Prête-moi ton ventre !

Suzette Sandoz
Suzette Sandoz
Prof. honoraire UNIL

A notre époque, on se gargarise volontiers des droits de l’homme, de solidarité, d’amour et d’autres mots magnifiques mais hélas peu à peu dévoyés et on n’est pas capable de voir que tous ces trafics de futurs êtres humains relèvent des crimes contre l’humanité. Et c’est en général la gauche qui pousse à ces crimes au nom du progrès par l’égalité. Bel avenir en perspective!

Le débat passionné des parlementaires français au sujet de la supercherie du «mariage pour tous » confère de l’importance à la procréation médicalement assistée (PMA) dont on sait qu’elle sera la suite garantie du mariage homosexuel. La Suisse sera immanquablement aussi concernée puisque nous avons une loi sur ladite procréation, en vigueur depuis 2001, loi qui est relativement respectueuse de l’enfant donc restrictive quant aux manipulations tolérées.

 Il nous paraît nécessaire d’essayer de définir très clairement ce que l’on met sous le chapeau PMA, de préciser ce qui est admis ou non en droit suisse actuel et ce qui est totalement inadmissible.

La PMA concerne l’engendrement d’un enfant selon les modes suivants :

1)      Un couple marié, ou éventuellement de concubins, requiert une aide médicale afin d’arriver, par ses propres ovules et spermatozoïdes, à assurer une grossesse de Madame. Si l’on peut éventuellement regretter que l’union libre, toujours difficile à prouver, soit suffisante pour obtenir le droit à la PMA dans ce cas, en revanche, on doit admettre que cette intervention médicale permettra à un enfant de naître du couple dont il provient. Il faut souhaiter, si le couple vit en union libre, que le père reconnaisse immédiatement l’enfant. Les mœurs actuelles n’en demandent pas plus et le droit suisse admet cette forme de PMA qui respecte l’identité de l’enfant et son droit à une double filiation juridique connue identique à sa filiation génétique.

2)      Un couple marié n’arrive pas à avoir d’enfant parce que Monsieur est stérile. Ce couple peut demander une PMA avec le sperme d’un donneur. Madame sera donc enceinte du fait du sperme d’un tiers (avec l’accord de son mari). L’enfant qui naîtra de cette PMA sera juridiquement l’enfant du couple marié, mais il aura des parents juridiques dont l’un, son père, n’est pas son père génétique.  Il faudra évidemment l’en informer une fois ou l’autre.

Cette situation est admise en droit suisse, dans l’idée qu’elle n’est pas une « innovation ».  De telles situations ont existé de tout temps, de manière naturelle, soit que l’enfant soit adultérin, soit que le mari ait d’emblée, connaissant sa stérilité, accepté l’idée d’une relation de son épouse avec un tiers aux fins de procréation.

Dans l’hypothèse de PMA ci-dessus, le droit suisse exige que l’on conserve l’identité du donneur qui pourra être indiquée à l’enfant, à sa demande, quand il sera adulte.

Personnellement, nous considérons que le législateur n’aurait pas dû accepter de créer des situations qui sont certes possibles dans la nature, mais rarement à l’origine d’une absence de trouble de l’enfant quand il la découvre. Toutefois, la loi existe, dont acte. Souhaitons qu’on y recoure le moins possible.

3)      Une femme seule (veuve, divorcée ou célibataire) veut avoir un enfant sans père et demande à se faire inséminer. L’enfant qu’elle mettra au monde grâce à l’aide préalable d’un médecin, aura une mère juridique identique à sa mère génétique, mais pas de père. Une telle situation existe dans la nature, les grossesses - par relations « naturelles » ! - n’arrivant pas qu’à des femmes mariées !.... Mais la situation ci-dessus issue d’une PMA équivaut à refuser à l’enfant le droit d’avoir un père (juridique et génétique). C’est  interdit en droit suisse, ce dont on ne peut que se réjouir. Mais ces interventions sont pratiquées dans d’autres pays, d’Europe ou d’ailleurs, qui, comble de manque de respect pour l’enfant, ne prévoient même pas, le plus souvent, de lui permettre, en temps voulu, de savoir qui est l’homme à l’origine du sperme ! Comble de comble, certaines lesbiennes recourent à ce moyen pour avoir un enfant qu’elles souhaitent ensuite faire reconnaître comme un « enfant commun » avec leur partenaire de même sexe !

4)      Une femme stérile, mariée, souhaite qu’une autre femme – si possible anonyme – lui donne un ovule qui pourra être fécondé par le sperme de son mari ou d’un mâle quelconque, et qu’on lui implante à elle, femme mariée, l’ovule imprégné ou l’embryon (le stade d’évolution n’est qu’une question technique). Elle donnera ainsi naissance à un enfant dont elle est la mère juridique, la mère porteuse, mais pas la mère génétique. Si  l’ovule étranger a été fécondé par le sperme du mari, l’enfant a au moins un père juridique identique à son père génétique, mais si le sperme provient d’un donneur quelconque, l’enfant aura alors juste une mère juridique et porteuse et un père juridique, mais ne connaîtra ni sa mère génétique ni son père génétique, surtout si le pays qui autorise cette forme de « bricolage d’enfant » admet l’anonymat du ou des donneurs. Le droit suisse ne permet pas le don d’ovule et on s’en réjouit, mais d’autres pays le connaissent, marquant un très grand mépris de l’identité de l’enfant.

5)      On peut concevoir la situation ci-dessus avec une femme non mariée recourant à un don d’ovule et au sperme d’un tiers pour se faire implanter un ovule imprégné ou un embryon. L’enfant aura donc une mère juridique et porteuse, mais ne connaîtra pas sa mère génétique et n’aura aucun père. Là encore, c’est le rêve pour une lesbienne ! Et tant pis pour l’enfant.

6)      Une femme peut accepter d’être enceinte et de porter un enfant « pour le compte » d’un couple ou d’une autre femme et s’engager à le leur « donner » (lire aussi « vendre ») pour qu’ils le fassent passer pour leur enfant, en faisant de fausse déclarations, éventuellement pour qu’ils l’adoptent. Cette femme est une mère porteuse. L’enfant qu’elle porte pour autrui peut être le fruit de la fécondation d’un ovule de la mère « acheteuse » et du mari de celle-ci. Dans ce cas, on aura implanté l’ovule imprégné ou l’embryon dans la tierce personne. Après « remise de l’enfant », au couple loueur de ventre, l’enfant aura une mère et un père juridiques qui sont aussi ses parents génétiques. Une analyse ADN le confirmera et l’enfant ne se doutera peut-être jamais de rien, mais personne ne sait quelle est ou peut-être l’influence de la grossesse par une mère porteuse, d’une manière générale. Par respect de l’enfant qui ne peut pas servir de cobaye pour les recherches concernant cette influence, le droit suisse interdit toute mère porteuse et c’est tant mieux.

7)      Mais la mère porteuse peut aussi avoir mis ses propres ovules à la disposition du sperme de n’importe quel mâle (PMA ou fécondation naturelle !) et l’enfant qui serait « acheté » par un couple marié aura donc deux parents juridiques différents de ses parents génétiques et, en outre, n’aura pas été porté par sa mère juridique.

Et puis, comble de comble, on pourrait concevoir qu’une lesbienne fasse porter un enfant par une mère porteuse puis « l’achète » après coup, pour l’avoir comme « enfant commun » avec sa compagne.

8)      On peut encore varier les hypothèses : une mère porteuse porte un enfant provenant du sperme d’un donneur connu ou inconnu et le donneur - ou un autre homme si le donneur est inconnu - entend bien « acquérir » l’enfant comme le sien puis le faire considérer comme son « enfant commun » avec son gay compagnon.

Bref, dès que l’on admet la mère porteuse, le don d’ovules et la fécondation par le sperme d’un donneur, on joue avec un enfant comme avec un produit en éprouvette qui permet toutes sortes d’essais scientifiques. Quant aux mères porteuses, elles sont des esclaves dans certains pays pour lesquels la traite des êtres humains n’est qu’une forme d’activité professionnelle lucrative. On ne peut que se réjouir que le droit suisse interdise les mères porteuses, les dons d’ovules et la PMA par le sperme d’un donneur pour une femme seule.

A notre époque, on se gargarise volontiers des droits de l’homme, de solidarité, d’amour et d’autres mots magnifiques mais hélas peu à peu dévoyés et on n’est pas capable de voir que tous ces trafics de futurs êtres humains relèvent des crimes contre l’humanité. Et c’est en général la gauche qui pousse à ces crimes au nom du progrès par l’égalité. Bel avenir en perspective!

 

3 commentaires

  1. Posté par Marie-France Oberson le

    Monsieur Sancenay écrit :
    « Ne constate-t-on pas en effet que sur les bancs de l’Assemblée nationale, s’il y a beaucoup d’appelés, ne serait-ce que par leurs électeurs, il y a très peu d’élus ! »
    Effectivement, pour qui a suivi ces débats le samedi 2 février jour du vote du 1er article , le plus important qui accepte le principe même du mariage pour tous, combien de sièges vide s? Spécialement à droite ? 97 voix contre cet article, alors qu’il y a 229 députés de droite (UMP, UDI) Oui, les Français se sentent trahis…

  2. Posté par Sancenay le

    Chers amis Suisses,

    Merci de vous intéresser solidairement à la présente tragédie française qui concerne cependant, dans son principe, l’humanité toute entière.
    Hélas, contrairement à ce que vous pensez, ce débat n’est pas réellement « passionné » pour beaucoup.
    Ne constate-t-on pas en effet que sur les bancs de l’Assemblée nationale, s’il y a beaucoup d’appelés, ne serait-ce que par leurs électeurs, il y a très peu d’élus !
    Il y en a d’autant moins que la plupart d’entre eux, de «droite» comme de «gauche», si tant est que la distinction signifie encore quelque chose, sont d’accord sur le fond
    L’écrasante majorité d’entre eux ne s’oppose en rien au principe établi de transgression permanente de la Loi naturelle, qui vise à «effacer» toute trace de notre civilisation chrétienne de nos institutions et de notre vie sociale, ce, conformément d’ailleurs aux «normes» et autres recommandations européennes que l’on cherche également à imposer à votre beau pays encore libre.
    Ils sont d’accords, la main sur le cœur, sur le «mariage» gay alors qu’ils se contrefoutent du mariage authentique, comme ils se moquent éperdument de l’explosion de la famille naturelle et du viol mêmes des consciences enfantines instauré par Monsieur Chatel en tant que Ministre (Ump)) de l’éducation nationale, et relayé à présent par Monsieur Peillon , son successeur socialiste, ainsi que par Madame Vallaut-Belkacem qui a initié dernièrement dans l’école de la république,une honteuse propagande sur le «gender».
    Ces joyeuses hordes de «camarades nantis» de la «France d’en haut» ont ainsi cautionné
    au fil de leurs miraculeuses «avancées» , tout ce qui a conduit au délabrement de la société française:divorce facilité, contraception,et avortement subventionnés, destruction et recherche sur l’embryon, diagnostic pré implantatoire,euthanasie prétendument passive , bientôt remplacée par la «sédation terminale» et/ ou, (au choix) le «suicide assisté» , derniers gadgets sémantiques de Monsieur Léonetti.
    Avec cela, faut-il s’étonner que la pyramide des âges soit si tragiquement inversée, rendue ainsi, si peu propice au «redressement», objet rituel de tant de cyniques, autant que vaines, incantations.
    Il y a certes à l’inverse de tous ces champions de «l’avancée» à reculons vers la barbarie quelques maigres poignées de courageux députés qui se battent pour certains de manière exemplaire, tels Monsieur Mariton, Monsieur Dhuicq, Monsieur Le Fur, Monsieur Breton, Monsieur Gosselin, Monsieur Poisson, Monsieur Chevrollier, les députés du Bas-Rhin , très présents aussi…
    Grâce à eux l’histoire retiendra que la France est de plus en plus entrain de se distinguer comme le pays du viol des consciences et de la transgression permanente exercée par quelques vrais faux illuminés actionnés par d’authentiques marchands de chair humaine positionnés en embuscade pour ouvrir davantage le lucratif marché.
    Car en définitive, «être open», en français «moderne» c’est sensiblement de cela dont il s’agit !
    Sorti de ces alléchantes perspectives, vous n’êtes, au nom de la tolérance, mère de toutes les pensées autorisées à s’exprimer, qu’un misérable «obscurantiste» aux termes de la sentence prononcée au Sénat –«l’Assemblée des sages», faut –il, le rappeler, par un tel «sage» parmi les siens Monsieur Léonetti., père «spirituel», selon la religion du progrès contre l’humanité, de l’euthanasie pour tous.
    Dès lors, chers amis Suisses, faites savoir que le peuple de France, perd patience, lui qui, pendant que ces apprentis sorciers manipulent opinions et lois, souffre durement du chômage, de la violence, de l’éclatement des familles, de la solitude,pour les anciens, et même aujourd’hui de l’impossibilité,parfois,simplement de mettre au monde son enfant pour une jeune Mère fragile ou seulement isolée ,eh oui ! Voilà où est tombé le pays de Saint-Louis, de Saint-Bernard, de Saint-Vincent Paul, celui des hospices de Beaune et de la Charité,et de tant d’hommes et de femmes de bonne volonté dévoués au Bien commun.

    Aujourd’hui, ce peuple attend sans beaucoup de patience désormais que ces élus de bonne volonté,il en reste, malgré tout, tant à gauche qu’à droite, rompent les chaînes mutilantes de leurs partis ,aussi inutiles qu’obsolètes, et s’unissent pour faire barrages à ces mortels projets, à cette barbarie mercantile qui déferle sur notre vieux pays gravement blessé.

    La France nous dit-on vient de libérer courageusement le Mali du terrorisme. Soit, puisqu’il en était manifestement besoin,et honneur à no soldats.

    Mais ne serait-il pas urgent aujourd’hui de songer également à la libération authentique et définitive de notre propre Patrie, de la présente forme de terrorisme,non moins grave,avant qu’il ne soit définitivement trop tard?
    bien à vous,
    Sancenay

  3. Posté par Marie-France Oberson le

    Merci Madame Sandoz pour cet article qui réunit intelligence et bon sens, comme vous avez su le faire tout au long de votre carrière.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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