pédophilie. L'initiative populaire « pour que les pédophiles ne travaillent plus avec des enfants » fut lancée en 2009. Elle est actuellement en suspens par qu'un certain député socialiste la juge trop extrême et veut lui opposer un contre-projet. Un député, Carlo Sommaruga, qui dit à qui veut l'entendre que l'initiative a un « défaut », à savoir « qu'elle ne distingue ni les mineurs ni les majeurs comme responsables de ces actes », tant il est couru que des mineurs sont bien entendu légion à être appelés à travailler avec des enfants. Une déclaration en tout point semblable à celles qu'il a faites au Parlement en 2008 Enfin, le dernier volet du contre-projet, c'est de maintenir un traitement différencié - ce qui n'est pas le cas de l'initiative - des auteurs adultes et des auteurs mineurs, le régime en vigueur contre les délinquants mineurs étant suffisant. ») et en 2012 (« la question qui se pose ici, c'est de savoir ce qu'on fait avec des criminels mineurs au sens pénal. La proposition de la minorité Rickli Natalie vise à traiter de manière identique les délinquants mineurs et majeurs»).

En clair, une obstruction générale sur tout ce qui a trait à la défense des victimes de pédophilie, faisant flèche de tout bois, même, et surtout, en jouant sur des considérations fallacieuses tirées de généralités du droit.

La question subsiste alors de la raison de cette résistance de près de dix ans à une oeuvre de salut public, la protection de l'enfance, et du but que peut valoir la dépense d'une telle énergie qui revient, somme toute, à vouloir arracher à tout prix à la faveur du pédophile cette seconde chance que l'on refuse à l'enfant.

3 commentaires

  1. Posté par dominique degoumois le

    Il a pourtant des enfants en bas âge, il devrait donc se soucier de ce type de problème! Sans doute son attachement à des causes socialistes perdues et dépassées!

  2. Posté par Certegny le

    Merci de rendre public de telles attitudes en rappelant les agissements d’un petit homme tel que Carlo Sommaruga et de la verte Isabelle Chevalley. Il est clair que ces personnes soutiennent les bourreaux et n’ont aucun cœur pour les victimes. Ce sont des paroles avérées de leur part . Merci.

  3. Posté par mathys le

    Ne sommes nous pas en droit de nous demander ce que peut bien perdre sommaruga dans tout ça?
    [censuré]

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